– Toma, tu en es certaine, ce n’est pas un prénom ?
– Demande aux Turcs et tu verras ce qu’ils te répondront !
Geneviève expliqua alors qu’elle avait photographié sous plusieurs angles un de ces engins, le #3850, lors d’un séjour à Istanbul. C’était une sorte de petit camion qui pourrait faire penser à un jouet mais un jouet pour de vrai, spécialisé dans la lutte contre les manifestants. Peut-être d’ailleurs existait-il des versions miniatures à destination des petits garçons turcs des célèbres camions des forces de l’ordre ? Compact, massif, refermé sur lui-même par sa carcasse blindée qui descend même jusqu’aux roues. Il lui rappelait un peu les camions de transfert de fonds de la Brinks qu’elle évitait de suivre dans les rues, de peur d’une attaque, d’un braquage sanglant. C’est l’avant du Toma qui le rendait parfaitement monstrueux lorsqu’il était équipé d’un pare-buffle noir, partant non pas à la chasse aux herbivores ou félins de la savane, mais à celle des opposants, lorsque son pare-brise était protégé d’une lourde grille, comme une sorte de casquette ou de moucharabieh maléfique. Et c’était surtout son puissant « lance eau », pareil à une antenne d’un terrifiant insecte de science-fiction, implanté sur le toit de la cabine que tout le monde redoutait.