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Les Livres

Accessions et chutes, Thomas Vercruysse (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Mai 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Accessions et chutes, Thomas Vercruysse, éditions La Rumeur libre, 2017, 112 pages, 16 €

 

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Communiquer

Il est essentiel pour partager la voix d’un livre, et je le dirais de la première conduite du poème, de communiquer avec soi dans un temps préalable, puis vers le lecteur. Au cœur de la liaison que propose le livre, il y a un acte de communication, fût-il un simple souffle. La principale notion pour définir le poème est bien celle du bord, ligne qui ferme et engendre la forme. Écrire, c’est transmettre, donc fréquenter les arcanes de la signification, même si une certaine rhétorique est nécessaire ; ce qui persiste, c’est la sensualité des mots, son aspect fougueux, sa nouveauté et son accent intérieur. Toujours est-il que le lecteur est d’abord un herméneute.

Les Bergères de l’Apocalypse, La Trilogie du Losange, Tome 2, Françoise d’Eaubonne (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Avril 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Les Bergères de l’Apocalypse, La Trilogie du Losange, Tome 2, Françoise d’Eaubonne, mars 2022, 512 pages, 25 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Frapper, battre, abattre, tuer, massacrer.

(Mise à mort des femmes et des filles en raison de leur orientation sexuelle. Assassinat systématique de femmes autochtones)

Le soleil se couchait déjà ; les montagnes semblaient s’accroupir, devenir des bêtes rampantes, retenant entre leurs pattes des ombres violettes et chiffonnées.

F. d’Eaubonne

Féminicide

Dans la deuxième partie de La Trilogie du Losange, de retour de « l’expédition Amande », Ariane, « simple guide ouranautique », tient un journal de bord. Elle y relate les faits qui ont conduit à une guerre des sexes et à la fin du règne de l’andocentrisme.

Sur L’insouciance de Philippe Mezescaze (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 22 Avril 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Du Corps océan (Vermont, 1977) à Deux garçons (Mercure de France, 2014), de L’impureté d’Irène (Arléa, 1987) aux Jours voyous (Mercure de France, 2021), Philippe Mezescaze, né en 1952, a construit une œuvre attachante et précise. Comme chez Modiano, on y entend, de livre en livre, une voix, une « petite musique », et si cette musique ne surprend pas toujours, si elle répète parfois les mêmes motifs, reparcourt les mêmes chemins, elle finit, au bout de quelques pages, par séduire à nouveau.

Il y a une sorte de fidélité proustienne chez Mezescaze : c’est lui-même (sa jeunesse, ses rencontres amicales et amoureuses, etc.) qui constitue la matière de ses récits, le plus souvent. Par l’écriture, par le travail têtu de la mémoire, dans une anamnèse poétique, ce passé revit, se réassemble, et une période de l’histoire, une façon d’exister, une relation courtoise aux choses et aux êtres se redessinent. Sans doute est-ce là tout ce qu’il nous reste face à la succession des désastres, à l’obscurcissement de l’horizon : nous souvenir de ce que nous fûmes – de nos désirs et des désirs que nous avons suscités. En garder la trace ; en fixer, en rééprouver par les mots le trouble – et l’on pensera ici à Constantin Cavafy, à Sandro Penna dont Mezescaze, par plusieurs aspects, est proche : « Forse la giovinezza è solo questo / perenne amare i sensi e non pentirsi » (1).

Et maintenant, voici venir un long hiver…, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Avril 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Et maintenant, voici venir un long hiver…, éditions Héliopoles, avril 2022, 192 pages, 15 € . Ecrivain(s): Thomas Morales

 

« Avec sa disparition à l’âge de 88 ans, c’est tout un art de vivre qui disparaît, l’action et le verbe, le zinc et le grand style, les caleçonnades et le cinéma d’auteur, le théâtre français et l’Avia Club » (Jean-Paul Belmondo).

« Marielle n’abîmait pas son talent dans les rôles de petits cons, d’insignifiants phraseurs, de chipoteurs du quotidien. Les siens étaient gratinés, majestueux, outranciers, exagérément libidineux, tous dépassant les limites de la moralité » (Jean-Pierre Marielle).

Imaginons un instant le retour de Sacha Guitry parmi nous, l’homme à la langue précise, précieuse sans jamais être ridicule, affutée, brillante, piquante souvent, mais aussi admirative. Une langue qui ne s’autorisait aucun débordement, aucune faute de goût, aucune vulgarité, qui s’inspirait des grands prosateurs français, une langue vivante et vibrante. Une langue admirative des grands Hommes qu’il croisa dans sa vie virevoltante, qu’il croisa, qu’il vit, écouta ou qu’il lut.

Ecritures carnassières, Ervé (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Avril 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Editions Maurice Nadeau

Ecritures carnassières, Ervé, Editions Maurice Nadeau, Coll. A vif, avril 2022, 150 pages, 17 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Dans la droite ligne de cette nouvelle collection A vif dirigée par Adeline Alexandre et Delphine Chaume, les Editions Nadeau publient un ouvrage témoignage rendant compte d’un itinéraire asocial. L’auteur, pseudonyme Ervé, est une de ces ombres de la rue qu’on aperçoit à peine, qu’on croise avec une inattention répétée, dont on oublie ou dont on nie inconsciemment et immédiatement la réalité.

Retiré à sa mère à l’âge de six mois par décision de justice, Ervé enfant passe d’une famille d’accueil à un foyer de la DDASS aux règles de vie monacales, dans le département du Nord économiquement sinistré. Mais dans le temps de l’écriture, Ervé est un SDF (acronyme pour l’anonyme moderne qu’est ce marginal ne pouvant être localisé à une adresse « citoyenne »).

Entre ces deux époques, Ervé traîne une existence chaotique, fracturée.

Soit !