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La Une Livres

Kalmann, Joachim B. Schmidt (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Folio (Gallimard)

Kalmann, Joachim B. Schmidt, Folio Policier, janvier 2025, trad. allemand, Barbara Fontaine, 368 pages, 9,50 € Edition: Folio (Gallimard)

Tous les romans policiers ne se ressemblent pas, a fortiori tous les romans policiers nordiques. Celui qui nous intéresse se déroule en Islande dans la ville de Raufarhöfn à deux kilomètres du cercle polaire, il s’intitule Kalmann et a été écrit par un auteur suisse. S’il a pour personnage central un cœur simple, un homme d’une trentaine d’années qui fait penser par ses réparties à Forrest Gump, héros du film éponyme, il présente quelques différences. Kalmann Óðinsson a le chef couvert d’un chapeau de cowboy, il porte une étoile de shérif américain et possède, accroché à sa ceinture, un vieux Mauser. Cette tenue qui est le seul héritage de son père d’origine américaine qu’il n’a croisé qu’une seule fois, lui vaut le surnom de « shérif de Raufarhöfn ». Kalmann est l’un des derniers pêcheurs de requin de la région et quasiment l’un des derniers pêcheurs tout court parce qu’une loi sur les quotas de pêche a été imposée dans cette région de l’océan. Avec ses poissons notre pêcheur prépare du hàkarl, du requin mariné, dont il détient la recette de son grand-père et pour lequel il revendique être le second meilleur préparateur de ce mets après son grand-père. Kalmann a une autre passion, il est chasseur. Il prétend avoir vu un ours polaire et poursuit le renard. Particulièrement un renard bleu surnommé Schwarzkopf à cause de sa tête noire comme la tête de femme qui figure sur les flacons de shampoing du même nom.

Ariel dans l’orage, Pages inédites, André Suarès (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 10 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Anthologie

Ariel dans l’orage, Pages inédites, André Suarès, éditions Le Condottiere, février 2025, 384 pages, 20 €

 

« Je trempais dans un prisme liquide, toutes les couleurs et toutes les nuances, depuis la pourpre jusqu’au reflet de la soie verte la plus pâle, quand elle est comme l’ambre ou comme la liqueur d’absinthe, à peine battue d’eau. L’œillet rouge du ciel s’éparpillait en pétales sans nombre. Une caresse de l’air me touchait tendrement au front et aux tempes » (Voyage du condottière, Vers Venise, Entrée à Venise, André Suarès, Granit, Collection de L’Aimant, 1984 (réédition).

« Suarès a écrit la Comédie humaine de la France et de l’Europe, à travers leurs plus grandes figures, de l’Antiquité à nos jours, et à travers leurs plus beaux paysages, de la Bretagne à la Sicile, de l’Ile de France à la Provence, avec des aperçus de la Norvège. Pour qui veut savoir qui fut Aristophane ou Saint-Simon, Caligula ou Napoléon, mais aussi bien Cervantès ou Rimbaud, il reste un sourcier de l’âme génial » (Le paradoxe d’Axolotl, Préface Stéphane Barsacq).

Au fil de l’or, L’art de se vêtir de l’orient au soleil-levant (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 10 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

 

Au fil de l’or, L’art de se vêtir de l’orient au soleil-levant, éditions Skira, Catalogue de l’Exposition du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, du 11 février au 6 juillet 2025, 256 pages, 47 €

 

Atours et objets de parures en or

Ce beau catalogue de l’exposition du Musée Jacques Chirac révèle la diversité et le foisonnement des pièces d’apparat, de vêtements uniques aux apprêts d’or fin, de l’art de se vêtir en Orient et en Extrême-Orient (jusqu’à la naissance du fil métallique Lurex) et ce, grâce à une riche iconographie. Or, broder au fil d’or est un exercice difficile, qui exige du sacrifice et du savoir-faire : « Si un brodeur cousait six heures au total dans une journée, cela signifiait qu’il devait “pointer l’aiguille” environ 360 fois par jour », nous dit Guo Pei, créatrice de mode.

Derborence, Charles-Ferdinand Ramuz (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 09 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset, En Vitrine, Cette semaine

Derborence, Charles-Ferdinand Ramuz, Les Cahiers rouges Grasset, 180 pages, 7,95 € . Ecrivain(s): Charles Ferdinand Ramuz Edition: Grasset

 

C’est la montagne qui est tombée.

Et c’est l’ordre du monde, extérieur et intérieur, qui est changé à jamais. Les géologues diront que cent cinquante millions de pieds cubes se sont détachés de la montagne pour s’effondrer sur Derborence. Mais ça, ce ne sont que des pierres qui tombent, une force prodigieuse qui écrase tout ce qui entrave sa course, un phénomène physique obéissant à la loi de la gravitation universelle. Ça tue, enferme, mutile mais ce n’est pas le pire. Le pire est malédiction, réveil des forces du Mal. Ramuz nous a déjà entretenu du Mal tapi dans la montagne avec sa Grande Peur. Il est encore là, Lui, le Diable sûrement. Celui qui tue et enferme les âmes pour les condamner à la souffrance éternelle.

Coco perdu, Louis Guilloux (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 08 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Folio (Gallimard)

Coco perdu, Louis Guilloux, Folio, janvier 2025, 128 pages, 8 € . Ecrivain(s): Louis Guilloux Edition: Folio (Gallimard)

 

Louis Guilloux est connu, en France et ailleurs, à juste titre, principalement pour son roman Le Sang noir. Mais l’ensemble de sa volumineuse œuvre littéraire recèle, entre autres talentueux écrits, ce court et curieux roman, qui a été initialement publié chez Gallimard en 1978, soit deux ans avant la mort de l’écrivain, et que Gallimard vient de republier en format Poche.

Le personnage et le narrateur ne font qu’un : Coco, un vieil homme. L’action est minimale : Coco accompagne à la gare, un samedi, comme le ferait banalement un mari, sa femme Fafa qui, avant de prendre le train pour Paris, où elle est supposée effectuer un séjour dont la durée n’est pas prédéterminée, jette dans une boite postale une lettre dont elle a caché à son compagnon le destinataire. Toute la tension narrative repose sur cette lettre que Coco pense lui être destinée, et qu’il s’attend à recevoir le lundi des mains du facteur local, dont il n’apprécie guère les fanfaronnades.