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Les Livres

Comme si c’était hier, Ariane Dreyfus (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 01 Juin 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions Tarabuste

Comme si c’était hier, avril 2022, 292 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ariane Dreyfus Edition: Editions Tarabuste

 

« La pelouse épanouie

“Venez courir ! Venez courir !”

La petite, l’éclat-fille,

Bondit hors du repas

Rapide comme une balle intacte

Puis roule dans le sommeil,

Carrosse jusqu’au jour,

Ce portail invisible.

Nous restons dans nos chaises

Où s’appuient nos entrailles.

A propos de Anéantir, Michel Houellebecq (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mercredi, 01 Juin 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Flammarion

Anéantir, Michel Houellebecq , Flammarion, janvier 2022, 736 pages, 26 €

 

Il n’y a que la fiction qui sauve :

On ne lit pas Houellebecq comme on lirait un manuel de pensée positive ou un traité de sociologie. Le titre de son dernier roman, anéantir, présuppose une force violemment négative qui réduit l’homme et la civilisation à néant. Son précédent roman, Sérotonine, s’annonçait déjà « en chemin vers l’anéantissement ». Celui-ci raconte une histoire d’agonie, un face à face avec la mort, ce « néant radical et définitif » et creuse le trou des ténèbres avec une vitalité désespérée. La menace de désintégration, c’est toujours aussi chez Houellebecq les effets désastreux de la post-modernité : une vacuité absolue qui déstructure l’homme et ruine les valeurs humaines « dans un gigantesque collapsus ». Mais Houellebecq n’est ni un sociologue, ni un homme politique, ni même un philosophe : c’est un écrivain qui s’affirme d’essence baudelairienne, obsédé par la mort, la débauche et la nuit, accablé par la solitude et l’ennui, un écrivain à l’humeur ironique mais jamais démonstrative. A quoi bon s’indigner de son inadéquation morale si, comme l’affirmait Baudelaire accusé lui aussi d’offense à la morale publique, l’artiste ne poursuit pas un but moral et « n’a pas la vérité pour objet » ?

Le semeur de peste, Gesualdo Bufalino (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 31 Mai 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Cambourakis

Le semeur de peste, Gesualdo Bufalino (Diceria Dell’Untore, 1992), trad. italien Ludmilla Thévenaz, 205 pages, 10 € Edition: Cambourakis

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,

Et d’un grand crucifix décoré seulement,

Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,

Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ;

 

(Baudelaire. Les phares)

 

Clairement, ce roman plonge ses sources dans un moment essentiel de la vie de son auteur. En 1943, Bufalino fut capturé par les Allemands, réussit à s’évader, et contracta quelque temps plus tard, en 1946, une grave tuberculose qui le conduisit dans un sanatorium près de Palerme. C’est cet épisode terrible, l’enfermement médical qui constitue le cadre de roman, sa source, son inspiration.

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 31 Mai 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La Brune (Le Rouergue), Histoire

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte, Le Rouergue, La Brune, mars 2022, 373 pages, 22 €


De temps à autre, les colonnes des magazines, ou les sujets d’actu télévisuels éclairent ce qu’on nomme presque pudiquement « un scandale d’enfants abusés » dans le sport, l’enseignement, l’enfer du privé des familles d’accueil, les colonies de vacances… Le mot enfant qu’on voudrait tant associer au bonheur et à la sécurité, semblant aller aussi, depuis le fond des temps, de pair avec l’abus et le malheur. Presque aussi répugnants que les faits eux-mêmes, le déni, le refus d’assumer des agresseurs, et, non moins terribles, les diverses façons des institutions de « couvrir » les accusés ou de passer le tout à l’éteignoir… Qui d’entre nous n’a encore en fraîche mémoire – faits tonitruants toujours en cours judiciaire – les si nombreux enfants abusés par des prêtres catholiques et la difficile acceptation des crimes par la hiérarchie d’une Église aux abois.

Le Temps des secrets, Marcel Pagnol (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 30 Mai 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le Temps des secrets, Marcel Pagnol, mars 2022, 264 pages, 8 € Edition: Grasset

 

Trente-deux ans après qu’Yves Robert a adapté au cinéma La Gloire de mon père (1957) et Le Château de ma mère (1958), c’est Christophe Barratier, le réalisateur des Choristes, qui adapte Le Temps des secrets (1960), le troisième volet des Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol. Certes, Le Temps des secrets et Le Temps des amours avaient fait l’objet d’une adaptation télévisuelle en 2007, mais la sortie sur grand écran est une belle occasion pour Grasset pour rééditer ce troisième volet dans une belle petite édition de poche agrémentée d’un cahier de photos du film – qui, ainsi que la bande-annonce, incitent à se dire qu’il s’agit d’une belle ode ensoleillée à une Provence et une enfance désormais révolues. Certains hurleront à la nostalgie, voire verront dans ce film des intentions fâcheuses, comme à chaque fois que le vrai en nous est célébré autrement que par le laid – laissons hurler les loups, et replongeons-nous dans Le Temps des secrets (avant d’aller le voir au cinéma avec des enfants dont l’âge oscille entre celui de Petit Pierre et celui du jeune Marcel, de Lili, son ami provençal, et d’Isabelle, celle avec qui il découvrira qu’aimer, c’est intense).