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Les Livres

Un cœur pour les dieux du Mexique, Conrad Aiken (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Un cœur pour les dieux du Mexique (A Heart For The Gods Of Mexico, 1939), trad. américain Michel Lebrun, 172 pages . Ecrivain(s): Conrad Aiken Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Nous avons lu Conrad Aiken au rythme d’une traversée de l’Atlantique dans Au-dessus de l’Abysse. Ici c’est au rythme haletant d’un train qui traverse les USA de Boston jusqu’au Mexique. L’œuvre romanesque de Aiken est toujours profondément traversée par son génie poétique et – cela va avec – musical. Ce roman fou ne manque pas à cette règle : sons, rythmes, champs lexicaux sont scandés, à partir de la deuxième partie, par le voyage en train.

Vers le Mexique avons-nous dit, mais pas seulement.

Ce voyage de trois personnages a pour seule vraie destination la mort. Celle de la jeune femme, Noni, qui accompagne ses deux amis et qui, promise à une mort très prochaine, veut accomplir ce dernier périple pour épouser l’un des deux, Gil, et mourir. Triple descente : vers le sud, vers l’Enfer et vers la Mort. Conrad Aiken, le poète-romancier, métaphorise chaque instant, l’élargit, lui donne les ailes de l’évocation, la puissance de l’image, le véhicule d’une langue pressée, haletante, marquée par la peur qui, lancinante, harcèle les trois personnages.

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Arnaud Genon (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Editions de la Rémanence, octobre 2020, 126 pages, 12 € . Ecrivain(s): Arnaud Genon

 

Le titre du livre semble nous parler de la radicalité d’un ermite, d’un isolé profond, disposé à une quête spirituelle hors des siens. Mais le sous-titre fait aussitôt sourire : il ne s’agira que d’une déconnexion temporaire de Facebook.

Cette opposition immédiatement exprimée entre une apparente conviction d’ermite et une disparition éphémère sur un réseau social (on ne disparaît pas vraiment quand on disparaît de Facebook, et même, on ne disparaît pas du tout) semble être le fil conducteur de cette suite de réflexions, rédigées au cours d’un mois de sevrage de réseaux sociaux. Et ce qui apparaît inévitable avec une telle décision, c’est la reconnexion qui s’opère avec la vie réelle : le narrateur le sait et l’a toujours su, puisque le livre s’ouvre quasiment avec L’Allégorie de la caverne, de Platon, soulignant que les anciens prisonniers retrouvent ou découvrent une forme de vérité une fois qu’ils sont libérés de leur mur (Facebook).

J’entends des regards que vous croyez muets, Arnaud Cathrine (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Folio (Gallimard)

J’entends des regards que vous croyez muets, Arnaud Cathrine, Gallimard Folio, novembre 2020, 192 pages, 6,90 €


L’écrivain est – entre autres – celui qui observe et imagine tout à la fois : c’est ce que fait Arnaud Cathrine dans J’entends des regards que vous croyez muets, recueil de fragments qui doivent leur beau titre à Racine : c’est un vers de Britannicus, conjugué au présent au lieu du futur, suivant le conseil d’une amie de l’auteur.

Il s’agit d’une galerie de portraits : ceux de quidams que l’écrivain a croisés dans la rue, son voisinage, des restaurants, des cafés… – quand ces lieux n’étaient pas encore déserts à cause de l’impéritie politique – et qui happent son attention. Ils s’ouvrent le plus souvent sur des notations descriptives puis, de ces instantanés capturés furtivement, Arnaud Cathrine glisse vers la fiction, en inventant les vies de ces inconnus. Çà et là s’intercalent des fragments autobiographiques.

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron (par Cathy Garcia Canalès)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron, octobre 2020, trad. portugais (Brésil) Dominique Nédellec, 190 pages, 17,50 € Edition: Zulma

 

Nul homme n’est le roi de quoi que ce soit.

Les Indiens Métropolitains

 

Un roman bien singulier que La Mort et le Météore, une dystopie amazonienne qui dresse un portrait acerbe d’une sinistre réalité brésilienne, d’ailleurs exacerbée encore depuis les dernières élections présidentielles, envers l’environnement et les derniers peuples autochtones, notamment les plus isolés, dits non contactés. C’est de ceux-là qu’il est question dans ce roman, qui se déroule dans un futur de plus en plus proche où il ne reste rien de la forêt amazonienne sinon quelques derniers hectares brûlant comme l’enfer et où le Chili a disparu sous le Pacifique.

Eparpillements, Natalie Clifford Barney (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Eparpillements, Natalie Clifford Barney, éditions de La Coopérative, mars 2020, 80 pages, 12 €

 

Rien n’est plus indispensable aujourd’hui que de pouvoir s’immerger dans un bain d’intelligence, d’humour et de liberté. Et c’est encore possible en lisant un petit livre d’une belle densité que rééditent avec bonheur les éditions de La Coopérative, au catalogue aussi original que varié. Je veux parler d’Eparpillements de Natalie Clifford Barney, avec une préface et de rares photographies de Jean Chalon, l’un des intimes de l’auteur.

Eparpillements se présente comme un ensemble de pensées, d’aphorismes ou de maximes répartis en cinq chapitres, que publie en 1910 une Américaine parfaitement francophone installée à Paris, Natalie Clifford Barney. Connue pour ses nombreuses liaisons féminines, muse de célébrités comme Liane de Pougy ou de la poète Renée Vivien, ou encore de la peintre Romaine Brooks, elle accède, avec cet ouvrage, à la reconnaissance des milieux littéraires grâce à l’adoubement du plus grand critique de l’époque, Remy de Gourmont, qui écrira pour elle ses Lettres à l’Amazone.