Marche nocturne, par Alix Lerman Enriquez
Je marche sur le bitume écartelé
de la rue déjà roide de nuit.
Bitume quadrillé de silence,
écarquillé de noir, mal équarri.
Sous l’aridité des étoiles,
leur silence aussi,
je cherche en vain
des restes de rose
au parfum d’enfance oublié.
Mais je ne vois que
des ailes d’oiseaux froissées
hébétées de silence et de nuit.
Oiseaux tombés du ciel,
morts comme Icare
d’avoir volé trop haut
d’avoir voulu atteindre le soleil,
s’étourdir de ses flammes.
Je ramasse ces ailes brûlées :
parchemins blessés,
frêles feuilles de soie d’or
que j’enfouis en silence
dans ma sacoche de suie.
Ailes de soie piétinées de silence
par les pas solitaires des passants,
je vous recueille une à une,
je vous thésaurise, vous berce
dans votre cercueil de vieux cuir.
Vous, restes d’oiseaux inconsolables,
reliques de ma nuit !
Alix Lerman Enriquez
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