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Roman

Les anges nous jugeront, Emmanuel Moses (par Carole Darricarrère)

Ecrit par Carole Darricarrère , le Mercredi, 12 Septembre 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Les éditions du Rocher

Les anges nous jugeront, septembre 2018, 136 pages, 15 € . Ecrivain(s): Emmanuel Moses Edition: Les éditions du Rocher

 

« C’était une nuit d’automne et elle déversait sur la terre, sur ce point infime d’une planète infime, toute l’eau et tout le vent qui avaient conflué en elle (…) ».

Au croisement de l’infiniment petit (l’Homme) et de l’infiniment grand (la Nature), on s’enfonce dans ce récit comme dans un terreau bourgeois, en citadin frileux amateur de grands espaces, en poseur de chevalet s’absorbant à la faveur du plus petit dénominateur commun dans la contemplation shakespearienne d’un tableau biblique jusqu’à en traverser, à ses risques et périls, les plus pénétrants détails.

C’est dans un style chantourné qui ne déteste pas le phrasé d’élection des longues laques de belle facture qu’Emmanuel Moses, grand paysagiste à la lettre et maître de cérémonie du crescendo dramatique quasiment en mode pause, installe en sondeur de solitudes ses nappes plein vent et dresse avec un plaisir manifeste le couvert pour une crèche improvisée de cinq dans laquelle l’enfant tient lieu de modérateur et l’âne de clap final.

Absolutely Golden, D. Foy (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 12 Septembre 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Le Serpent à plumes, La rentrée littéraire

Absolutely Golden, août 2018, trad. anglais (USA) Sébastien Doubinsky, 215 pages, 20 € . Ecrivain(s): D. Foy Edition: Le Serpent à plumes

 

Rachel, une enfant de soleil

Rachel Hill est une Américaine originaire d’Oakland, ville de la côte ouest des États-Unis située dans la baie de San Francisco, dans l’Etat de Californie. Veuve de son « pauvre Clarence », elle se sent terriblement seule et vieille à l’âge de 37 ans. Elle recourt alors aux services d’une vieille gitane qui lui concocte un philtre d’amour à base de vers de terre, de pervenches, de cantharide, de sang menstruel et de poireaux, et ça marche ! Le miracle se produit car trois jours à peine, un dénommé Jack Gammler, un hippie, franchit le seuil de sa porte et s’incruste. Il faut dire que ce Jack n’est pas un homme lambda, un hippie quelconque. La nature l’a doté du « plus grand pénis », « peut-être le plus grand que le monde entier ait jamais vu, plus de trente centimètres dans son état naturel, comme on dit ». A propos de cet « incroyable appendice », Jack le fera tourner au camp de Freedom Lake avec une telle force giratoire qu’on le prendra pour une hélice.

Le Syndrome du varan, Justine Niogret (par Christelle d'hérart-Brocard)

, le Mardi, 11 Septembre 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Le Syndrome du varan, mai 2018, 220 pages, 16 € . Ecrivain(s): Justine Niogret Edition: Seuil

 

 

Ceux et celles qui sont familiers de l’univers romanesque de Justine Niogret ne manqueront pas de s’étonner à la lecture du Syndrome du varan qui, réaliste à l’extrême, tranche radicalement avec le genre de la fantasy. Ils s’accorderont aussi, sans doute, à reconnaître les indéniables qualités littéraires de l’auteure. Cela étant dit, quid de ce roman détonnant ? Car il s’agit bien là d’un récit qui se veut sinon excessivement provocant, du moins fortement dérangeant. En tout premier lieu, c’est l’écriture crue et choquante qui fait saillie dès les toutes premières pages et qui reste irrévérencieuse jusqu’à la dernière ligne. « Pute », « bite », « con », « merde », « poil de cul », « faire chier », « bordel de merde » et « esprit de chiotte » ne représentent qu’un tout petit échantillon du champ lexical coloré qui rythme et scande le récit. A cela s’ajoute, très logiquement, une syntaxe grammaticale plutôt simple, voire parfois relâchée.

Frère d’âme, David Diop (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 10 Septembre 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Seuil, La rentrée littéraire

Frère d’âme, août 2018, 175 pages, 17 € . Ecrivain(s): David Diop Edition: Seuil

 

On l’admet maintenant après avoir minimisé ou même carrément occulté cette réalité historique : les Africains, et plus généralement tous les indigènes de l’empire colonial français, ont combattu pour la France durant les deux guerres mondiales.

David Diop, romancier sénégalais, livre dans Frère d’âme non pas un témoignage de combattants originaires de l’Afrique noire, mais le ressenti de deux tirailleurs sénégalais, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, face à la guerre, face à leur supérieur hiérarchique, le capitaine Armand. Cette remémoration de leur condition de combattants se révèle alors loin d’être anodine, très éloignée des clichés que l’on entretenait alors couramment à propos des sujets de l’empire. Ainsi, la sauvagerie, caractéristique selon ces vues, des Africains est-elle en quelque sorte retournée à l’envoyeur :

L’Heure de l’ange, Karel Schoeman (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 07 Septembre 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, La rentrée littéraire, Phébus

L’Heure de l’ange, août 2018, trad. Pierre-Marie Finkelstein, 488 pages, 24 € . Ecrivain(s): Karel Schoeman Edition: Phébus

 

Karel Schoeman est un auteur sud-africain capital pour la compréhension de son pays, l’Afrique du Sud. Dans trois ouvrages consacrés plus spécialement aux voix, aux souvenirs, Cette VieDes voix parmi les ombresL’Heure de l’ange, cet auteur fait revivre ce pays, en utilisant ces filtres précieux, trompeurs, mais indispensables que sont les souvenirs, les traces laissées par les personnes, leur impact sur notre propre accès au souvenir. Cependant, comme dans Des voix parmi les ombres, l’accès à ces souvenirs, à cette mémoire sud-africaine, vu du côté des européens, et plus spécialement des Afrikaans, ces descendants de colons néerlandais, est bien laborieux, confus, incertain. C’est ce qu’évoque Karel Schoeman dans ce roman.

Le prétexte, car c’en est un, nous le verrons à la lecture du livre, c’est le retour d’un producteur de télévision de Johannesburg dans la petite ville de son enfance. Cet homme recherche des éléments biographiques d’un berger nommé Danie Steenkamp à qui serait apparu un ange au début du XIXe siècle.