Dans une langue sûre, classique, posée, précise, intuitive certes, le nouvelliste Baillon, par ailleurs poète, décape, le mot n’est pas trop fort, les clichés souvent associés à l’enfant, à l’enfance. Aucune mièvrerie ne vient contrevenir le regard que le nouvelliste pose sur cet univers qu’est « l’enfance ». L’instable domaine des enfants, plein de surprises et d’étonnements singuliers, trouve ici matière à description, à réflexion. Le scalpel délirant convient bien à notre écrivain : il faut gratter la pelure des interdits, des tabous. Et se méfier des premières « impressions » lénifiantes ; l’enfance n’est pas « ça » ! On peut « déménager » au propre, au figuré, s’enticher, faire l’affront au réel pesant. On peut, encore faut-il avoir les rênes solides, les reins combatifs ! On peut avoir un « grand-oncle », une « Amalia » de conserve, être « ce p’tit gars » : la vie est toujours au-delà de nos espaces de référence, de nos pauvres espérances. L’enfant est toujours cette exception – comme sauvée d’une police routinière, efficace, ou de parents sérieux – apte à subir les contrecoups, à les délayer dans l’espérance folle du rêve ou du déni singulier. Ces nouvelles inquiètent, ouvrent, ferment, obtempèrent, signalent, dégagent (au sens politique) ; elles sont de bon aloi infernales de vérités cachées. On en remercie l’auteur, doué, et tout aussi singulier !