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Les Livres

Iphigénie Agamemnon Electre, Tiago Rodrigues (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 19 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Iphigénie Agamemnon Electre, Tiago Rodrigues, octobre 2020, trad. portugais, Thomas Resendes, 160 pages, 15 € Edition: Les solitaires intempestifs


Dans le travail de Tiago Rodrigues, la part faite aux « grands textes fondateurs » du théâtre occidental est importante de Shakespeare aux auteurs tragiques grecs, ici, Euripide pour Iphigénie, Eschyle pour Agamemnon et Sophocle pour Electre. Il reprend le modèle du cycle (les Atrides) et de la trilogie, et revendique clairement une démarche de réécriture dans son avant-propos. Les trois pièces par ailleurs ont été créées sur scène au Portugal selon une programmation successive du 11 septembre 2015 pour la première, le 12 septembre pour la deuxième et le 13 septembre pour la dernière, au Teatro Nacional D. Maria II, à Lisbonne, que dirige désormais l’auteur.

L’année du Singe, Patti Smith (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 19 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Gallimard

L’année du Singe, octobre 2020, trad. anglais (USA) Nicolas Richard, 180 pages, 18 € . Ecrivain(s): Patti Smith Edition: Gallimard

 

L’étreinte de la mémoire : Patti Smith

Patti Smith poursuit l’inscription de ses traversées. Elle franchit le temps sans défaillance, restaurant au besoin l’orée du réel par des épigraphes ensevelis là où le mot se déclare non définitif mais inscrit néanmoins ses sommations.

A chaque passage, ses blessures, ses murmures, ses étreintes. La créatrice coud au temps de l’année du Singe des charnelles, mais aussi mystiques intrusions en ce geste d’écrire où les mots qui scellent les défaites du monde et quelques victoires personnelles.

Ici, au reliquaire de dissonances en dissidences, en disparitions, fatale introspection que ses précédents livres incisaient, fait place une révélation plus profonde, et un élancement tourbillonne entre les rêves qui demeurent même s’il faut toujours se réveiller ensuite, comme le rappelle la dernière page du livre.

À son ombre, Claude Askolovitch (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 19 Novembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Grasset

À son ombre, Claude Askolovitch, Grasset, octobre 2020, 320 pages, 20,90 €

 

Dans un entretien de Marc-Alain Ouaknin avec Michel Gad Wolkowicz dans l’émission Talmudiques du 6 septembre 2020, celui-ci énonce le propos suivant : « Cette époque, plus qu’aucune autre, en dehors des guerres et des attentats, nous place collectivement devant la question de la maladie et de la bonne santé, du soin et de la guérison, et de manière essentielle devant les questions des relations sociales, de nos choix d’existence, de la proximité et de la distance, de l’amitié précisément, de l’attention particulière aux autres, de la responsabilité de nos gestes, de nos choix éthiques et de façon radicale devant la question de la vie et de la mort ». Ces paroles nous semblent bien correspondre à l’état d’esprit du nouvel ouvrage de Claude Askolovitch.

Malgré quelques revers, l’auteur réussit une belle carrière dans le journalisme, métier qu’il a toujours rêvé d’exercer. Il a été l’objet de polémiques au sujet de certaines de ses publications. Il est longtemps resté dans les coulisses. Qu’est-ce qui l’a engagé pour la première fois à ouvrir le rideau de son théâtre et à franchir ce passage sur le devant de la scène ? L’élément déclencheur a été une rencontre imprévisible avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Elle surgit peu de temps après le décès brutal et inattendu de son épouse. Cette imbrication entre le passé et le présent va totalement le déboussoler.

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 18 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages/noir, Israël

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod, mars 2020, 288 pages, 20 € Edition: Rivages/noir

Le livre d’Alexandra Schwartzbrod est un thriller d’anticipation qui se passe à une période relativement proche de la nôtre.

Les ultrareligieux ont chassé les laïcs et les arabes de Jérusalem, en conservant toutes leurs richesses, pour se retrouver entre eux et consacrer leur temps à la prière. Ils ont fait construire un mur qui les sépare de Tel-Aviv où se retrouvent tous les impurs. Les réfugiés doivent cultiver la terre comme au temps des kibboutzim pour survire. Palestiniens et juifs laïcs vivent en bonne entente et s’entraident pour croître et multiplier.

Cependant alors que côté Jérusalem, appelé le Grand Israël, on ne semble manquer de rien, on regarde Tel-Aviv comme un lieu de péché et de débauche où les femmes vivent quasi nues et s’offrent au premier venu. Le mur ne semble donc plus être suffisant pour se protéger des impies qui pourraient être tentés par les richesses de Jérusalem (surtout qu’il permet, par ailleurs, de se garder des femmes impures qui pourraient devenir une tentation). Jérusalem qui s’est alliée aux Russes veut donc faire garder son mur par des robots tueurs. Ce qui permettrait à la ville de se préserver de l’ennemi tout en permettant aux croyants de rester fidèles à leurs lois religieuses.

Dictionnaire de l’autobiographie, Écritures de soi de langue française, Collectif (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 18 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Dictionnaire de l’autobiographie, Écritures de soi de langue française, Collectif, Françoise Simonet-Tenant, Michel Braud, Jean-Louis Jeannelle, Philippe Lejeune, Véronique Montémont, 846 pages, 28 € Edition: Editions Honoré Champion

 

« Je… je… je… moi… moi… moi… » : qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en hérisse, l’augmentation quantitative (certains parleraient d’inflation morbide, voire de prolifération maligne) des écrits à la première personne du singulier est un trait caractéristique de la modernité (un concept moins facile à définir qu’il n’y paraît). Tout se passe comme si l’admonition de Paul Valéry (« Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct ») avait été proférée dans le vide.

Le Dictionnaire de l’autobiographie que publient les éditions Champion est, pour qui s’intéresse aux « écritures de soi » ou « du moi », un outil remarquable, appelé à devenir un usuel et à être conservé sous la main. 457 entrées rédigées par 192 collaborateurs permettent un large tour d’horizon. L’autobiographie est envisagée dans son extension chronologique (depuis l’Antiquité) et géographique (même si le sous-titre du volume indique que les textes en langue française seront privilégiés, les comparatistes trouveront leur bien dans les notices consacrées à l’Italie, aux Caraïbes, à l’Afrique ou à la Russie).