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La Une Livres

Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 05 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Sabine Wespieser

Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel, août 2022, 200 pages, 20 € Edition: Sabine Wespieser

 

Les romans qui décrivent des relations familiales marquées par la violence, la terreur, la haine, sont passablement nombreux dans la littérature aussi bien classique que contemporaine. Ceux qui rappellent l’importance de l’attachement à ses racines, à sa terre sont loin d’être rares. Celui de Sarah Jollien-Fardel est à la confluence de ces deux genres. Jeanne est la narratrice, elle relate dès le départ la violence endémique de son père, un homme rustre, sans éducation, pervers et marqué par un sadisme dévastateur. Sa sœur partage avec elle ces moments fréquents de peur, d’appréhension durant lesquels elle se demande quel geste il va commettre, tellement il est imbibé par l’alcool : « Moi, je voulais entendre. Déceler un bruit qui indiquerait que cette fois, c’était plus grave. Écouter les mots, chaque mot : sale pute, traînée, je t’ai sorti de la merde, t’as vu comme t’es moche, pauvre conne, je vais te tuer. Derrière les mots, la haine, la misère, la honte ».

La Clef rouge, et autres contes cruels et de mort, Maurice Leblanc (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Vendredi, 02 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes

La Clef rouge, et autres contes cruels et de mort, Maurice Leblanc, éditions Le Visage Vert, septembre 2021, 178 pages, 15 € . Ecrivain(s): Maurice Leblanc

 

Jean-Luc Buard, préfacier de cet ouvrage, nous dit que Maurice Leblanc aura écrit en tout 395 contes et nouvelles « non-lupiniens ». Trente-cinq d’entre eux ont été réunis ici, tous ont eu une première parution dans la presse, entre 1890 et 1911, avant que certains ne soient recueillis en volume – à ce titre, il faut saluer le travail opéré sur la bibliographie qui figure à la fin du livre.

Ces contes dits « cruels et de mort » nous montrent avec quelle atrocité, et même avec quelle perversité, le destin se joue des espérances et des croyances des individus que nous sommes. La vengeance prend ainsi un tour dramatiquement salé dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, ou dans L’Unique Maîtresse. Tous les espoirs d’une jeunesse tendus vers son avenir conjugal s’abattent brutalement lorsqu’on a la malchance de se trouver mêlé à une mésaventure : ainsi en est-il du Serment (« …elle pensait que la vie est une chose adorable et qu’il n’y a rien au monde de plus doux que l’amour », p.110) ou du Sauvetage, dont l’ironie finale rend le drame encore plus acéré.

Sur Molière suivi de Clowns, André Suarès (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Sur Molière suivi de Clowns, André Suarès, Éditions Des Instants, juin 2022, préface Stéphane Barsacq, 160 pages, 17 €

 

« Dans un monde possédé par les passions les plus tristes, Molière et son interprète Suarès viennent nous redire dans la langue la plus déliée qui soit de préférer la salubrité du rire à l’hypocrisie des pleurs… » (Stéphane Barsacq).

« Seuls les esprits libres sont sûrs de vivre : seuls ils en sont dignes. N’étant pas liés à un temps, ils sont de tous les temps, comme la liberté qui est la vie même de l’esprit. Molière est le plus libre des hommes, à la Stendhal, à la Montaigne » (Grandeur de Molière, Remarques, VII, 1918).

On ne saurait rêver meilleur hommage, meilleures admirations, que l’on puisse adresser à Molière. On ne saurait rêver meilleur styliste qu’André Suarès, pour ces portraits et remarques. Un écrivain (essayiste, critique et poète), adepte d’une langue la plus déliée qui soit, d’une admirable vision de l’éternel théâtre de Molière, de ses personnages, devenus immortels, de ses manières d’être et de vivre.

Des ailes dans la nuit, Jane Yolen, John Schoenherr (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 01 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Jeunesse

Des ailes dans la nuit, Jane Yolen, John Schoenherr, éditions D’Eux, janvier 2021, trad. anglais (USA), Christiane Duchesne, 36 pages, 13 €

 

Ode au Grand-duc

John Schoenherr, auteur de ce superbe album, Des ailes dans la nuit, est né en 1935 à New York, et décédé en 2010. Il a reçu la médaille Caldecott en 1988 et a été intronisé comme illustrateur en 2015 dans la Science Fiction and Fantasy Hall of Fame du Museum of Pop Culture. Jane Yolen, née en 1939, également à New York, surnommée Andersen des États-Unis, a publié plus de 200 romans, et rédigé le texte de cette réédition de la maison canadienne D’Eux. Le thème nocturne est central dans cet ouvrage jeunesse d’une grande teneur esthétique, picturale et littéraire. Les première et deuxième de couverture annoncent une aventure crépusculaire, hivernale, comme l’indiquent les branches dépouillées de leurs feuilles. Ce livre-jeunesse est très maniable, élégant, conçu au format de 20x27,5 centimètres.

De Grandes Espérances, Charles Dickens (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Tristram, Cette semaine

De Grandes Espérances, août 2022, trad. anglais, Jean-Jacques Greif, 626 pages, 29,40 € . Ecrivain(s): Charles Dickens Edition: Tristram

 

Prélude en forme de mea culpa : sur foi de quelques lignes lues à la dérobée dans une bibliothèque, la traduction de L’Île au trésor par Jean-Jacques Greif a été expédiée de façon lapidaire dans une chronique relative à la nouvelle traduction de 1984. Quelques lignes de dialogue ont suffi à faire émettre un avis relatif à la lisibilité de cette traduction pour des adolescents d’aujourd’hui, du moins ceux à qui est encore proposé ce classique à l’école. Mais depuis, cette traduction a été lue, in extenso et surtout avec joie, et elle a emporté tous les suffrages. D’une part, Greif a rendu la musique de Stevenson, en particulier pour une phrase d’ouverture dont les multiples traductions lues ont toujours laissé sur une faim de rythme ; d’autre part, ce qui avait choqué est en fait bonne part de la grâce de cette traduction : Greif a effectué un véritable travail sur la langue française pour rendre celles des différents personnages, en particulier celles des pirates et autres flibustiers.