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Lunar Caustic, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Editions Maurice Nadeau

Lunar Caustic, Malcolm Lowry, Editions Maurice Nadeau, trad. de l'anglais Clarisse Francillon,Poche, mai 2022, 222 pages, 9,90 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

 

Cette réédition du texte de Lowry (longue nouvelle ou court roman ?) par la maison Maurice Nadeau, dans sa nouvelle Collection Poche, réunit, initiative fort appréciable, non seulement l’ultime version, la plus achevée, celle de 1963, intitulée Lunar Caustic, parue à titre posthume dans la Collection Les Lettres Nouvelles, mais aussi celle de 1956, ayant pour titre Le Caustique Lunaire, mais encore, en préface, ce qu’en écrivait Maurice Nadeau en 1977 dans Les Lettres Nouvelles, mais en outre, en postface, « Malcolm mon ami », un texte témoignage de Clarisse Francillon, laquelle, traductrice de chacune des versions françaises, a accueilli l’écrivain lors des séjours qu’il a effectués à Paris, a travaillé avec lui sur la traduction, et a été l’intime témoin de sa dépendance de tous les instants à l’alcool.

L’âge d’ombres, Une enfance 1939-1946, Philippe Bonzon (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits

L’âge d’ombres, Une enfance 1939-1946, Philippe Bonzon, éditions La Chambre d’échos, septembre 2022, 152 pages, 16 €

Auteur essentiellement de poésies et de proses poétiques, Philippe Bonzon a publié depuis 1985 une vingtaine d’ouvrages. Le dernier est un récit d’enfance, à la période bien circonscrite (1939-1946) de ses six ans à ses douze ans, ce qui correspond à la seconde guerre mondiale.

Issu d’une famille bourgeoise protestante, l’enfant restitue ici une féconde période d’initiation humaine et métaphysique. Il s’est posé les grandes questions de l’existence au fil de ses expériences familiales, scolaires. Entre la Suisse et Paris, l’enfance se déroule dans une famille dont le père a disparu très jeune, remplacé par un beau-père assez austère, Daddy, second mari de sa mère Jacqueline. Le livre, dont les exergues renvoient à Proust, Rilke et autres philosophes, se veut un ouvrage d’éclairage de l’enfance, sous ses bannières imaginatives et psychologiques. L’influence proustienne y est prépondérante, jusque dans l’écriture en longues phrases, qui tentent de relayer les mille et une trouvailles d’un enfant mûr avant l’âge, observateur en diable de tout ce qui peut mentalement se passer en lui, comme faits décisifs, moteurs d’une vie.

Voilà comme j’étais, Marie-Paule Farina (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mercredi, 21 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie

Voilà comme j’étais, Marie-Paule Farina, Éditions des Instants, avril 2022, 276 pages, 19 € . Ecrivain(s): Marie-Paule Farina

 

Il fallait une longue et solide amitié entre Marie-Paule Farina et Sade – assortie d’une étroite intimité (avouable s’entend) – pour qu’un tel livre vît le jour. Car s’il n’avait tenu qu’au divin marquis, nous en aurions été privés. N’a-t-il pas écrit en effet : « De la fiction, de la fiction, jamais de mémoires ni de confessions, c’est mon credo ! ».

À l’instar de Diogène, Marie-Paule Farina a donc cherché un homme dans le tonneau de ses écrits et les traces qu’on trouve de lui. Elle y réussit on ne peut mieux, et l’on se surprend à penser que ce témoignage de vie n’aurait pas été aussi authentique, oserais-je dire aussi sadien, si Marie-Paule n’avait tenu la plume à Donatien Alphonse François.

Les personnages sont campés comme au théâtre. Le tragique se mêle à la farce. Côté farce, Monsieur de Sade, imitant en cela Figaro, se presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. Philosophe quoi qu’il advienne, il prend le contrepied de la réalité (« De la fiction, de la fiction », n’oublions pas). Dieu sait pourtant quelles avanies il s’est vu infliger – avec à la manœuvre, en coulisses, Marie Madeleine Masson de Plissay, sa belle-mère. Concentrant en elle autant de haine que les trois Harpyes réunies, elle va, sa vie durant, s’acharner sur son gendre.

La Destruction libératrice, Herbert George Wells (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 21 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Le Cherche-Midi

La Destruction libératrice, Herbert George Wells, Le Cherche Midi, avril 2022, trad. anglais, Patrick Delperdange, 334 pages, 19 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Herbert George Wells a composé une œuvre immense en volume et publié des dizaines de livres – romans, essais, nouvelles – qui ont pour la plupart sombré dans l’oubli. Subsistent des ouvrages de « science-fiction » tels que La Guerre des mondes, La Machine à explorer le temps ou L’Île du docteur Moreau, dont l’intérêt est avant tout historique. Du fait de sa double allégeance, la science-fiction est un genre très délicat car, aux difficultés sur lesquelles risque d’achopper tout écrivain (composition, vraisemblance, psychologie des personnages, style, etc.) s’ajoutent les problèmes propres au développement scientifique. Même l’œuvre d’un auteur aussi éminent qu’Arthur C. Clarke a en partie été invalidée par la suite des événements (la conquête spatiale ne fut pas lancée par les Anglais depuis l’Australie). Dans le cas de Wells, l’idée d’une invasion extraterrestre venue de Mars a été pulvérisée depuis qu’on s’est avisé que la « planète rouge » n’hébergeait, dans le meilleur des cas, que des bactéries.

La Vagabonde, Colette (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Livre de Poche

La Vagabonde, Colette, Le Livre de Poche, 256 pages . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

 

Renée Néré est « la vagabonde », et dans le palindrome presque parfait qu’imposent ce prénom et ce nom, c’est bien l’idée de l’effet miroir qui est soulignée à travers le portrait de cette héroïne, le miroir que Colette se tend à elle-même en écrivant et en décrivant le parcours d’une femme libre autant que seule. On peut même se demander si l’objet du miroir n’est pas au centre de ce roman, car il revient régulièrement, comme pour rappeler à l’héroïne ce qu’elle croit dissimuler au fond de ses traits, et il est à vrai dire présent dès les premières lignes : « … je vais me trouver seule avec moi-même, en face de cette conseillère maquillée qui me regarde, de l’autre côté de la glace, avec de profonds yeux aux paupières frottées d’une pâte grasse et violâtre. (…) Elle me regarde longtemps, et je sais qu’elle va parler… Elle va me dire : / « Est-ce toi qui es là ?… (…) » / Oui, c’est l’heure lucide et dangereuse… ».