La campagne présidentielle de 1981 opposa, le tri étant fait des candidats plus ou moins fantaisistes dont personne, pas même eux, ne pensait qu’ils pussent atteindre le second tour (Huguette Bouchardeau, Arlette Laguiller, Marie-France Garaud, Michel Crépeau, Brice Lalonde, etc.), le président de la République sortant, Valéry Giscard d’Estaing, à son adversaire socialiste, François Mitterrand. Dire que l’un était de droite et l’autre de gauche eût été aller vite en besogne tant, à cette époque déjà, ces repères idéologiques a priori simples avaient commencé à se brouiller. Mitterrand était parvenu à s’imposer comme le champion des socialistes, en faisant oublier qu’il n’était pas issu de leurs rangs et en jetant le voile de l’oubli (qui se déchirera plus tard) sur les amitiés et les engagements de sa jeunesse. Quant à Giscard, aucun droitard digne de ce nom ne pouvait le considérer comme un des siens. Droitard, maurrassien, monarchiste, Pierre Boutang le fut autant qu’on pouvait l’être, qui dirigea jusqu’en 1967 un hebdomadaire, La Nation française, où s’exprimèrent des écrivains aussi doués qu’Antoine Blondin, Roger Nimier, Philippe Ariès ou Louis Pauwels.