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La Une CED

Carnets d’un fou – XXXIV Novembre 2015, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

 

Est-elle écrite quelque part, en latin, en castillan ou en arabe, l’infernale sentence donnée pour espagnole et qui tant me plaît. Ne la trouvant pas, sauf dans une version française, je la réinvente : « Más vale visitar el infierno mientras estés en vida que después de muerto ». Mieux vaut que tu visites l’enfer de ton vivant qu’après ta mort.

Michel Host

 

# Visiter l’enfer ? C’est chaque jour que Dieu fait. Comment avez-vous pu ne pas vous en apercevoir ? C’est notre condition. Que nul ne doute, même pas moi-même, de ma joie de vivre.

Aharon Appelfeld, une mémoire en miettes

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 21 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

« La littérature ne doit pas essayer de retranscrire l’histoire mais de révéler la vérité au sein de la vérité. C’est la tension continue entre le particulier et le général qui donne l’œuvre. Le particulier seul ne donne que la mémoire ou l’histoire. Le général seul ne donne que la philosophie ou la sociologie. Seule la confrontation entre les deux permet d’écrire. Mon particulier aura été la catastrophe, le ghetto, la forêt, la mort aux trousses. Le général pour moi est l’homme qui souffre et qui cherche l’amour. Pour moi les mots ne sont pas des pierres, mais des êtres vivants », Appelfeld, juin 2011 à Toulouse.

 

L’inimaginable – et non pas l’indicible – ne se partage pas. L’horreur ne se dit pas, l’horreur se réfugie dans une omerta codifiée. Récente, elle est inaudible pour celui qui n’en a entendu que l’écho ou n’en a vécu que les frimas. La plupart se détourne des fantômes hébétés qu’elle a laissés derrière elle. Leur regard brûlé à jamais leur est aveugle. Il faut reconstruire, il faut se reconstruire et reconstruire signifie souvent oublier, passer à autre chose, s’étourdir, vivre enfin et faire comme si rien ne s’était passé. Certains vont jusqu’à affirmer qu’elle n’a jamais existé. L’abject ne peut être humain. D’autres qui ont la lâcheté plus objective, pensent sans oser le dire que si elle s’est abattue – en grande partie – sur le peuple juif, marquant de ses violents stigmates son particularisme et son individualité, c’est qu’il y a certainement des raisons, des raisons qui leur échappent, mais sûrement de bonnes raisons.

7 poèmes de "Porté par le silence", Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Dans cet ici dressé vers l’aube à poindre,

qu’un seul des éléments se meuve et les autres sauront

appareiller, trouver cap par les termes

 

Quand tout s’attarde enlacé par la nuit

 

on offrirait au moins allant des verbes

des compléments marins, même approximatifs,

qu’il largue son gris-bleu et démarre

« Ce soir, on répète », par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 19 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

L’assiette du lieu estoit très belle et agréable ; ayant la veue de la montagne et de la plaine, et mesme de la délectable rivière de Lignon, depuis Boën jusques à Feurs

Honoré d’Urfé

 

A Jean-Claude Berutti

 

Le château de Goutelas entre dans l’ombre rapide de décembre, faisant disparaître au-delà des douves herbeuses le paysage de l’Astrée. Le temps du théâtre peut commencer, non pas le théâtre du plateau, des lumières, des décors, de la salle impatiente, mais celui de son étrange laboratoire : la répétition. Un metteur en scène (Jean-Claude Berutti) assis derrière une longue table chargée de livres, de feuillets épars, regarde, intervient, fait des gestes, demande de reprendre aux deux comédiens qui lui font face (Christian Crahay et Nicole Olivier), dans une salle à la moquette rouge, sous la charpente du château.

Un poète du désir - à propos des Sonnets de Germont

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Sonnets de Germont, éd. La coopérative, 2015, 9 €

 

Le premier livre de la jeune maison d’édition La coopérative, dirigée par Jean-Yves Masson et Philippe Giraudon, prête la voix à une poésie très écrite, très cadencée et presque classique, d’une certaine manière académique – dans le sens d’une application consciencieuse –, et cette dernière épithète ne me fait pas peur. Car ce livre, écrit par un jeune homme de vingt-et-un ans, au milieu des années 80, qui est resté inédit trente ans dans les cartons de Jean-Yves Masson, résiste à notre époque d’aujourd’hui justement parce qu’il est d’une facture simple et harmonieuse. Pour mon propre compte, j’ai d’ailleurs aimé cette « humeur » (le mot mood en anglais est peut-être plus juste), ce chuchotement des années 80, qui suggère un air du temps que j’ai connu au même âge que le poète Germont, un temps pour finir assez sombre et angoissant. Ce furent pour moi aussi, des années de désir, de ce désir de jeune personne éprise du jeu de hasard de la beauté, guidée par une étoile vers l’amour de l’autre, et sujet à cette angoisse de mourir.