Identification

Les Livres

Les furtifs, Alain Damasio (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Les furtifs, éditions La Volte, avril 2019, 687 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alain Damasio

 

Damasio collages et décollages

L’impact émotionnel – mais pas seulement – puissant dans les tensions que provoquent ces « furtifs » est puissant par les tensions que les deux héros gémellaires provoquent. Ils assument leur sécession et une marginalité. Il s’agit pour eux de « vivre ivres » dans des interstices que leur laisse leur collage et qu’évoquent les matières vibrantes poétiques, narratives, politiques aux assonances sauvages face à une technologie d’un âge d’or à la triste figure où le seul objectif est de trouver un art de vivre par la réappropriation des technologies avancées et fermées.

Romancier de l’état de la langue et du monde, Alain Damasio est une sorte d’actionniste littéraire. Il titille le lecteur par son art de la performance. Il vampirise la narration et sa materia prima dans un parcours où se révisent bien des invariants par un rituel romanesque, dont il ne conserve que le chapeau là où la ville ne dort jamais, prête à écraser les déviants dans sa puissance de contrôle…

Radicelles, Murièle Modély (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Tarmac Editions

Radicelles, février 2019, photographies couleurs Vincent Motard-Avargues, préface Dominique Boudou, 40 pages, 18 € . Ecrivain(s): Murièle Modély Edition: Tarmac Editions

 

Murièle Modély a trop de talent pour être éditée, je ne me l’explique pas autrement, aussi quand enfin un de ses recueils voit le jour sur papier, c’est vraiment une grande joie que de tenir l’objet où l’écriture devient matière. Et pour une écriture aussi dense, un bel écrin s’impose. Après la Revue Nouveaux Délits qui avait publié Feu de tout bois, premier opus de sa Collection Délits buissonniers, c’est de nouveau un revuiste qui tend la main à la talentueuse poète : Jean-Claude Goiri qui publie la Revue FPM et a créé aussi les éditions Tarmac.

Radicelles est un duo, un vis-à-vis où la voix de la poète vient se frotter aux photographies couleurs de Vincent Motard-Avargues tandis que ces dernières entrent en résonance avec cette langue organique et accrocheuse.

On retrouve dans ce recueil, une thématique qui est précieuse à Murièle Modély, quasi obsessionnelle : l’île laissée derrière où sont plantées bien profond des racines lourdes de sang.

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay, Hermann, mars 2019, 216 pages, 24 €

 

Fiction, mon amour…

Pourquoi, comme le remarque Jorge Luis Borges dans ses Conférences, « le livre est[-il] un des bonheurs possibles de l’homme » ? Pourquoi, selon lui encore, « la lecture est[-elle] une forme du bonheur » ? (1). C’est parce que la fiction a un pouvoir dont chaque lecteur a un jour fait l’expérience : elle nous séduit. Si l’on s’accorde aisément sur le constat, les motifs pour lesquels le charme opère restent obscurs. La raison en est que peu de travaux existent sur le sujet dans la mesure où des réticences à croiser les neurosciences et les études littéraires se faisaient sentir, alors que le champ littéraire a tout à gagner de cette « interdisciplinarité féconde qui ouvre de nouvelles perspectives et donne un nouveau souffle aux études littéraires que les déclinologues jugent moribondes et menacées d’asphyxie » (p.16).

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier, Arfuyen, mai 2019, 128 pages, 13 €

 

 

Poésie-chant

En espérant limiter l’emphase de ma lecture, je dirais quand même que le dernier livre de Gérard Bocholier se compare assez à une psalmodie, comparable donc avec le chant spirituel du Livre des psaumes de David, identifiable au moins à l’environnement mystique de la représentation de la divinité dans l’aire chrétienne. C’est à une sorte de « lyrisme des neiges » si je puis imager mon propos ainsi, à quoi je rapprocherais cet acte de foi du poème, poésie qui calque à la fois un espace invisible, immatériel, et les éléments physiques du monde terrestre, et de cette manière la beauté des glaces et leur physiologie hivernale.

Et frappe le père à mort, John Wain (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 14 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Editions du Typhon

Et frappe le père à mort (Strike the Father Dead, 1962), mai 2019, trad. anglais Paul Dunand, 394 pages, 19 € . Ecrivain(s): John Wain Edition: Editions du Typhon

 

« La musique adoucit les mœurs », prétend le proverbe. Mais encore faut-il s’entendre de quel type de musique il est question. Car quand un père est féru de musique classique et son fils de jazz, la musique est plutôt source de heurts, de tensions. Ou elle ne fait qu’envenimer une situation déjà bien explosive. Et entre Jeremy et son père, Alfred, la musique n’est qu’un élément parmi d’autres de la discorde qui les oppose sous les yeux d’Eleanor, tante du premier et sœur du second, vieille fille dépassée par les événements, mais témoin privilégié pour donner un autre point de vue sur la situation.

Alfred est un professeur de grec à l’université, tendance rigide et arc-bouté sur des principes. Il mène une existence austère, entièrement dévouée à son travail. Pour lui, « un bon fils est un fils qui sait la grammaire grecque ». Or, Jeremy en a plus qu’assez de travailler ses versions et ses thèmes. Il a dix-sept ans et il rêve de musique. Depuis qu’il a découvert le jazz, Jeremy a cette musique « dans le sang ». Alors que pour son père, « jouer ou écouter du jazz avait quelque chose de déshonorant, un peu comme la masturbation ». Il la considère comme une « musique discordante, monotone et populaire », « une voie de perdition ».