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La Une CED

Le Fort Intérieur et la sorcière de l’île Moufle, Stella Benson (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 07 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Le Fort Intérieur et la sorcière de l’île Moufle, Stella Benson, Editions Callidor, octobre 2020, trad. Faustine Lasnier, 272 pages, 19 €

 

Stella Benson écrit dans l’avant-propos à ce roman : « Ceci n’est pas un vrai livre. Il ne traite pas de vraies personnes, et ne devrait pas être lu par de vraies personnes non plus ». Voilà qui nous place d’emblée dans une position délicate, de quoi être déconcerté. Et ce n’est là que le début de l’aventure.

Le Fort Intérieur est un roman de fantasy mettant en scène une sorcière, dont on ne connaîtra jamais le vrai nom, et Sarah Brown, une femme pour le moins rêveuse, un peu maladroite et pleine de bonne volonté. Leur rencontre s’effectue à Londres, tandis qu’un comité de femmes, tourné vers l’aide aux plus démunis, est réuni. A noter que l’action se passe en pleine Première Guerre mondiale (le roman fut publié pour la première fois en 1919). Evidemment, l’arrivée de cette sorcière se fait de la façon la moins ordinaire. Ajoutons que les personnages de sorcières et de magiciens, dans l’univers de Stella Benson, sont des êtres bienveillants, ignorants des codes de la civilisation et dotés d’une certaine spontanéité enfantine.

Ici, Pierre Dhainaut (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 06 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Arfuyen

Ici, Pierre Dhainaut, éditions Arfuyen, février 2021, 96 pages, 12 €

 

Le poème horizon

Quel est cet ici ? Je n’ai trouvé la clé de ce livre vers la toute fin du recueil, d’une part parce que je me suis laissé imprégner, infuser par le texte, et aussi grâce au dernier chapitre qui m’a convaincu. De quoi ? Que la poésie peut penser, peut réfléchir, peut agir comme intellection. Ce poème-là n’est jamais une ornementation, mais un travail vers la nudité. Et céans, ce sont des images, une lumière nordiste à l’éclat blanc, transparent, presque froide. J’en parle en connaissance de cause ayant vécu deux ans à Valenciennes étant enfant, et mes premiers souvenirs d’écolier sont liés à cette lumière.

Cette clé dont je parle en supra, c’est donc l’horizon, celui de la Mer du Nord, ligne flottante qui indique une quête, qui collecte ce délinéament qui toujours se repousse, et ainsi recule en se rendant inatteignable. Cet horizon est encore celui du monde intérieur que le poète explore pour y fourbir son poème.

Pussyboy, Patrick Autréaux (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 02 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Pussyboy, Patrick Autréaux, éditions Verdier, mars 2021, 128 pages, 14 €

 

En regardant la photo du bandeau qui entoure la couverture du livre de Patrick Autréaux, Pussyboy, le lecteur qui s’attend à découvrir un roman pornographique sera étonné de ne pas s’y reconnaître. Le libertin esthète, qui compte discerner dans ce récit un livre érotique qu’on conserve précieusement à l’abri pour quelques privilégiés et qu’on dévoile comme un trésor précieux, sera déconcerté.

Certes, il y a bien dans ce roman une intrigue. Le narrateur de ce récit nous introduit dans une rencontre hasardeuse entre deux garçons qu’au départ tout oppose et que rien ne laissait prévoir. Toute l’histoire se déroule dans un huis-clos, « une grotte », soigneusement entretenu, qui préserve les deux partenaires de toute intrusion intempestive. Elle risquerait de détruire leur intimité. Quand l’extérieur intervient, c’est pour que l’un des deux retrouve un espace de respiration, une échappée vive qui permet au narrateur d’accepter d’autant mieux le retour vers ce qui l’attire comme un aimant. Dans une chorégraphie savante, le narrateur s’érige en maître de ballet. Son danseur étoile, Zakaria, porte un prénom, qui évoque l’ailleurs, le lointain, le différent.

La Styx Croisières Cie-II Février 2021 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 01 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques

Ère Vincent Lambert, An III

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

Ère Samuel Paty. An II

Tu veux expliquer aux enfants la pensée et le dire libres. Alors « La religion » te saisira au cou et te décapitera sur un trottoir. Citoyen libre, sache à quoi t’attendre !

 

« Le plus artiste ne sera pas de s’arrêter à quelque gros œuvre, comme la fabrication d’un roman, par exemple, où l’esprit tout entier devra se plier aux exigences d’un sujet absorbant qu’il s’est imposé ; mais le plus artiste sera d’écrire, par petits bonds, sur cent sujets qui surgiront à l’improviste, d’émietter pour ainsi dire sa pensée. De la sorte rien n’est forcé. Tout a le charme du non voulu, du naturel. On ne provoque pas : on attend ».

Jules Renard, Journal, 13 septembre 1887

L’intime dense, Pascal Boulanger et Mais le Merle n’a aucun message, Lambert Schlechter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

L’intime dense, Pascal Boulanger, Editions du Cygne, janvier 2021, 50 pages, 10 €

Mais le Merle n’a aucun message, Lambert Schlechter, Editions Phi, novembre 2020, ill. Lysiane Schlechter, 103 pages, 22 €

 

« Qui dans le lointain / devient reconnaissable / sinon celle dont les baisers / sont comme des reflets du ciel ? / Là où le vent léger, quelques nuages, / adoucissent celui qui marche ; / l’agréable de ce monde / quand veille celle au souffle qui se penche / sur l’arc de vie / en bleu l’école de ses yeux » (Pascal Boulanger).

 

« ne pas chercher ne plus chercher / laisser faire laisser voir /

qui cherche ne trouve pas / qui trouve ne cherche plus /

la feuille qui tombe / est une feuille qui tombe /

un cœur qui bat / va s’arrêter de battre /

savoure la merveille de l’instant » (Lambert Schlechter)