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Les Livres

Ainsi parlait, André Suarès (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ainsi parlait, André Suarès, éd. Arfuyen, septembre 2020, 171 pages, 14 €

 

André Suarès ou La parole exhaussée

Comment définir ma jubilation à la lecture de ce livre où André Suarès apparaît dans sa complexité autant que dans son intégrité intellectuelle ? Cette forme panoramique – à laquelle nous habitue cette Collection Ainsi parlait, chez Arfuyen – permet de jeter une lumière sur ses intérêts artistiques et humains. De plus, j’y ai retrouvé des idées qui me semblent d’une grande justesse, provoquant mon alacrité intérieure. Car le sujet dominant de l’ouvrage réside dans la proposition suivante : comment augmenter la qualité morale et artistique de la poésie et du poète. Donc, quelle nature doit avoir l’artiste, s’il veut augmenter l’homme, lui faire rencontrer ce qui lui est principal ou principiel, en tous cas lui ouvrir le chemin de la quintessence de l’âme, essence qui ne doit jamais faiblir ?

Suarès montre toujours le haut, peut-être à l’image du Saint Jean-Baptiste de L. de Vinci, lequel indique en somme deux voies : l’une vers le ciel et l’autre, plus prosaïque, vers sa houlette. Cette indication soulignant que la voie mystique n’abolit pas la voie pastorale ; donc, c’est quand même toujours l’exhaussement qui reste désiré et désirable. Avec Suarès, la parole est édifiante, elle désigne la vérité haute de soi, de l’homme et de l’art, du poète et du livre.

Stoner, John Williams (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Stoner, trad. américain, Anna Gavalda, 380 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): John Williams Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

William Stoner est une sorte de prototype de l’anti-héros. Sa personnalité réservée, son ambition limitée, sa nature bienveillante et calme en font un personnage romanesque peu propice aux grandes envolées épiques. Et, en effet, ce roman n’a rien de l’épopée : les événements y sont d’une grande banalité, les rencontres peu colorées, les gens n’y sont guère extraordinaires.

Alors la question se pose : pourquoi et comment ce roman devient-il fascinant dans les mains du lecteur ? Parce qu’il ne faut pas s’y tromper : dans cette banalité d’une vie racontée, se niche… quoi ? La littérature. Par deux entrées, l’une est dans le talent narratif de John Williams, l’autre dans le basculement du personnage de Stoner qui – fils de paysans pauvres et petit étudiant en agronomie à l’université de Columbia-Missouri – va un jour, provoqué par un professeur de littérature lors d’un module de lettres – découvrir le dédoublement radical que propose l’œuvre littéraire, une sorte d’évasion de soi, d’élévation puissante qui propulse le brave garçon dans des mondes qu’il ne soupçonnait pas.

La fenêtre au sud, Gyrðir Elíasson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 06 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

La fenêtre au sud, Gyrðir Elíasson, La Peuplade, 2020, trad. islandais, Catherine Eyjólfsson, 168 pages, 18 €

 

Deuxième volet d’un triptyque sur la solitude dont le premier est Au bord de la Sandá (La Peuplade, 2019), La fenêtre au sud est le journal d’un écrivain qui peine à écrire – ce dont on ne s’étonne guère en lisant son sujet : « l’histoire d’un couple qui se rend dans un hôtel de montagne à l’étranger pour revigorer son union ». Retiré dans une petite maison au bord de la mer, demeure d’un ami séjournant à l’étranger, il mène une vie solitaire dont il consigne minutieusement les menus faits, sur le ton de l’observation.

Dès la première page, une atmosphère sombre, épaisse et lourde est posée : maisons tassées, ciel couvert, brouillard infini, algues amoncelées… jusqu’au narrateur, qui se couvre de glace comme certaines montagnes. Tout est noir, ou gris, et même les éléments a priori anodins – nuit qui tombe, couvercle de la machine à écrire… – accentuent une sensation d’écrasement qui rappelle, l’angoisse en moins, certain couvercle baudelairien.

À l’ombre du Baobab, Alexandra Fuller (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Lundi, 05 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Jean-Claude Lattès

À l’ombre du Baobab, février 2020, trad. anglais, Anne Rabinovitch, 300 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Alexandra Fuller Edition: Jean-Claude Lattès

 

Alexandra Fuller, la vie, quoi d’autre ?

La société humaine a toujours eu besoin d’idoles ; le monde de la littérature française ne fait pas exception à cette règle. Ainsi voit-on, comme en cette rentrée littéraire, une partie de son paysage s’obscurcir des mêmes produits « tête de gondole et leurs clones », commentés à l’infini, prescrits plus que lus par une critique officielle qui devrait les ignorer, mais préfère en organiser un cirque médiatique, le plus souvent surjoué. Et l’on peut, à distance maintenant, se demander si l’apparition en février dernier dans le ciel littéraire de À l’ombre du Baobab, d’Alexandra Fuller, n’a pas établi l’aune d’un idéal vers lequel tendre en matière de récit, rendant aujourd’hui pitoyables de nombrilisme les imitations de la même quête qu’essaient de nous soumettre à travers leurs devoirs d’écoliers surdoués, les sieurs Carrère et Enthoven.

Le Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 05 Octobre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Zulma

Le Complexe d’Eden Bellwether, juin 2020, trad. Renaud Morin, 522 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Benjamin Wood Edition: Zulma

 

Oscar Lowe est aide-soignant à la maison de retraite Cedarbrook à Cambridge. Un soir d’octobre 2002, il rentre chez lui, à pied, après une journée de travail. Il passe devant la chapelle de King’s College et son attention est retenue par la musique puissante de l’orgue s’échappant par les portes ouvertes de la chapelle. Il pénètre dans l’église pour écouter la fin de l’office et la musique. En sortant, il fait la connaissance d’Iris Bellwether et de son frère Eden. Ces derniers étudient à Cambridge et exceptionnellement sont autorisés à loger chez leurs parents, bienfaiteurs de l’université, qui résident dans la ville de la Cam et des colleges. Une conversation a lieu entre les trois personnages. Les deux étudiants sont heureux de rencontrer quelqu’un d’« ordinaire » travaillant à la maison des glycines et Oscar apprend qu’Eden était derrière l’orgue d’où s’échappait cette musique si remarquable. C’est le début d’une « Love story » à la façon d’Erich Segal et d’un terrible thriller.