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Les Livres

La poésie comme mode d’emploi du monde, Pascale Seys (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 18 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie

La poésie comme mode d’emploi du monde, Pascale Seys, Éditions Midis de la Poésie, 2019, 26 pages, 8 €


La poésie comme mode d’emploi du monde est un titre qui m’interpelle. À première vue, il semble exprimer, bien malgré lui, une vision du monde utilitariste, qui instrumentalise tout, y compris la poésie, pour s’en servir et le faire servir, pour l’employer. En somme, une vision qui est aux antipodes de la poésie – ou d’une certaine conception de la poésie. Il rappelle aussi les écrits éponymes, proses arides et indigentes, dont la prolifération manifeste l’état d’assistanat permanent où l’homme semble tombé – à moins qu’il y n’ait toujours été – et l’angoisse de la maîtrise, du contrôle, du mode d’emploi – comme si tout pouvait s’employer, et comme s’il n’y avait qu’une seule manière de faire, de dire, d’être.

L’instinct du tournesol, Patricia Castex Menier (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 18 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

L’instinct du tournesol, Patricia Castex Menier, Les Lieux-Dits éditions, 2020, 37 pages, 7 €

L’instinct du tournesol tourne dans le temps solaire, héliotrope auquel la poète s’identifie et donc qu’elle personnifie (« assouplirai / la tige de ma nuque, // et / boirai le ciel jusqu’aux racines »), elle aussi tournée spontanément vers la lumière, loin de « l’arrogance du monde ». Une allégorie de la patience et de la persistance s’écrit par le biais de la figure du grand-soleil, la poète refusant la résignation :

« Je

ne veux pas,

résolument,

de

cette pente toujours possible,

Tout peut commencer à trembler, Lucien Noullez (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Tout peut commencer à trembler, Lucien Noullez, éd. de Corlevour, avril 2020, 96 pages, 16 €

 

La poésie m’apprend que j’appartiens aux autres

Lucien Noullez

 

La banalité, l’infini

Lucien Noullez semble un être fragile parce que sa poésie est frémissante, simple, évanescente et fugitive, car les objets qu’elle saisit sont simples, frémissants. Elle est aussi lyrique et sans emphase : cantilène, chant, musicalité de forme sonate, harmonies de motets ou de madrigaux, en bref une musique intime et directe.

C’est ce balancement de la chose poétique qui va aux événements ordinaires, cette hésitation entre le profane et le sacré, cet exercice difficile de la banalité et de l’infini qui m’a saisi tout entier. En effet, j’y ai vu l’infinie intelligence des petites aventures banales de la vie de tous les jours, ressaisies par une description de l’immanence littéraire des choses et des récits du quotidien, sorte de poèmes du Je-ne-sais-quoi et du Presque-rien.

Un détail mineur, Adania Shibli (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 15 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Sindbad, Actes Sud

Un détail mineur, Adania Shibli, novembre 2020, trad. arabe, Stéphanie Dujols, Khaled Osman,128 pages, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud


Les filles que l’on abat


En 2020, paraissent, selon le hasard éditorial, le grand livre de l’irlandais Colum McCann, Apeirogon (cf. article Cause Littéraire), écrit en anglais aux allures de somme, et le court roman, Un détail mineur, de la palestinienne Adania Shibli. La première œuvre, à travers les figures centrales de deux pères en deuil de leur fille à dix ans d’intervalle, met en lumière la même douleur de l’inacceptable mort d’une adolescente israélienne de 14 ans, tuée lors d’un attentat-suicide à Jérusalem-Ouest et d’une fillette palestinienne de 10 ans, victime d’un tir de soldat israélien, à Anata, en Cisjordanie. La seconde raconte le destin tragique d’une jeune fille bédouine dans le Néguev : capturée, séquestrée, violée et abattue par un escadron de soldats israéliens, en août 1949.

L’Alphabet du monde, Amedeo Anelli (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 15 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Italie, Editions du Cygne

L’Alphabet du monde, Amedeo Anelli, juin 2020, trad. italien, Irène Duboeuf, 54 pages, 10 € Edition: Editions du Cygne

 

Le poète sismographe (c’est lui qui l’assume dans un de ses poèmes) transfigure la nature, les brumes, l’air, la neige en images métaphysiques du silence, de la patience.

Que de « brumes » pleurantes dans ces poèmes qui suintent la terre boueuse, l’attente grasse, le fleuve qui imprègne, les paysages meurtris par l’hiver. Que de sens de la nature en lente métamorphose, qui prête givres et coulées à notre réflexion.

Anelli n’est pas si éloigné de Pavese, sur des terres un peu différentes, cet éclair de conscience lucide sur le réel ambiant.

Redessiner le monde en « contrepoints », où l’enfant, la mère, les terres familières énoncent leur position, que le regard embrasse, sans presque de nostalgie, mais selon une phénoménologie patiente : il est si difficile de dire le nom du silence, d’épeler les terres qui perdent leur matité, leur contour. Le poète, lui, sait que son univers est là, dans une attention minérale et végétale :