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La Une Livres

Lait et miel, Rupi Kaur (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Lait et miel, Rupi Kaur, éditions Charleston, octobre 2024, trad. anglais, Sabine Rolland, 296 pages, 24,90 €

 

Cent mille milliards de roupies de madame Kaur

Rupi Kaur signe la mondialisation de la poésie, comme Machi Tawara et son Anniversaire de la salade en 1987, ou encore Lang Leav et son Love & misadventure, en 2013. Cette jeune fille de la diaspora sikh est l’expression du multiculturalisme, le Pakistan, l’Inde, le Canada. Depuis le 13 novembre 2014, la légende de Rupi Kaur se construit comme une aventure poétique jusqu’aux colonnes du New York Times. Dans le recueil de poèmes Lait et miel, le conte de fées brille de mille et une étoiles. À l’image d’une star de la musique populaire, de Lady Gaga à Taylor Swift, elle a ses fans, ses tournées, son show sur Amazon Prime Vidéo. Dans la mondialisation économique, politique, culturelle, la poésie se transforme en une activité lucrative.

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, L'Atelier Contemporain

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr, L’Atelier Contemporain, juin 2024, 280 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Roman picaresque ou mémoires d’un aventurier et esthète, L’Escalier de la rue de Seine nous entraîne dans le sillage d’une revue, La Délirante, « du beau nom d’un voilier qui croisait au large de Porquerolles » ; comme un encouragement à rompre les amarres « pour aller à contre-courant en quête de l’Absolu ». Fouad El-Etr, son fondateur en 1967, signe là un livre inspiré.

Pour ce poète et traducteur, né à Alexandrie en 1942 dans une famille libanaise, tout a véritablement commencé un « soir d’octobre 1965 […] nous passions rue de Seine, je dis à mon amie qui était au volant : “Freine, mais freine donc !” La coccinelle pila net. Je venais d’apercevoir, beau à couper le souffle, un dessin très noir dans une vitrine ».

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour, Les Provinciales, 2023, 62 pages, 12 €

 

À qui s’étonnerait ou s’indignerait de trouver sur un site comme La Cause littéraire le compte rendu d’un ouvrage consacré à un peintre, il serait facile de répondre que Diderot et Baudelaire, pour ne citer qu’eux, ont de longue date donné ses lettres de noblesse à la critique d’art, fut-ce en parlant d’artistes dont le nom ne survit que grâce à des écrivains.

On a dit de Mark Rothko (1903-1970) qu’il voulait rendre visible la shekina, la présence de Dieu qui se tenait dans le Saint des Saints du Temple. Rothko avait d’ailleurs été surnommé « le peintre-rabbin ». Cependant, il en va de lui comme de la plupart des peintres contemporains : des doutes sont permis quant à l’importance de son « coefficient personnel ».

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 02 Décembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat, L’Archipel, Ecriture, mai 2024, 176 pages, 19 €

 

Après avoir exploré l’enfance de Louis Armstrong dans La Trompette de Satchmo (2020), Michèle Hayat nous entraîne cette fois-ci dans sa Tunisie des années 1950, avec une finesse narrative qui mêle souvenirs personnels, suspense et fiction, rythmée par l’esthétique fluide et sans compassion de la danse. C’est l’histoire d’une profonde amitié entre Pia, douze ans, et Delphine, une beauté diaphane pleine de mystère. Pia se sent invisible aux yeux de sa mère, une femme oisive et frustrée. Pour rompre la solitude de sa fille, son père décide de l’inscrire à un cours de danse classique. C’est là que Pia rencontre Delphine, une camarade qui semble avoir tout ce qui lui manque : beauté, intelligence, espièglerie et un don inné pour la danse. Delphine, derrière son image d’enfant prodige, a une personnalité qui intrigue. « Si je n’avais pas la passion de la danse, je me consacrerais à la botanique. Je parlerais aux fleurs, mes histoires n’auraient pas de fin, pour qu’elles m’écoutent sans jamais se faner ». La jeunesse a toujours eu « l’intuition du temps et de la beauté », qui s’échappe mais qui s’exprime dans la légèreté de la danse.

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Tinbad

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier, Tinbad, Essai, septembre 2024, 264 pages, 23 € . Ecrivain(s): Thomas A. Ravier Edition: Tinbad

 

« Colette écrit : “une fleur”… et voilà la fleur présente ; elle écrit le mot “rose”… et il y a une odeur ; le mot “soleil” chauffe ; le mot “pluie” mouille. Et le reste est divagation nihiliste » (Colette la prédatrice, Je lisais, ne vous déplaise).

« Danser sur la bibliothèque comme sur le fil divin du temps, tel est notre glorieux chef d’œuvre. Le style, c’est l’homme qui a trouvé le passage » (Proust Party, Je lisais, ne vous déplaise).

Au rugby, lorsque l’on marque un essai, il convient de le transformer, le ballon passe alors des mains aux pieds, de la ligne à entre les poteaux, de la terre au ciel ; en ailier ailé, Thomas A. Ravier, de débordements en esquives, réussit à faire de Je lisais, ne vous déplaise, un essai romanesque, un roman soumis à l’éblouissement et à la transformation de l’essai. Ce festin littéraire convie ses écrivains, qui ont belle allure, il y a Colette vibrante qui fait ronronner le français de plaisir, qui a la main verte quand elle écrit, la main du bonheur.