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Les Livres

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 27 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison, Editions Minces, novembre 2020, 45 pages, 5,04 €

Dans une voiture, quelque part, un conducteur accompagné d’un passager, invoque en farsi le grand poète persan, Hafez de Shiraz, celui « qui connaît tous les secrets ». Ainsi commence le court métrage de Sébastien Monbrison, qui conduit Yashar, exilé iranien, vers l’Europe. Comme si pour le réalisateur de cinéma, la poésie était un commencement à tout.

Le petit recueil, daté de 2011, C’est une affaire d’étranglement, constitue un vagabondage en poésie, celui peut-être du poète ou de quiconque à la première personne, qui dit le monde, à sa manière. Le cinéaste et le poète, de toute façon sont frères en images. Le livre recueille (une bien belle expression qui dit l’ouverture à l’autre et le soin qu’il faut lui porter) petites photographies en noir et blanc, ombreuses, lointaines et une trentaine de poèmes ; texte qui s’ouvre sur la répétition presque dangereuse du titre, de la première de couverture au premier vers du premier poème. L’étranglement d’un meurtre ?

Femmes, Nizar Kabbani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 27 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Pays arabes

Femmes, Nizar Kabbani, Arfuyen, novembre 2020, trad. arabe, Mohammed Oudaimah, 68 pages, 12 €

 

Mais pour elle, – de moi vers elle, – oserai-je dire et observer ! Elle, qui retint plus que tout ami en moi ; que j’appelle sœur aînée délicieuse ; que je sers comme Princesse, – ô mère de tous les élans de mon âme […]

Victor Segalen

 

Du féminin

Nous savons que le poète, qu’il soit oriental ou occidental, taille le monde pour le rendre à lui-même, augmenté de la parole imagée. Ainsi, ce sont les grands sujets qui hantent souvent l’enfant d’Apollon. Il est près du beau, de la jouissance esthétique. Ce recueil de 25 poèmes de Nizar Kabbani illustre très bien cette situation donnée au créateur. Là, il peut ouvrir le vaste chant, le vaste champ d’investigation du féminin, à la fois grâce au désir, au souffrir, au pleurer, à toute formes de liens, liens plus forts que le désir lui-même, peut-être. Femmes est de cette espèce.

Le Cœur est un chasseur solitaire, Carson McCullers (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 26 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Livre de Poche

Le Cœur est un chasseur solitaire (The Heart is A Lonely Hunter, 1940), Carson McCullers, Le Livre de Poche, trad. américain, Marie-Madeleine Fayet, 445 pages, 6,90 € Edition: Le Livre de Poche

 

La littérature du Sud – nous l’avons déjà écrit – c’est aussi beaucoup de femmes écrivains. Peu de régions du monde ont autant nourri la littérature de plumes féminines éminentes. Flannery O’Connor, Kate Chopin, Willa Cather, Eudora Welty, ont offert des œuvres remarquables. Il n’est aucun doute que Carson McCullers soit le sommet de cette pléiade prestigieuse. Elle a 23 ans quand paraît son premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire, en 1940. C’est une jeune femme ardente, très préoccupée de la réalité de son temps, révoltée contre l’injustice sociale dans son pays, contre le racisme endémique, contre la morgue des puissants. Et son premier roman, bien sûr, vibre de toutes ces cordes. C’est un roman tendu, à fleur de peau, engagé au sens le plus beau que ce terme peut signifier : auprès des perdus de la vie.

Pauvres de nous, Jean-Louis Rambour (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 25 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gros Textes

Pauvres de nous, 2020, 76 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour Edition: Gros Textes

 

Dans Pauvres de nous, Jean-Louis Rambour pose son regard humble d’homme-poète sur la pauvreté d’hommes et de femmes en marge de la société, humbles eux-aussi : « On passe devant eux, devant elles, et le plus souvent on les oublie. Mais dans ce livre, pas question : on fait la pose ». Des « pauvres » que l’on croise encore en nos années 2020 et que l’homme-poète a photographiés avant de les vêtir de ses mots, ces « pauvres » sur lesquels nous fermons souvent les yeux de crainte d’y voir une autre face de nous-mêmes dans notre miroir, « pauvres de nous »… Après moult promesses politiciennes tonneaux percés d’hommes avant tout assoiffés de puissance, malgré la mise en place de dispositifs sociétaux d’entraide, à côté de l’aisance d’une société devenue grâce au progrès industriel et technologique relativement confortable à vivre, ces pauvres continuent de croiser nos regards mal à l’aise devant tant de précarité, comme si nous étions passés à côté de l’essentiel : l’écoute, l’acceptation et l’intégration des plus démunis d’entre nous, la générosité, le don altruiste de soi, en d’autres termes la preuve par les faits de l’existence du cœur solidaire.

Interventions 2020, Michel Houellebecq (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 25 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Flammarion

Interventions 2020, octobre 2020, 454 pages, 21 € . Ecrivain(s): Michel Houellebecq Edition: Flammarion

 

« 55% de ce volume figurait déjà dans la deuxième édition d’Interventions, parue en 2009. Cette troisième édition comporte donc 45% de nouveaux textes ». L’argumentation quelque peu spécieuse, signée de l’auteur à la quatrième page de couverture, rend un son étrange (pour autant, préciserait-il sans doute, qu’une argumentation parvienne à produire un son), car sur ces trente-sept textes, vingt-sept se trouvaient déjà dans le second volume de la Collection Mille & une pages (2016). Par conséquent, les trois quarts de cet ouvrage ont déjà paru sous forme d’édition unitaire et seules 150 pages n’ont jamais été réunies en volume. Cet ensemble de dix textes, publiés entre 2009 et juin 2020 (soit en moyenne un par an – on ne peut pas dire que la présence de Houellebecq sature l’espace médiatique), forme la véritable nouveauté du livre. Il manque cependant le discours prononcé à Bruxelles lors de la réception du Prix Oswald-Spengler (on le trouve dans Valeurs actuelles, 25 octobre 2018).