Lorsqu’elle mourut, par une nuit d’automne, Yumma Yaya, cette femme dont le visage anonyme déambule dans mon esprit brûlant d’amour, fut élevée au rang de sainte par ses adorateurs qui étaient des membres puissants et riches de la noblesse benjoyienne. Quelques jours à peine après son décès, pour rendre hommage à celle qui fut leur oracle, ils érigèrent, sur le sommet de la Montagne Sacrée, un mausolée qu’ils baptisèrent Akham Lehna Negh – la Maison de Notre Bonheur –, où son corps, jamais décomposé, fut enseveli dans une pièce étroite, minuscule, toute rikiki qui ne se désemplissait jamais.
Jamais ?
Jamais ! Car cette femme, amour de mon espoir désespéré, avait la réputation de posséder des pouvoirs extra-ordinaires qui produisaient des miracles et faisaient envier les oracles du monde entier : des pouvoirs aux vertus réparatrices, des dons guérisseurs, des rêves hallucinatoires, des visions extrasensorielles, une ouïe surdéveloppée, le pouvoir de repousser les forces du mal et de les engloutir dans les eaux impures de l’abjection produisait des miracles.