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Roman

Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne

, le Mercredi, 29 Août 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Jean-Claude Lattès, La rentrée littéraire

Les fureurs invisibles du cœur, août 2018, trad. anglais Sophie Aslanides, 592 pages, 23,90 € . Ecrivain(s): John Boyne Edition: Jean-Claude Lattès

 

Les fureurs invisibles du cœur, ce sont d’abord celles de Cyril, le narrateur qui dresse un portrait sans complaisance de la société irlandaise des années 40 et des décennies suivantes.

Dés la première scène le ton est donné : enceinte à 16 ans, la mère de Cyril est publiquement bannie et elle doit quitter sa famille et s’exiler à Dublin sans un sou en poche.

Abandonné dès sa naissance, Cyril est confié par une nonne bossue à Charles, un homme d’affaires qui fraude le fisc, et à sa femme, Maude, romancière qui pense que le succès littéraire est vulgaire, ce qui ne l’empêche pas de passer ses journées derrière sa machine à écrire, noyée dans un rideau de fumée car elle grille clope sur clope.

Maude et Charles Avery élèvent Cyril de façon à ce qu’il ne manque de rien mais ne ratent pas une occasion de lui rappeler qu’adopté, il n’est pas un véritable Avery. Et c’est bien le drame de Cyril, il ne sait pas d’où il vient, qui il est, ni pourquoi, contrairement aux autres garçons, il n’aime pas les filles.

Seule la nuit tombe dans ses bras, Philippe Annocque

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 28 Août 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Quidam Editeur

Seule la nuit tombe dans ses bras, août 2018, 152 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Annocque Edition: Quidam Editeur

 

« Le décor est un écran bleu et les corps sont à distance, le sien assis à son bureau où il est supposé écrire, celui de Coline sans doute allongé sur son lit son smartphone à la main. Est-elle de dos ? sur le ventre ? A vrai dire, il n’en sait rien, il ne la voit pas. Mais il l’imagine sur le ventre, oui. Pourquoi il n’en sait rien mais il l’imagine sur le ventre. Si ça se trouve il a tout faux ».

Seule la nuit tombe dans ses bras est un roman d’amour virtuel, une histoire sensuelle et sans suite, sexuelle, entre les lignes de Facebook, dans les tchats, SMS et mails, les terrains complices et anonymes d’Herbert et Coline. Une  histoire d’amour comme une vieille chanson de variété, avec un refrain que fredonne Herbert et que reprend parfois Coline. Une chanson qui devient un roman, un roman qui s’écrit sous nos yeux et dont l’auteur s’amuse. Seule la nuit tombe dans ses bras se nourrit de courts échanges clandestins sur le net, comme au tennis, les deux amoureux virtuels montent au filet, frappent la balle, les phrases volent, cinglent, s’élèvent, rasent les lignes blanches, rebondissent, des phrases ornées de sourires préfabriqués par le net, ces petits icones qui s’offrent d’un clic, et de photos postées, et puis elle a retiré le haut, comme une signature, et qui font virevolter la fiction.

Tuer Jupiter, François Médéline (seconde critique)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 28 Août 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, La Manufacture de livres

Tuer Jupiter, août 2018, 224 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): François Médéline Edition: La Manufacture de livres

 

Le lundi 12 novembre 2018, un peu après 4 heures du matin, juste après la fin des cérémonies de commémoration du 11 Novembre, le Président de la République française Emmanuel Macron succombe à une tentative d’assassinat réussie, aussitôt revendiquée par Daesch. Il est enterré au Panthéon le 2 décembre, en grande pompe, au milieu de l’émotion de ses proches et de la nation tout entière.

A partir de cette date, François Médeline, qui connaît bien, pour les avoir fréquentés, les arcanes du pouvoir, remonte le temps et, mois par mois, semaine après semaine, dévoile l’énorme et sophistiquée mécanique qui, de Moscou à Washington DC, de Villejuif à Aubervilliers, des eaux territoriales israéliennes au large du Sahara occidental, de l’Elysée à New Delhi, orchestre le meurtre présidentiel.

Joseph Conrad en la Pléiade (2)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, la Pléiade, Septembre 2017, 1216 pages, 59 € . Ecrivain(s): Joseph Conrad Edition: La Pléiade Gallimard

 

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, trad. de l’anglais par Henriette Bordenave, Pierre Coustillas, Jean Deurbergue, Maurice-Paul Gautier, André Gide, Florence Herbulot, Robert d’Humières, Philippe Jaudel, Georges Jean-Aubry et Sylvère Monod, préface de Marc Porée, présentations et annotations des traductrices et des traducteurs, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 28 Septembre 2017, 1216 pages, 59 €

 

« Je me fais l’effet d’essayer de vous raconter un rêve – vaine entreprise, car aucun récit de rêve ne peut communiquer la sensation du rêve, cette mixture d’absurdité, de surprise et d’ahurissement, dans un frisson de révolte scandalisée, cette impression d’être prisonnier de l’invraisemblable qui est l’essence même du rêve… ».

Le Compagnon de voyage, Gyula Krúdy

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, La Baconnière

Le Compagnon de voyage, mai 2018, trad. hongrois François Gachot, 152 pages, 10 € . Ecrivain(s): Gyula Krudy Edition: La Baconnière

Le problème, quand on prend le train, c’est qu’on ne choisit pas ses voisins. Il y en a des sympathiques, d’autres antipathiques. Des voisins indifférents, d’autres qui lisent. Et il y a les bavards, les gens qui ont envie de parler, mais pas seulement de parler, de raconter leur vie dans ses menus détails, comme s’il était plus facile de se confier à un inconnu. C’est ce qui arrive au narrateur du livre de Gyula Krúdy, Le Compagnon de voyage, lors d’un voyage « au clair de lune ». Un narrateur qui va aussitôt se retirer pour laisser la parole à un autre narrateur.

Et ce compagnon de voyage entreprend de lui relater l’histoire qui lui est arrivée des années, à une époque où il aimait encore « la perpétuelle odeur de bière et de ragoût au paprika qui vous accueillait à l’entrée de l’auberge ». « A cette époque, j’étais encore un homme gai »,avertit-il. A cette époque, il multiplie les conquêtes d’un jour ou d’un soir, il n’a aucune intention de se fixer jusqu’au jour où, dans une pension d’une petite ville de Haute-Hongrie où il pense ne faire que passer, il rencontre une certaine Madame Hartvig. C’est sa logeuse, une femme dans les trente à quarante ans, dont les traits se sont révélés lentement à lui, « à la manière d’une figure de rêve ». Le narrateur est subjugué par les jambes de la femme (« Comme une nonne qui serait née avec des jambes de putain ») et c’est pourquoi il décide de rester plus longtemps dans la petite ville de X pour tenter de la séduire, dans « l’état d’esprit romantique d’un ravisseur ».