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Les Livres

L’inventeur, Miguel Bonnefoy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Rivages

L’inventeur, Miguel Bonnefoy, éditions Rivages, août 2022, 200 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages

 

Miguel Bonnefoy est un auteur qui aime nous familiariser avec des destins extraordinaires : celui de la famille de Michel René Lonsonier, contraint de quitter son Jura natal au milieu du 19ème siècle, après que l’épidémie de phylloxéra a tué la vigne, pour s’installer au Chili, dans Héritage. Dans Sucre noir, Severo Bracamonte part à recherche d’un trésor dans un village des Caraïbes. C’est l’occasion de brosser un tableau du passé de cette région, d’hommes en proie à leurs désirs, à des revers de fortune aussi.

Miguel Bonnefoy ne déroge pas à cette règle dans son nouveau roman : L’inventeur. Il y décrit le parcours d’Augustin Mouchot, fils de serrurier, professeur de mathématiques, qui découvre l’énergie solaire au beau milieu du XIXe siècle. Les étapes de la mise au point de cette invention sont abondamment relatées dans le récit. Elles sont marquées par les difficultés rencontrées par Mouchot pour faire connaître son invention, la populariser auprès des dirigeants et sommités du moment :

Poèmes vernaculaires, Les Murray (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Océanie

Poèmes vernaculaires, Les Murray, éditions De Corlevour, août 2022, trad. anglais (Australie) Thierry Gillybœuf, 112 pages, 18 €

Des choses

Le sel actif qui persiste après la lecture de cette belle traduction très récente de Thierry Gillybœuf de Les Murray, le grand poète australien, c’est la combustion des mondes dans la poésie agissante en sa réalité mondaine avec son idiotisme, combustion qui implique le combustible de la langue elle-même, laquelle fige les choses, ou observe l’inertie des choses, transforme tout en chose. De là, une vision du monde extraordinairement complexe. Celle d’un poète parataxique, fait de fragments de compréhension et d’énigme. Une force surgit en tout cas.

 

L’infâme météorite est en route pour éteindre le monde,

c’est sûr. Mais regarde bien, et sa menace remplit ta journée.

Les braves ne meurent-ils qu’une seule fois ? Je pourrais le faire cent fois par semaine,

cramponné à mon pouls avec le bord du monde à portée de main.

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 16 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Histoire, Arléa

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet, mars 2022, 158 pages, 10 € Edition: Arléa

Sans haine mais sans oubli n’est pas une œuvre de fiction, mais un témoignage, comme on en écrit parfois lorsque le temps des épreuves a passé et qu’on a traversé les cercles de l’enfer. Suzanne Maudet n’est pas et n’a jamais voulu être écrivain, avec tout ce que ce terme implique. La diffusion manuscrite de son texte demeura longtemps limitée à l’intimité familiale et amicale. En 1961, une tentative de publication dans un grand magazine féminin n’aboutit pas. Suzanne Maudet est décédée en 1994 et n’a jamais vu son texte paraître « en belle forme de livre » (même si ce qu’il est convenu d’appeler la « littérature secondaire » s’est déjà emparée du récit, avec le livre de Gwen Strauss, The Nine. The True Story of a Band of Women Who Survived the Worst of Nazi Germany, 2021). Arrêtée en mars 1944 pour faits de résistance, elle fut déportée en Allemagne comme prisonnière politique, statut qui lui garantissait sur le papier une relative chance de survie. Le camp où elle était internée fut évacué en catastrophe face à l’avancée des troupes américaines (avril 1945) et les déportées, au nombre de cinq mille, obligées de former une longue file humaine serpentant à travers la campagne allemande.

Paris, 40 personnages qui ont fait Paris, Jean-Michel Billioud (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 16 Septembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Paris, 40 personnages qui ont fait Paris, Jean-Michel Billioud, mai 2022, ill. Gazhole, 96 pages, 12,50 €

 

Fluctuat nec mergitur

Victor Hugo et la cathédrale Notre-Dame de Paris apparaissent en relief brillant sur la magnifique couverture rouge du livre intitulé Paris, 40 personnages qui ont fait Paris. Ce guide est élaboré par Jean-Michel Billioud, né en 1964 à Marseille, formé en histoire à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et en journalisme à l’Institut Français de Presse, qui a écrit de nombreux livres à destination de la jeunesse ainsi que des essais et des ouvrages de vulgarisation historique. Il est illustré par Gazhole, originaire de Nîmes, formé aux métiers du cinéma et de l’animation, dessinateur et réalisateur de séries animées, illustrateur pour la presse et la littérature jeunesse. Ce livre pilote donne lieu à une déambulation à travers les siècles et les grands moments de l’histoire de la capitale, en un condensé ingénieux.

Au regard des visages, Essai sur la littérature française du XXe siècle, Marie-Annick Gervais-Zaninger (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 15 Septembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Hermann

Au regard des visages, Essai sur la littérature française du XXe siècle, Marie-Annick Gervais-Zaninger, 400 pages, 39 € Edition: Hermann

 

 

On sait, depuis Emmanuel Levinas, que le visage n’est pas tant une forme sensible que la résistance opposée par autrui à sa propre manifestation : rencontrer un homme, c’est être tenu en éveil par une énigme. Cette énigme de la rencontre intersubjective, la littérature n’a cessé de la traquer au XXe siècle, en un vaste panorama que Marie-Annick Gervais-Zaninger tente, avec beaucoup d’érudition, dans une langue parfois pâteuse mais toujours précise, de restituer. Son ambition, quelque peu titanesque, est d’entrecroiser discours savants et œuvres artistiques afin de mettre au jour, de Narcisse à Lacan, de Levinas à Yves Bonnefoy, ce que le visage a pu produire de trames conceptuelles.