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La Une CED

Sur les pas égarés de l’Autre, Lettre à un passant, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 15 Juin 2016. , dans La Une CED, Nouvelles, Editoriaux

 

Ô Vous !

Voilà plus d’un an que je vous vois passer sous ma fenêtre ; tous les matins, vous allez ; tous les soirs, vous revenez. Vous marchez au rythme du temps qui passe. Au milieu de la rue étroite, vous avancez d’un pas lent et nonchalant. Vos yeux se promènent partout. Ils s’arrêtent sur le moindre détail des choses de la rue. Sauf sur ma fenêtre, ma tour d’ivoire, mon refuge, ce lieu qui éclaire mon jardin intérieur et égaye mes nuits tristes et monotones.

Voilà plus d’un an que tous les matins, parée de mon beau caraco brodé de fils d’or et de pierres précieuses venus du pays de mes rêves déjantés, je chante ma peine. Pendant que vous passez, mes yeux caressent tendrement votre silhouette qui hante mon esprit avide de vous connaître, de savoir qui vous êtes.

Dites-moi, Ô Passant, pourquoi vos pas sont-ils si lourds ? Comme s’ils avaient du mal à vous porter ?

Voilà plus d’un an que l’envie de vous prendre par la main ébranle ma pudeur, inonde mon corps, submerge mon esprit, me possède, me féconde, me berce, me fait gémir de plaisir.

Orphée du fleuve, Luc Vidal (4)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 15 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Orphée du fleuve, Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, 1999, 197 pages, 18 €

 

4. Écrire le mouvant poème, connaître les géographies du cœur. Luc Vidal, un poète, un éditeur pionnier.

Poète, de surplus poète du monde ouvert à la rencontre, Luc Vidal se nourrit des mots des autres poètes. Des toiles vivantes des peintres. Du poème vivant. D’ailleurs, des tableaux-poèmes se dessinent dans les Paysages fabuleux de l’Orphée du Fleuve. Ici,

« Un grand cheval rouge fait le tour de tes rêves

Et sur ta peau rougira le bonheur »

Là,

Le bonheur par la lecture : En hommage à Tahar Djaout, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 14 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« Quand je l’ai accueilli en invité dans mon émission télévisée Akwas, quelques mois avant son assassinat, Tahar Djaout était lui-même, courageux, artiste, visionnaire, lucide, transparent, passionné de la lecture… Merci Tahar Djaout tu ne mourras jamais. Merci Tahar on ne t’oubliera jamais. Salut l’ARTISTE ! »

La lecture est le sel de la vie.

Un bon écrivain est d’abord et avant tout un très bon lecteur. L’écriture en elle-même est un exercice continu de la lecture. Une autre lecture qui se fait en souffrance, dans la souffrance pour combattre la souffrance. Les écritures, peu importe le temps ou la langue d’origine, se communiquent entre elles à travers les lectures.

Un bon citoyen c’est d’abord et avant tout un lecteur ! Il n’y a pas de citoyenneté sans la lecture de plaisir, celle qui garantit et renforce la liberté. La lecture est le chemin vers la citoyenneté, vers le vivre ensemble, vers le bonheur partagé, le droit partagé, le devoir partagé, la patrie partagée et protégée !

A propos de Lettres imaginaires de Mary Butts, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 11 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Un certain amour

à propos de Lettres imaginaires de Mary Butts, éd. Le lavoir Saint-Martin, 2016, dessins de Jean Cocteau, 15 €

 

J’ai quitté avant-hier le film de Xavier Dolan, Les Amours imaginaires, pour lire les Lettres imaginaires de Mary Butts illustrées par Jean Cocteau. Je sais, par ailleurs, de la bouche de Marie-Noëlle Chabrerie, la directrice des éditions Le lavoir Saint-Martin, que ce livre ne trouve pas suffisamment son public malgré le niveau d’exigence très élevé et la possibilité assez rare de feuilleter des dessins de Cocteau, inédits en France. Ces deux choses – la proximité du film et celle de Cocteau – m’incitent à essayer de déceler dans ce texte de M. Butts les clés de l’esprit « Queer », tel que l’envisagent les défenseurs des droits des homosexuels. Donc, regarder dans ce texte l’homophilie, car certaines lettres de l’ouvrage portent directement sur un jeune homme aimant les hommes.

Orphée du fleuve, Luc Vidal (3)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 09 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Dans le récit orphique de la quête amoureuse figurée par la poésie de Luc Vidal, les éléments naturels investissent le quotidien, toile de fond des rencontres, de l’existence – « le monde soleil joie du monde », la pluie ensemençant le rire des enfants, « un étrange poisson (parfois frais comme une jeune fille surgie de la dernière pluie) venu la nuit » sur « la ligne du cœur » et venant « boire l’oxygène de nos jours », quelques prénoms, des oiseaux du chagrin ou de l’insomnie sortant de la forêt des signes, « agrandissant le souffle des poumons », les chevaux innocents, le bleu des abeilles dans les ruches miel à l’horizon du regard amoureux…

3) Une poésie au cœur du monde. Correspondances baudelairiennes

« Ouvrir la porte aux amis des rencontres » : la poésie de Luc Vidal s’écrit sur le seuil des rencontres, rencontre amoureuse ou rencontre amicale, toujours prêtes de renaître, pérennes et fidèlement indemnes des basses tensions, coups bas, flux tendus, mesquineries piètres des trahisons humaines. Luc Vidal n’en parla pas, Orphée préférant en être revenu pour n’en pas revenir encore et toujours « de l’heure amoureuse là dans ton sourire » (Cent mille façons de tes étreintes).