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Les Livres

Summer Mélodie, David Nicholls (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Belfond

Summer Mélodie, David Nicholls, mai 2020, trad. anglais, Valérie Bourgeois, 512 pages, 22 € Edition: Belfond

 

Il faut savoir lire en écrivain pour traduire aussi bellement l’œuvre originale qu’on lit très clairement à travers cette traduction de Valérie Bourgeois. A la lecture, on remarque le roman ressenti de façon profonde avec sans doute autant de subtilité que dans la langue d’origine. Je n’ai pas, comme assez souvent, cette impression d’œuvre « traduite » mais de vraies sensations à lire une langue diversifiée, ce qu’elle est aussi certainement dans la langue d’origine.

Le roman commence par une fausse fin du monde « attendue » lors d’un cours de physique. L’atmosphère « jeune » est présente d’emblée et chacun peut ressentir profondément l’éventuelle nostalgie de cet âge où premier amour rime avec « toujours ».

Le roman situe bien l’idée qu’on peut se faire d’une rencontre aléatoire et d’un destin enclenché par une rencontre tout-à-fait fortuite :

La terre invisible, Hubert Mingarelli (par Philippe Leuckx)

, le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

Edition: Points

 

Ce dernier roman d’un auteur trop tôt disparu, né en 1956, mort en 2020, dans le droit fil des œuvres de Mingarelli, est un superbe road-movie, dans une Allemagne, en déroute, juste après la victoire alliée.

Deux personnages, un photographe et un chauffeur militaire, jeune soldat anglais, traversent les contrées désolées pour prendre quelques clichés des populations hagardes, recluses, en bordure du Rhin, vers le nord.

Le grand intérêt des romans de Mingarelli, et ce dernier opus est une merveille de concision et de gravité retenue, est de plonger dans l’intimité des personnages, toujours resserrés dans des lieux clos ou ouverts sur des conflits et leurs retombées : c’était déjà le cas de Quatre soldats (Médicis 2003), à l’heure de la guerre civile russe de 1919. On est au plus près des antihéros, dans des relations professionnelles qui deviennent, chez l’auteur, amicales, fraternelles.

Tigre, Jan Jutte (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Jeunesse

Tigre, Jan Jutte, Editions des Eléphants, octobre 2020, trad. néerlandais, Inge Elferink, 56 pages, 15 €

 

Entre forêt et jungle

Le dessinateur et peintre Jan Jutte, né en 1953, diplômé des Beaux-arts d’Arnhem, a illustré des textes d’auteurs très populaires dans son pays, tels que Guus Kuijer, Sjoard Kuyper, Toon Tellegan, etc. Il travaille aussi pour la presse et le théâtre, et a été trois fois lauréat du Prix du Pinceau d’or. Dans ce nouvel album jeunesse, Tigre, l’histoire commence par les pérégrinations habituelles d’une petite dame fantasque qui aime se promener. Joséphine, cette douce grand-mère, vit seule. Dans un paysage de neige, dépouillé, elle va rencontrer inopinément un tigre à la fourrure rousse rayée de noir. Nous savons que le tigre est le plus grand prédateur sauvage carnivore terrestre et le roi des animaux. Dans la mythologie hindoue, il sert de monture à Durga. Il est également le symbole de libération nationale sur les colons anglais du Bangladesh, de l’Inde et de la Malaisie. Dans le texte de Jan Jutte, il s’agit plutôt d’un tigre de papier, ni agressif, ni féroce, ni jaloux… Dès la surprise passée, Joséphine adopte aussitôt le magnifique félin comme nouveau compagnon.

Retour à Martha’s Vineyard, Richard Russo (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde), Côté Arts, Côté Musique(s)

Retour à Martha’s Vineyard, août 2020, trad. anglais (USA) Jean Esch, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Richard Russo Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Ce roman est fondé sur une construction et une intrigue classiques, autour de trois personnages : Lincoln Moser, agent immobilier, Teddy Novak, éditeur indépendant, et Mickey Girardi, musicien et ingénieur du son, tous trois anciens étudiants dans la même université prestigieuse de la côte Est des Etats-Unis, Minerva college, au tout début des années 1970, tous trois serveurs à la résidence des Theta, une sororité du campus, afin de payer leurs études.

Très vite on retrouve ce langage potache de l’entre-soi des étudiants, conservé plusieurs dizaines d’années après leur expérience universitaire : les surnoms ou diminutifs, affectueux ou moqueurs, les private jokes (ou plaisanteries internes), les sujets de conversation immatures, les beuveries, le sens de la fête… « Que la fête commence », c’est ainsi que le Lincoln de 66 ans accueille à nouveau ses deux camarades dans sa maison de vacances de Chilmark, sur l’île de Martha’s Vineyard.

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, Ernest Pignon-Ernest (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Espagne, Actes Sud, Arts

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, septembre 2020, trad. espagnol, Yves Lebas, 78 pages, 26 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Son art du toreo, miracle d’harmonie azurée, accomplit ce que les poètes, d’Arthur Rimbaud à Federico García Lorca, ont voulu ardemment convoquer : l’éternité ici et maintenant, fût-elle d’une précarité de cristal, comme l’avènement même du duende ».

Sur un nuage de terre ferme est un livre écrit et dessiné pour se souvenir, se souvenir sans nostalgie aucune de cette corrida du 22 juin, comme l’on se souvient d’une musique, d’un roman, que notre mémoire avive. Sur un nuage de terre ferme est un petit livre d’admiration, admiration partagée entre un poète et un peintre-dessinateur pour un torero unique, un matador éternel. Ses apparitions sont rares, Valence, Nîmes, Grenade, il devait revenir dans la cité gardoise en ce mois de septembre, mais le virus en a décidé autrement. A Nîmes le 16 septembre 2012, une éternité, il écrit son Temps retrouvé en solitaire. Nombreux furent les spectateurs présents ce dimanche midi à se dire qu’il ne servait à rien désormais de se rendre aux arènes, tout venait d’être dit, dans l’excellence du geste.