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Les Livres

Les Vies d’écrivains (1550-1750), Contribution à une archéologie du genre biographique, Élodie Bénard (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie

Les Vies d’écrivains (1550-1750), Contribution à une archéologie du genre biographique, Élodie Bénard, Droz, 440 pages, 39 €

Nous avons l’habitude, lorsque nous prenons un livre, de trouver quelque part, au dos du volume ou dans un pli de la couverture, la photographie de l’auteur et quelques lignes de biographie. Ces deux éléments sont si communs que c’est leur absence qui finit par surprendre et par sembler suspecte. Les maisons d’édition doivent aussi veiller à cela et savent bien que rien n’est pire qu’un cliché pris dans ces cabines automatiques, qui donnent au plus paisible des individus l’allure d’un repris de justice.

Cette coutume tenace de la photographie et de la biographie express montre surtout que la leçon de Proust dans son Contre Sainte-Beuve n’a pas été « reçue », à la manière d’une puissante émission radio qui se serait perdue dans l’immensité de l’univers. Or il y a aussi peu de rapport entre la photographie d’un écrivain et son œuvre qu’entre le visage d’un cuisinier et ses plats. « L’histoire d’un auteur est proprement l’histoire de ses ouvrages, comme l’histoire d’un héros est celle de ses actions. La vie privée d’un homme de lettres est quelque chose de bien sec et souvent bien petit : les événements en sont trop peu considérables pour mériter l’attention d’un lecteur », écrivait Jean-Baptiste Rousseau en 1730 (cité p.225). Et il avait raison.

Le Sens du calendrier, Nathalie Léger-Cresson (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Contes, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le Sens du calendrier, Nathalie Léger-Cresson, octobre 2020, 171 pages, 15 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Se méfier de l’eau qui dort

Nathalie Léger-Cresson, dans ce qui pourrait être pris pour une autofiction – tant elle se dit « transparente » – crée de fait une « surfiction » poétique, ou au minimum une traversée des apparences dans un réalisme magique très personnel, où les calendriers perdent leurs jours ou en possèdent trop par effet lunaire.

Ecrivant, voire au besoin « médisant », et ce « à la lumière de ma lampe à huile de thon en boîte », l’auteur met dans sa poche – mais ce n’est qu’une façon de parler – des amants de passage, tout comme ses rêves et ses cauchemars encore plus lumineux, dans le noir, là où les lapins levés n’ont pas d’oreilles, et où de l’amour une chose se retient – à savoir la technique.

Chair papier, Juliette Brevilliero (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Editions Galilée

Chair papier, Juliette Brevilliero, éditions Galilée, septembre 2020, 96 pages, 12 €

 

Inclusion

Je ne souhaite pas débattre de l’intérêt de l’écriture inclusive sur la qualité de l’expression qui pourrait en découler. Ici, avec ce recueil somme toute un peu étrange, je crois que le mot « inclusion » donne à penser en quoi écrire est une aventure du dedans, et qui rencontre parfois ou qui narre la relation de l’écrivaine à la physiologie, au caractère aqueux de ses métaphores, ou à une écriture-femme. D’ailleurs, cette dernière n’est pas qu’un concept féminin, mais celui aussi du chercheur et poète Philippe Tancelin qui concluait il y a quelques années à l’existence d’un « elle » (d’un L, d’une aile) dans l’écriture, donc une écriture-elle.

Avec les poèmes de Juliette Brevilliero, l’on côtoie la sécrétion, la cavité sexuelle, la force nerveuse et biologique du corps. Cette inclusion, ce détour par l’intérieur du corps, expression valvulaire, où l’on suit le mouvement d’une invagination qui décrit une tension de ce qui inclut la matière du doigt dans un gant, puis qui reconduit le gant à sa forme initiale, cette opération vise à inclure le corps dans l’écriture. Est-ce une tentative pareille à celle du corpoème de Jean Sénac ? Je ne sais.

Dictionnaire amoureux du tennis, Laurent Binet, Antoine Benneteau (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 07 Décembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Plon

Dictionnaire amoureux du tennis, Laurent Binet, Antoine Benneteau, septembre 2020, 566 pages, 25 € . Ecrivain(s): Laurent Binet Edition: Plon

 

Manifeste savoureux pour la petite balle jaune

L’écrivain Laurent Binet, auteur notamment de HHhH (Grasset, 2010) et de Civilizations (Grasset, 2019, Grand Prix du roman de l’Académie française), s’est associé à l’ancien joueur professionnel de tennis, Antoine Benneteau (pas Julien, son frère), aujourd’hui journaliste, réalisateur et producteur, pour proposer un nouveau volume de la collection à succès des « Dictionnaires amoureux », publiés aux éditions Plon.

L’intérêt de ces ouvrages, on le sait, réside dans leur caractère subjectif, personnel, intime, dans la relation amoureuse, parfois même passionnelle que les auteurs entretiennent avec leur sujet. On évite ainsi l’aspect encyclopédique, trop sérieux et parfois – disons-le – ennuyeux, de ces gros livres rangés sur les plus hautes étagères de la bibliothèque. On aime davantage à les disposer sur la table de nuit ou sur celle du salon, à y lire une entrée, laissant les autres en suspens, comme autant de promesses à venir…

L’Univers sous mes pieds, Blandine Pluchet (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 07 Décembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

L’Univers sous mes pieds, Blandine Pluchet, éd. Salamandre, novembre 2020, 147 pages, 19 €


L’Univers sous mes pieds est un récit de marche qui mêle vulgarisation scientifique, méditations et réflexions, descriptions et évocations de la nature, notations autobiographiques. Blandine Pluchet, physicienne de formation, nous y invite à la suivre dans ses promenades, ses songes et ses états d’âme.

Je n’ai pas grand-chose à en dire. Son propos est clair et simple, comme doit l’être celui de tout auteur qui prétend transmettre idées et connaissances au plus grand nombre, mais son style, fluide et assez agréable, n’a rien de notable. Je n’ai pas senti non plus de ton ou de voix singulière, qui traduirait un regard particulier, un point de vue ou une nuance propre, qui aurait du caractère.