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Les Livres

Les Honneurs 2020 de La Cause Littéraire !

Ecrit par La Rédaction , le Mardi, 10 Novembre 2020. , dans Les Livres, La Une Livres

 

Notre comité de rédaction, les rédacteurs et amis de La Cause Littéraire ont distingué cette année parmi les livres critiqués dans la revue :

Honneurs 2020 de La Cause Littéraire (en cliquant sur les titres vous aurez accès à la critique de chaque ouvrage).

 

Roman français

Les grandes poupées, Céline Debayle (Arléa)

La fin de Bartleby, Thierry Bouchard (Ed. Fario)

 

Roman étranger

Apeirogon, Colum McCann (Belfond)

Lake Success, Gary Shteyngart (L’olivier)

Aller où ?, Serge Cazenave-Sarkis (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Aller où ?, Serge Cazenave-Sarkis, Editions de l’Abat-Jour, Coll. Lumen, septembre 2020, 140 pages, 7 €

De nouvelles en nouvelles

Question littérature, les éditeurs, la presse et l’opinion établissent parfois de curieuses et bien discutables hiérarchies. Ainsi du genre de la nouvelle que l’on considère, à tort, comme secondaire et mineur. Je me souviens, lorsque le Nobel a été attribué à Alice Munro, de certains qui l’ont présentée en disant qu’elle n’avait écrit « que » des nouvelles, laissant entendre ainsi un manque, un déficit. On ne devrait écrire des nouvelles, mais voyons… « que » pour passer à un genre plus sérieux, plus abouti, plus achevé comme le roman. Et pourtant, pour celui qui écrit des nouvelles, quelle exigence ! Un nouvelliste est à la recherche du mot juste ; ses textes sont taillés comme des coups de serpe et la conduite du récit revient à suivre un chemin escarpé comme sur le fil acéré d’une ligne de crête. Il sait encore, en quelques lignes, créer une atmosphère, « fignoler » un récit dense vers une « chute » surprenante parfois. Parmi les nouvellistes français, Serge Cazenave tient une place de choix. Il n’écrit « que » des nouvelles et en est passé « maître ». Il en compte une centaine, une bonne partie d’entre elles a été publiée chez la jeune et inventive maison d’éditions de l’Abat-Jour à Bordeaux.

Tom et le jardin de minuit, Philippa Pearce (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Folio (Gallimard), Jeunesse

Tom et le jardin de minuit, Philippa Pearce, trad. anglais, Cécile Lœb, 238 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

En 1958, Tom’s Midnight Garden de Philippa Pearce reçoit la Carnegie Medal, prix prestigieux qui, depuis 1936, récompense chaque année un ouvrage destiné à la jeunesse. Le roman qui nous intéresse paraît pour la première fois en français en 1969, chez Fernand Nathan, et connaît des rééditions assez régulières depuis.

Son frère Peter ayant la rougeole, Tom Long se voit obligé de quitter le foyer familial et de vivre, pendant quelques jours, chez son oncle et sa tante, qui habitent au premier étage d’une grande maison à appartements. Malgré les bonnes intentions dont on l’entoure, Tom est amer et déplore qu’il n’y ait pas de jardin. Une nuit, incapable de s’endormir, il entend la très vieille horloge de l’entrée sonner treize coups. N’y croyant pas, il se lève et descend au rez-de-chaussée. La maison semble lui parler et l’inciter à ouvrir la porte de la cour : or, à la place de la cour, il découvre un immense jardin, joliment entretenu, sous un ciel d’été ensoleillé. Un endroit rêvé dont il va faire son refuge pour jouer. Un endroit étrange aussi, où les saisons peuvent s’écouler très rapidement, alors que quelques minutes à peine se sont passées lorsqu’il regagne l’entrée de la maison en pleine nuit.

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, Critiques, La Une CED, Poésie, Japon, Arfuyen

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku, Arfuyen, septembre 2020, trad. japonais, Alain Gouvret, 161 pages, 16 €

 

Le poète et ses chimères

Le défaut inhérent et impossible à circonscrire de ma chronique relève de l’analyse forcément ethnocentrée, que je ne peux entreprendre que par le biais du monde référentiel de ma culture européenne. Bien sûr je connais la littérature, le cinéma et l’art graphique du japon – et quelques sentiments très forts au sujet de l’acteur de kabuki, que m’enseigna mon professeur Georges Banu à Paris III –, il reste que je ne conçois cet univers oriental que par le prisme de la traduction ou des sous-titres, seuls vraiment capables de me rendre accessible cet ensemble de signes. Nous connaissons tous le débat autour de L’empire des signes. Mais dans le même temps, cet ethnocentrisme pourrait être un avantage pour parcourir le journal de ce poète maudit de l’archipel nippon, comme enrichissant le spectre et l’épaisseur de ce personnage capiteux.

Inépuisables, Vivian Gornick (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 06 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Rivages

Inépuisables, octobre 2020, trad. anglais (USA) Laetitia Devaux, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Vivian Gornick Edition: Rivages

Cet ouvrage, constitué d’un ensemble d’articles de réflexion littéraire, pour certains ayant été entièrement ou partiellement déjà publiés, permet à Vivian Gornick de mieux cerner les contours de son personnage de femme, de femme juive new-yorkaise, de féministe, de socialiste et d’écrivaine et critique littéraire.

C’est en effet un livre qui tourne autour du désir – le désir érotique des écrivains et de leurs personnages, surtout féminins, et le désir de lecture, de redécouverte, d’interprétation et de réinterprétation des textes. Gornick connaît bien la littérature française : Colette, Duras sont pour elle des auteures de prédilection – Chéri, L’Amant, sont décryptés à l’aune de l’expérience personnelle de la jeune – ou moins jeune – critique américaine. Aller jusqu’au bout de son désir, tel est le but de Vivian Gornick.

L’ouvrage part d’un constat : relire des œuvres qu’on a aimées, lorsqu’on les a lues et découvertes plus jeune, apporte un enrichissement considérable sur le plan tant littéraire que personnel. Gornick cherche dans la diégèse des personnages romanesques des clés d’entrée, des analogies avec sa propre expérience, ses propres amours, sa propre compréhension du monde. Les personnages (ou leurs auteurs) auxquels elle s’identifie sont ainsi surtout des femmes qui ont conquis leur liberté. Le personnage est vu comme un prolongement de l’auteur.