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Les Livres

Les Nuages, Juan José Saer (Par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, En Vitrine, Le Tripode

Les Nuages (Las Nubes, 1997), Juan José Saer, éditions Le Tripode, octobre 2020, trad. espagnol (Argentine) Philippe Bataillon, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

Nos bien connus Pigeon et Tomatis * ouvrent cet ouvrage – écho à une autre grande œuvre de Juan José Saer, l’enquête, dont nous avons parlé ici-même. Les deux amis, éloignés comme toujours par l’Océan Atlantique – l’un est à Paris et l’autre en Argentine – correspondent toujours et, dans une lettre, Tomatis annonce à Pigeon l’arrivée prochaine d’un envoi mystérieux, de la part de Marcelo Soldi que Pigeon avait déjà rencontré, et qui va prodigieusement l’intéresser. Et « À peu près un mois plus tard, l’envoi était arrivé ! c’était une enveloppe de taille moyenne protégée par une garniture intérieure de plastique à bulles, autocollante mais que Soldi, par précaution, avait fermée avec du ruban adhésif transparent, et qui contenait une lettre assez longue et une disquette d’ordinateur ».

Comme dans L’enquête, le roman va tourner autour d’un manuscrit ancien retrouvé qui va en fait constituer le roman entier, Soldi, l’expéditeur, allant jusqu’à en suggérer le titre en nommant le manuscrit.

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay (Par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Gallimard

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay Gallimard, mai 2022, 112 pages, 12,50 €

 

Image peinte/image écrite

Le dernier recueil de poésie de Daniel Kay permet de disserter sur la relation de l’écrit et du peint. Peut-être est-ce stricto sensu une illustration du ut pictura poesis tiré de l’art poétique d’Horace, ici appliqué à la lettre si je puis dire. Et puis, à la fin de la lecture de ce recueil, j’ai trouvé à quoi correspondait le mieux cette tentative de faire de la poésie conçue comme image. J’ai pensé aux premières statues du Trocadéro à Paris, emballées par Christo. Là était le secret pour moi d’une langue qui enveloppe la chose, qui rend l’œil actif. Le poème est une espèce de pellicule qui se saisit de son objet par les voies de la clarté du rendu, du modelé. Et cela sans hésiter à aller chercher dans la philosophie ou la linguistique. Donc des tableaux écrits.

Le Seigneur des Anneaux, L’Intégrale, J. R. R. Tolkien (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 22 Août 2022. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Science-fiction, La Une Livres, Iles britanniques, Pocket

Le Seigneur des Anneaux, L’Intégrale, trad. anglais, Daniel Lauzon, 1600 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): J. R. R. Tolkien Edition: Pocket

 

 

Entre 2001 et 2003, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a proposé au monde une certaine vision du Seigneur des Anneaux en trois films qui ont rencontré l’assentiment de la critique et un vaste succès public, surtout après les sorties en dvd de versions longues qui ont fait les délices d’innombrables soirées entre amis ou en famille. C’était il y a vingt ans, c’est ainsi qu’existe désormais majoritairement dans l’imaginaire collectif la trilogie de Tolkien, du moins pour un grand public à qui l’on propose, au travers d’innombrables adaptations cinématographiques ou télévisées, d’oublier de lire pour regarder, que ce soit un film ou une série n’y change rien, et donc adopter un point de vue spécifique sur un récit. Pour peu, on en oublierait qu’existe un livre, c’est-à-dire une ouverture absolue à l’imaginaire dont les descriptions nécessairement incomplètes incitent à se faire son propre… film.

Matière d’Outre-Atlantique Emmanuel Laugier : Poèmes du Revoir américain (par Alain Mascarou)

, le Lundi, 22 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

ou petit feu gitan ordinairement muet (1)

 

L’orientation des lectures d’Emmanuel Laugier révèle en lui rien de moins qu’un radiesthésiste, un détectoriste de métaux. Le poète est attentif à percevoir des ondes stimulatrices au secret des terres, des âges et des œuvres, d’Est comme d’Ouest. Qu’il s’agisse du tchernoziom fertile de Mandelstam dans Chant tacite, comme ici de Robert Creeley et de ses cavernes à peintures, ces références sont exemplaires d’un ressourcement en amont de l’histoire de l’homme. Elles jalonnent un exil libérateur – qui est aussi éloignement géographique pour le Revoir américain. Le paradoxe d’ailleurs se redouble, à constater que le créateur avait anticipé les découvertes du lecteur : l’auteur de L’Œil bande, des Crâniennes, explorait déjà à travers ses motifs et modes d’écriture le filon d’une poétique du desserrement formel, mental, où l’oralité prend le pas sur l’écrit.

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed (Par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 19 Août 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed, mars 2022, 280 pages, 7,40 € Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Alexandre oublie un soir dans le métro parisien une sacoche contenant son ordinateur, lequel recèle, outre divers éléments personnels, le début d’un roman dont il a suspendu l’écriture, faute de savoir quelle suite lui donner. Le sujet : Sophie Van Er Meer, en conséquence d’un accident de la route, se retrouve affligée d’un mystérieux handicap : elle parle avec un étrange accent dont aucune thérapie ne parvient à la guérir et tombe en dépression. Là avorte le roman.

Désiré, immigré mauricien, balayeur municipal, trouve le sac, ouvre l’appareil, lit l’histoire… et s’impose à lui l’absolue nécessité de sortir Sophie de son état morbide. Ne sachant pas très bien écrire, il se fait aider par Marie, une bénévole de la soupe populaire à laquelle il a nécessairement recours pour se nourrir régulièrement, pour contacter Alexandre par courriel et lui proposer un singulier marché : il lui rendra son bien si l’auteur accepte en échange d’offrir à son personnage une porte de sortie ouvrant sur la voie d’une vie nouvelle où son accent ne constituera plus un attribut handicapant.