Un livre simple qui raconte avec tendresse et ironie une histoire comme on en a tous dans nos familles. Ce qui en fait la particularité est sa judéité qu’elle refuse ou cache délibérément par peur qu’elle ne la stigmatise et ne la désigne pour de nouveaux crématoires. Au sein de cette famille, un seul résiste à ce déni collectif orchestré avec l’approbation de tous, un grand-père pouilleux qui s’obstine à ne parler que le yiddish et que son entêtement a rendu imperméable aux autres. Ancien boucher, peut-être a-t-il également été un cosaque, on ne le saura pas, il est l’idiot utile, celui qui fait bouillir la marmite, et le pestiféré de la famille, coupable d’être ce qu’il est comme ce qu’il n’est pas. Ses enfants le méprisent ou l’ignorent, sa femme l’honnit, préfère ses bonnes œuvres, et des années durant a pour amant le président de l’Amicale Israélite. Le quotidien de la famille brinquebale autour d’évènements que nous connaissons tous, mariages, divorces, ruptures, mensonges, problèmes matériels et anecdotes tristes ou drôles. Lorsque meurt enfin le vieil homme, tous n’ont qu’une hâte, celle de se débarrasser au plus vite de tout ce qui serait susceptible de l’évoquer, comme s’il n’avait jamais existé.