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Les Livres

Formegisante, Philippe Thireau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Novembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Formegisante, Philippe Thireau, PhB éditions, 2020, 68 pages, 10 €

 

Coupure

Pourquoi utiliser le mot coupure pour titrer ces quelques propos que je veux consacrer au dernier livre de Philippe Thireau ? Parce que telle m’est toujours apparue la poésie brève japonaise, découpant des fragments fragiles de la réalité pour les agrandir et les faire changer d’échelle. En coupant le rythme de l’écriture par cette contrainte stylistique de la brièveté, de la promptitude à saisir ces événements éphémères, on arrive à densifier sa lecture, et à détacher, à couper, à prélever le réel ainsi gagné par la tension poétique qui en résulte. J’ai toujours à l’esprit ce que mon professeur de Paris III disait, en outre, au sujet des deux façons de créer, que la manière orientale consiste, après une longue méditation, à saisir la chose contemplée avec un différé, et que l’occidentale saisit la figure, la forme en la fabricant, dans un trajet vers l’invention. Ici, avec ces formes gisantes, je pense que l’on se trouve devant un mélange.

La Capture, Mary Costello (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 27 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Seuil

La Capture, Mary Costello, août 2020, trad. anglais, Madeleine Nasalik, 272 pages, 19,90 € Edition: Seuil

 

Certes, c’est un roman, mais c’est, avant toute chose, une certaine façon d’écrire très personnelle : « Il poursuit son chemin. Les arbres l’apaisent. La vue d’un arbre, surtout en hiver, la silhouette nue qui se découpe contre le ciel, une splendeur. Il s’arrête, caresse un tronc. Jeune, fragile, innocent ». L’écriture s’active dans une sorte d’instantané même quand le passé est évoqué, ce qui m’a parfois fait songer à Duras.

Cette façon très personnelle de présenter le roman, avec souvent des personnages en introspection d’eux-mêmes, donne récit à cette âme profonde qui révèle une plume.

Ce n’est, toutefois, nullement un style donnant une apparence édulcorée, ni dans le ton, ni dans le sujet : « Il se souvient de la peur qu’il a eue la fois où il a mangé des asperges donnant à sa pisse une forte odeur de soufre ». Les images sont prises « en direct », scénarisées.

Baiser féroce, Roberto Saviano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, Italie

Baiser féroce, trad. italien, Vincent Raynaud, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): Roberto Saviano

 

En sept livres, cinq essais journalistiques et deux romans, Saviano s’est imposé comme l’écrivain napolitain capable de dénoncer toutes les roueries et horreurs de la camorra. Le jeune auteur de quarante-et-un ans, aujourd’hui sous garde policière, éclaire le parcours d’adolescents et de jeunes adultes qui ont entrepris de remplacer sur le terrain les vieux briscards, avec une détermination qui fait de ces antihéros des personnages de haute lutte, lancés tête baissée, armes au poing, dans le lacis des rues de Naples pour accomplir le pire.

On sait l’auteur au fait de toutes les manœuvres de l’entreprise criminelle. On sait moins que des « enfants » ont pris hélas le relais. Le nouveau roman de Saviano se trouve au cœur de la tourmente.

Maharaja (Nicolas) et sa troupe écument Naples, se jettent à cent à l’heure au travers de la ville pour donner la juste mesure de leur talent de pilleurs et de criminels. Les bandes rivales ambitionnent d’occuper tous les terrains, et le baby-gang doit sans cesse faire ou défaire des alliances pour ne pas perdre le monopole de la coke au centre de la ville. Les aventures trépidantes de la « paranza » prête à tout pour se maintenir au pouvoir trouvent leurs lieux d’action à Naples même, entre le port d’attache du groupe, resté secret, et toutes les poursuites affolantes dans les rues sombres de Naples .

Sam et Julia, la Régate des bateaux dingos, Karina Schaapman (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 27 Novembre 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Jeunesse

Sam et Julia, la Régate des bateaux dingos, Karina Schaapman, Gallimard Jeunesse, septembre 2020, trad. Antonin Poirée, 62 pages, 16,90 €

 

Chez les mulots

Karina Schaapman, née en 1960 à Leiden (Pays-Bas), fut conseillère municipale pour le Parti du Travail. S’intéressant à l’enfance, à l’amélioration des méthodes d’enseignement scolaire, elle a fabriqué avec des matériaux pauvres, carton, pâte à modeler, allumettes, boutons, etc., une très grande maison de 3 mètres de haut, à étages et de plus cent pièces. Ces objets glanés ont été remodelés, soudés, assemblés par ses soins. La Maison des souris se trouve au premier étage de la Bibliothèque publique d’Amsterdam. L’auteure a obtenu le Prix Pinceau d’argent 2012.

Sam et Julia, la Régate des bateaux dingos est un nouvel épisode des aventures de deux souris, Sam et Julia, après la fête foraine, le cirque, le théâtre, livre jeunesse présenté sous une alléchante couverture glacée de 26,5 x 31 cm. La créatrice ingénieuse a finalisé en trois dimensions, l’animation, la fabrication des personnages et des divers éléments, la personnalisation des souris, écrit les textes. Chaque scène est photographiée par Allard Bovenberg.

La Grande épaule portugaise, Pierre Lafargue (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 26 Novembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Grande épaule portugaise, Pierre Lafargue, Editions Vagabonde, août 2020, 259 pages, 17,50 €

 

« Une rivière est là, car il en faut toujours une (p.28). Les ormes, les jolis peupliers aussi. Le vent ajoute à tout cela une animation bienvenue.

(p.28) Ce point de vue aurait mérité d’être développé ».

La Grande épaule portugaise est un roman qui ne ressemble qu’à lui-même, une aventure romanesque étourdissante, étonnante, foudroyante, un roman qui à l’image de l’océan, passe d’un calme rassurant à une fureur sidérante, et qui est littéralement foudroyé par ce qu’il raconte, ce qu’il suit à la lettre. Un roman placé sous l’influence d’astres, de fleuves et de dieux, d’écrivains fantasques réels ou imaginaires. Un roman placé sous les feux de notes de bas de page qui se bousculent et bousculent le roman – à faire trembler les universitaires lettrés qui en raffolent –, des romans s’y glissent, c’est un jeu, où se mêlent humeurs, reproches, mises au point, références les plus loufoques les unes que les autres, le tout dans un éclat de rire, jaune parfois, qui traverse toute l’histoire de ce roman échevelé.