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Les Chroniques

Jours, Marwan Hoss (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Novembre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Arfuyen

Jours, Marwan Hoss, éditions Arfuyen, septembre 2019, 246 pages, 18 €

 

Poème-action

C’est avec un intérêt de qualité que j’ai découvert la poésie de Marwan Hoss, au travers de sa dernière publication chez Arfuyen. De fait, Jours fut pour moi un ouvrage de découverte. Cela m’a permis de connaître un auteur – comme on connaît une personne par la certitude d’une amitié, juste en voyant le visage d’autrui, de l’aubain, du prochain – et au-delà, ce que recouvre le poème en sa force performative. Que cela soit à la vie ou à la mort que les poèmes s’adonnent ici, ils sont toujours action.

Ainsi, du premier poème de cette anthologie – laquelle couvre tout le parcours littéraire de l’auteur et de l’homme de l’art qu’est Marwan Hoss –, premier texte donc qui évoque l’enfance, jusqu’au dernier, lequel constitue un texte en surplomb de l’œuvre achevée, le recueil est cohérent. Il passe des origines, par l’univers de la maladie, ou encore par le sentiment de l’exil, des liens avec sa famille, toujours attaché à une spiritualité. Tout cela fait de cet écrivain un témoin actif de sa propre expression, croyant visiblement que l’on peut « habiter le monde en poète », agir depuis le poème vers la vie, et en cela contenir la vie dans le poème.

La Styx Croisières Cie (IX) Septembre 2019 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 31 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Ère Vincent Lambert, An I

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« On empile les nobles dans la trappe.

Père Ubu : Dépêchez-vous plus vite, je veux faire des lois maintenant.

Plusieurs : On va voir ça.

Père Ubu : Je vais d’abord réformer la justice […].

Plusieurs magistrats : Nous nous opposons à tout changement.

Père Ubu : Merdre. D’abord les magistrats ne seront plus payés.

Magistrats : Et de quoi vivrons-nous ? Nous sommes pauvres.

Père Ubu : Vous aurez les amendes que vous prononcerez et les biens des condamnés à mort.

Projet Grèce, Lisiane Durand (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 30 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Théâtre, Espaces 34

Projet Grèce, Lisiane Durand, Editions espaces 34, septembre 2019, 90 pages, 15 €

 

J’aime les Grecs. J’aime La Grèce. Son continent et ses archipels. La Grèce est notre mère patrie, celle du théâtre, de la philosophie et de la poésie européenne. La Grèce antique et contemporaine.

Jacques Lacarrière en personne avait découvert la terre grecque d’abord en étudiant « classique » mais il y revint toujours en amoureux des vivants.

Je passai l’été 2015 entre la Grèce et la Turquie, témoin des itinéraires clandestins et dangereux des familles syriennes chassées de chez elles par la guerre, tentant de gagner les premières îles grecques, portes de l’Europe. Lisiane Durand, jeune diplômée de l’Ensatt, ouvre son texte Projet Grèce justement sur la période comprise entre le 15 juin et le 15 juillet 2015. La Grèce connaît alors une crise financière, économique et politique sans précédent. Le pays est montré du doigt par les instances européennes et mondiales comme le FMI. L’Allemagne devient la bête noire des Grecs : le pays puissant qui veut l’abattre.

La Littérature selon Bartre (par Yazid Daoud)

, le Mercredi, 30 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Lors d’une causerie avec un ami, nous parlions de la définition de la littérature selon Barthes et Jean-Paul Sartre. En parlant, je dis « c’est ça l’idée de Bartre ». Un lapsus associant les deux noms. Ce jour-là, j’ai promis à mon ami d’écrire un texte intitulé La littérature selon Bartre.

S’il y a une chose qui a préoccupé les théoriciens de la littérature, c’est la définition même de la littérature. « Littérature » cela signifie exactement « chose écrite », mais la littérature telle que nous la connaissons, telle que nous l’admirons, est-ce tous les écrits ? N’importe quel écrit ? Certains théoriciens n’ont pas pu déceler des caractéristiques précises et spécifiques à la littérature. Jonathan Culler écrit « On pourrait conclure que la littérature n’est rien d’autre que ce qu’une société donnée traite comme littérature ». Et Northrop Frye avoue : « nous n’avons pas de vrais critères pour distinguer une structure verbale littéraire d’une qui ne l’est pas ». Pour lui, la littérature change selon les époques et les sociétés, elle n’a donc pas de spécificités. C’est la raison pour laquelle Northrop Frye élargit la littérature à tout ce qui relève de l’expérience verbale (roman, récit, chanson…). Est-ce là un défaitisme de la part de ces théoriciens ? La littérature n’a-t-elle donc aucun être ontologique ?

Danses du destin, Michel Vittoz (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mardi, 29 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Danses du destin, Michel Vittoz, Quidam, Coll. Les Âmes Noires, octobre 2019, 241 pages, 19 €

 

J’avoue ne pas être grand clerc en romans noirs et policiers, et je n’avais encore rien lu de Michel Vittoz. J’ai choisi avant tout ce livre par intérêt pour l’éditeur, Quidam, dont j’ai apprécié plusieurs parutions.

Si l’on veut résumer l’histoire en un mot, on dira que c’est un parricide. La victime est Jacob Lowenstein qui « avait fait des tas de trucs pendant la guerre ». Le coupable, Nathan. Mort violente avec intention de la donner, mais sans savoir que c’était son père, dirait l’homme de justice qui, en son temps, avait ouvert le procès d’Œdipe.

Un thème qui paraît hanter Michel Vittoz, homme de théâtre et donc porté vers la tragédie, puisqu’il avait déjà écrit, il y a près de trente ans, Œdipe à Paname. L’envie de ressusciter leurs personnages tente parfois les écrivains.