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Les Livres

Le Premier Rayon de Soleil, Alain Millet (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Le Premier Rayon de Soleil, Alain Millet, éditions L’étagère du bas, juin 2022, 31 pages, 11 €

 

Jours de sécheresse

Le Premier Rayon de Soleil annonce l’arrivée du printemps, de la douceur, somme toute du renouveau. Ce bel album moderne, de format carré, maniable pour les petites mains, est entièrement conçu par Alain Millet, diplômé des arts Décoratifs de Paris, enseignant dans une école d’art à Aix-en-Provence. La couverture offre une scène de jeu et d’acrobatie. Les pages de garde présentent des reflets sur un mur sablé. L’image de la couverture n’est autre qu’une photographie d’une famille d’une espèce particulière, entre le loup, le renard, le chien et le lapin (à cause de leurs grandes oreilles). Les parents, Lila, Lino et leur fils Léo doivent quitter leur lieu d’origine. Un soleil brûlant a asséché la terre de leur ferme, leur rendant la vie impossible.

Ma vie de cafard (My Life as a Rat), Joyce Carol Oates (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA, Roman

Ma vie de cafard (My Life as a Rat), Joyce Carol Oates, éd. Points, octobre 2021, trad. anglais USA, Claude Seban, 456 pages, 8,30 €


« Une famille ressemble à un arbre géant. Il peut être gravement atteint, en train de mourir ou de pourrir, ses racines restent inextricablement enchevêtrées ».

Des coins un peu perdus, là-haut, au nord de l’état de New York, pas loin de Buffalo, au bord des Chutes dont le bruit roulant – et la brume constante – émaillent tout le livre. Des coins « province » avec leur way of life particulière, une société coupée entre petits blancs propres sur eux et noirs vite assimilés à la racaille. Années 70/80, pas encore la grande désindustrialisation du nord, mais déjà, une société qui se sent basculer vers du moins bien.

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine, Les Belles-Lettres, mai 2022, trad. italien, Luc Hersant, 116 pages, 15 € Edition: Les Belles Lettres

 

George Steiner est mort le 3 février 2020 à son domicile de Cambridge et le monde est désormais un endroit moins intéressant. Puisque les mathématiciens et les astrophysiciens postulent l’existence d’une infinité d’univers infinis dans une infinité de dimensions, il n’est pas exclu que dans l’un d’eux ou l’une d’elles, Steiner poursuive le dialogue entamé en sa prime jeunesse avec les grands créateurs du passé (il affirmait pour sa part ne pas croire à une forme de vie après la mort). Mais, dans notre monde et notre dimension, c’est hélas fini, même s’il n’est pas impossible que les années à venir apportent la publication de cours, de textes oubliés, voire d’authentiques inédits, comme dans le volume du Pr. Nuccio Ordine. La première partie est constituée d’une série de chapitres brefs, où le savant italien parcourt les grands thèmes de l’œuvre de Steiner. La seconde partie s’ouvre sur un « Entretien posthume ». L’exercice consistant à faire parler les morts se pratique couramment depuis l’Antiquité, mais il s’agit en l’occurrence de la transcription d’un entretien que Steiner a réellement donné à Nuccio Ordine en 2014 et dont le texte ne devait être divulgué qu’après son décès.

Nous nous aimions, Kéthévane Davrichewy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Nous nous aimions, Kéthévane Davrichewy, août 2022, 145 pages, 19 € Edition: Sabine Wespieser

 

Le titre même du roman fait appel au sentiment de nostalgie et de durée, par l’emploi de l’imparfait. Kéthévane Davrichewy décrit dans ce roman sensible le parcours de deux sœurs, Kessané et Tina, qui se sont établies en France mais retournent régulièrement en Géorgie passer leurs vacances sur la terre de leurs ancêtres caucasiens. Leur mère, Daredjane, tient à la préservation de ce lien, de ces racines ; elle espère que son époux, Tamaz, les rejoindra dans leur résidence du Vésinet, pour y couler des jours heureux avec elle et ses filles.

C’est la force et l’omniprésence des souvenirs de l’enfance et de l’adolescence qui marquent de leur empreinte les vies de Kessané et de Tina. La première se confronte aux premières épreuves humaines, teste les qualités et défauts de son propre corps : « Elle fait l’apprentissage de la solitude. Elle y tient et aime de plus en plus s’endormir seule. (…) Elle s’examine sans complaisance, de la tête aux pieds. Elle aime bien ses épaules, pas ses bras. Ses jambes, pas ses pieds. Ses seins, ça dépend des jours et des poses qu’elle prend ».

La Puissance des ombres, Sylvie Germain (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Albin Michel

La Puissance des ombres, Sylvie Germain, Albin Michel, mai 2022, 214 pages, 19,90 €


Sylvie Germain, romancière de l’intime, irrésignée à la souffrance du monde, poursuit une œuvre singulière toute en finesse, aux récits d’une étrangeté poétique avec des personnages déjantés. La Puissance des ombres, son dernier livre, pourrait servir de titre à un roman fantasy voire à un jeu vidéo, mais l’imaginaire foisonnant de l’auteure, nourrie de mythes et de fables, est d’une autre épaisseur. La belle photo de couverture témoigne de son esthétique du clair-obscur. Va-t-on lire un polar ? La quatrième de couverture qui le suggère : « L’un des invités tombe du balcon et se tue. Qui sera le suivant ? » met le lecteur sur une fausse piste. L’énigme policière du premier chapitre (« S’agit-il d’un accident, d’un suicide, d’une attaque déguisée, d’un règlement de compte ? Mystère ») se clôt très vite. L’enjeu de ce roman noir se trouve ailleurs : en exergue, les deux penseurs chrétiens, Pascal et Bernanos, laissent pressentir sa teneur métaphysique.