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Pourquoi les poètes n’ont jamais de ticket pour le paradis, Claude Donnay (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx 02.06.22 dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Pourquoi les poètes n’ont jamais de ticket pour le paradis, L’Arbre à paroles, mai 2022, 110 pages, 14 €

Ecrivain(s): Claude Donnay

Pourquoi les poètes n’ont jamais de ticket pour le paradis, Claude Donnay (par Philippe Leuckx)

L’anaphore (poème) ordonne les titres des quarante longs poèmes que Donnay consacre à « la rouille des jours », période noire « de la guerre à exporter » ou autres « ondes noires/ qui suintent des murs ». Friand de poésie et de prose américaines, le poète anime « la route » de ces textes empreints d’actuelle vérité, le « vide des écrans » et la mélancolie sourde qui les nourrit car ces poèmes de souffle, de long cours, respirent une connaissance du monde d’aujourd’hui, tactile et bienveillante quels que soient les accrocs, les avanies. Et tout n’est pas sombre, il y a « le bonheur à gober », les villes enamourées comme Paris pour donner le change et équilibrer ce regard de poète dense :

 

« Il me reste Paris pour toiser les réverbères

et filer les faux prophètes aux dents jaunes,

un papillon de nuit épinglé au revers de ma veste

conjurer les stylets plantés dans les pupilles » (p.99)

La lucidité du trait, de l’autoportrait (acide), l’impact du temps, les rumeurs, « les transhumances » de ces mangeurs de temps et de routes : le poète conforte sa vision, durcit le ton, travaille sur la longueur et le rythme. Qu’il longe la Meuse, participe à la fête, savoure le temps parisien, le poète reste un épicurien raisonnable – si la rencontre des deux ne sonne pas trop la contrariété.

Brautigan, Cendrars, Kerouac sont du voyage et la beauté des titres a des accointances satiennes (poème pour une histoire d’oreilles). Proche de la nature, le poète Donnay donne à goûter de nouveau – après ces pandémies, confinements – au « présent », à l’été, même si « l’aube en détresse » annonce d’autres couleurs. Le ticket de la poésie valable jusqu’à toutes les stations est ici écriture descriptive, où les images personnifient la vie, même battue par la mouise.

 

« Les mots ne font pas d’ombre » (p.46)

« On dit… que les poètes allument des lumières » (p.32)

 

L’écriture s’est encore affinée, mêlant un lyrisme corseté d’ordinaire et la vague agitée des images de désillusion où vivent des « nouveau-nés pucés à la sortie ».

 

« Un soir aux dents limées, au cœur fendu,

un soir d’écluse où l’on rêve aux grandes marées,

un soir de toquard

qui refuse de sauter le pas vers la nuit » (p.48)

 

Philippe Leuckx

 

Claude Donnay, né en 1958, est un écrivain belge, poète et romancier. Citons, parmi vingt titres : Mémoires d’un chien bâtard Ressac La route des cendres.

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A propos de l'écrivain

Claude Donnay

 

Claude Donnay est poète, nouvelliste et romancier.

Après des études de philologie romane, il enseigne à l’Institut Saint-Joseph de Ciney, depuis 1981. 

Il commence à publier en revues au début des années 1990 et participe à l’aventure de la revue "RegART". En 1999, il fonde la revue "Bleu d’Encre" qu’il anime toujours aujourd’hui. Il la complète en 2010 par Bleu d’Encre Éditions pour faire connaître les poètes qu’il aime.

Claude a publié 17 recueils de poésie et participé à plusieurs anthologies. Il écrit également des nouvelles dans Sol’Air, Nouvelle Donne et RegArt. Pour sa nouvelle "Spartacus", il s’est vu décerné le prix de la prose Emma Martin.

"La route des Cendres" (2017) est son premier roman. 

Il habite un petit village à la périphérie de Dinant.

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...