« Debout de trois quarts, elle penche vers nous un visage grave et tendre, mais on s’enfouit d’abord sous les plis de sa robe de soie corail bordée d’un galon doré, alourdie de brocarts et brocatelles – aux motifs d’artichauts, d’orles, de pommes de pin, couleur cendre et cannelle. Elle la soulève du bout des doigts comme si c’était chose légère » (Casilda de Tolède).
Haute couture est une pierre précieuse, un saphir, qui éblouit par ses fins éclats savants et lumineux. Un ouvrage tout en style, en finesse et en grâce. Un livre brodé et orné, consacré aux saintes de Francisco de Zurbarán, l’un des génies de la peinture espagnole du Siècle d’Or. Des saintes qui ont pour nom : Casilda de Tolède, Elisabeth de Portugal, Juste et Rufine, Catherine d’Alexandrie, Agathe de Catane, et Apolline. Des saintes venues de si loin et si resplendissantes sous le pinceau et les couleurs de Zurbarán le sévillan. Toutes plus touchantes et étourdissantes de présence, saisissantes par la beauté des soies et des brocarts dont le peintre a l’audace créatrice de les couvrir, la grande douceur des couleurs et les instruments de torture qu’elles arborent, comme des trophées, là une épée, ici un gros clou, ailleurs un bâton muni d’un crochet, ou encore une roue dentée.