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Les Livres

Le Jardin d’Abdul Gasazi, Chris Van Allsburg (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 13 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Le Jardin d’Abdul Gasazi, Chris Van Allsburg, éditions d’Eux, décembre 2020, trad. Christian Duchesne, 28 pages, 17,50 €

 

L’Enchantement

Le Jardin d’Abdul Gasazi, superbe album cadeau, doté d’un ruban doré qui le ferme comme un présent, a été écrit et illustré par l’un des plus grands créateurs de livres-jeunesse, Chris Van Allsburg. Né en 1949 dans le Michigan, vivant à Boston, l’illustrateur américain a été récompensé trois fois par le prix Caldecott. Le titre, Le Jardin d’Abdul Gasazi, est d’emblée mystérieux, pouvant préfigurer un épisode des Mille et une nuits. Abdul, prénom très populaire d’origine arabe, signifie « le serviteur », un être à multiples facettes, pouvant exercer des professions commerciales, diplomatiques, artistiques. Souvenons-nous aussi que le jardin, qui comprend à la fois la notion d’aménagement durable ou saisonnier, est un terrain clos et limité où y sont cultivés des végétaux. Seul, le jardin japonais est entièrement minéral.

La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire, Elisabeth Loussaut (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 13 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire, Elisabeth Loussaut, Z4 éditions, Coll. Les 4 saisons, 2018, 250 pages, 15 €

Lecteurs, si vous souhaitez vous aérer l’esprit, si vous aspirez à échapper à cette atmosphère anxiogène dans laquelle les informations nous embourbent en ce temps de pandémie, si vous désirez vous délester de la crainte du pire qui, parfois vous saisit, alors, plongez-vous sans hésiter dans les deux récits d’Élisabeth Loussaut publiés aux éditions Z4 : La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire. Vous débarquerez, le temps de votre lecture, dans une contrée où l’air est débarrassé de toute pollution et où vous pourrez respirer à l’aise, loin, très loin des préoccupations actuelles.

Dans ce livre, deux récits se suivent. Les deux sont écrits par la même narratrice qui en est aussi la principale protagoniste. Le premier est un retour en arrière dans le passé des années d’enfance et d’adolescence dans ce que l’auteur intitule La Maison du berger. C’est le nom donné à la maison familiale où vivent ses parents, ses frères et sœurs. Dans le deuxième, la narratrice devenue adulte se rend avec sa sœur dans une maison de retraite qui abrite désormais sa mère. Elle y va à reculons, d’où le titre du récit : Viens, on se tire.

La Ravine, Sergueï Essénine (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 12 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman

La Ravine, Ed. Héros-Limite, 2017, trad. russe, Jacques Imbert, 175 pages, 12 € . Ecrivain(s): Sergueï Essenine

 

Quand une écriture atteint un tel dénuement, on ne parle plus d’économie mais carrément de minimalisme extrême. Essénine est un grand poète, nous le savons, et son œuvre poétique est marquée par cette recherche constante de l’économie des moyens, une poésie de l’épure, de l’essentiel, du nécessaire, de la simplicité absolue. Comme dans ces deux strophes du Cantique de la chienne :

 

« Au matin, dans la réserve au seigle,

Où rutile la toile des sacs alignés,

La chienne a mis bas une portée

De sept petits chiots roux.

Mon cœur restera de glace, Éric Cherrière (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 12 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Mon cœur restera de glace, Éric Cherrière, janvier 2020, 192 pages, 18 € Edition: Belfond

 

Lucien Faure est boulanger de son état et maire d’un petit village de haute Corrèze. Il a perdu son fils au cours de la première guerre mondiale, et de ses deux petits-fils l’un est rentré gueule cassée, et l’autre, le plus jeune, s’est enfuit avec ce dernier dans le bois de sapins épais, profond, non loin de la commune avec le fusil familial. On ne les reverra plus. En janvier 1944, les enfants du village ont repéré le bruit des moteurs des camions Mercedes-Benz L4500A, ceux avec le viseur sur le bout du capot avant. Les Allemands sont de retour. Une colonne de leur convoi va disparaître, être engloutie, les camions éclipsés, par cette forêt épaisse et ténébreuse. Mais, pour cette perte dans cette maudite végétation, les Allemands demandent des comptes, exigent des rétorsions. Il faut vingt-trois morts, de préférence des Juifs. On trouvera des Juifs dans une planque du four à pain du boulanger, on complétera avec des habitants qui n’ont pas l’air « très catholiques ». Et puis après avoir arrosé tout ça avec de l’Alkohol, sous la direction de Lothar von Wissen, on reprendra la direction des bois dans lesquels on s’enfoncera avec pour guides et otages le maire et une dizaine d’autres habitants.

Lenz, Georg Büchner (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 12 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Lenz, Georg Büchner, éditions Vagabonde, octobre 2020, trad. allemand, Georges-Arthur Goldschmidt, 50 pages, 6,90 €

 

Ars gratia artis

Ce texte ramassé sur 50 petites pages engage davantage qu’un récit ordinaire. Car c’est un grand écrivain qui en est l’auteur. De plus, derrière le prétexte de rapporter quelques journées de la vie de Jacob Lenz, Büchner développe sa propre conception de ce qu’est un artiste, et de ce qu’est l’art. Il lui suffit pour cela de décrire les quelques jours que Lenz a passés chez le pasteur Oberlin. Pour moi, il s’agit d’un dramaturge parlant d’un autre dramaturge.

Par exemple, Büchner fait de Lenz un somnambule, et quand on connaît la première scène du Prince de Hambourg, on voit que cette atmosphère est présente dans l’Allemagne romantique. Et les romantiques ont décrit l’artiste au moins comme un visionnaire. Ainsi, cette constellation d’écrivains pour le théâtre est ici mise en abyme, repensée en son propre sein où le récit du séjour de Lenz dans les Vosges se tourne un peu en essai. Toujours est-il qu’il y a ici une volonté de construction intellectuelle, et pas seulement un artifice pour fabriquer du récit.