Le dernier Prix Renaudot consacre l’auteur de vingt-huit livres depuis 1996. Déjà primé pour ses nouvelles, ses essais, le voici récompensé, non pour un roman mais pour un récit de voyage, parsemé de pensées, d’aphorismes (« voir les fauves cachés derrière les paravents banals », p.124), de références Tao.
Tesson, sous l’égide de son ami photographe animalier Monnier, flanqué de deux comparses, Marie et Léo, a pour dessein de voir dans le Tibet profond, entre Golmud et Lhassa, ces panthères si insaisissables.
Le petit groupe part ainsi, guettant, affûtant sa vue, à des hauteurs où le gel est un compagnon de route. On loge sous tente et les froids sont aigus. À plus de quatre mille mètres, yacks, vautours, loups, sont les seules surprises des attentes très longues à fixer les sommets, les autres versants.
« L’affût commande de tenir son âme en haleine » est le credo de ces voyageurs des « ineffables sommets et silences des neiges » (je synthétise une « approche »), en page 164.