Identification

La Une Livres

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Robert Laffont, Contes

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju, Robert Laffont, 2018, 296 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Pierre Péju Edition: Robert Laffont

Cinq ans après la publication de Psychanalyse des contes de fées, Pierre Péju élabore en quelque sorte une réponse à Bruno Bettelheim à travers la voix de cette Petite fille dans la forêt des contes : on ne peut pas parler ici d’ouvrage foncièrement théorique, mais plutôt du prolongement d’une réflexion initiale, déjà riche, sur les contes traditionnels. Sans vraiment réfuter l’interprétation qu’en fait Bettelheim, interprétation qui se base essentiellement sur les travaux psychanalytiques de Freud, Péju en propose un élargissement, et avertit aussi des maladresses très dommageables qui pourraient nous revenir si l’on faisait du livre de Bettelheim une vérité établie.

Conduit par le célèbre personnage du joueur de flûte de Hameln qui, grâce à son génie musical, emmène à sa suite tous les enfants d’un village vers un endroit dont on ne saura jamais rien, Pierre Péju se penche sur la figure de la petite fille (mais pas uniquement) et accorde une certaine place aux contes allemands de l’époque romantique : Hoffmann et Grimm sont les noms les plus connus en France, mais l’auteur réserve un éclairage égal à la richesse des contes de Ludwig Tieck, Achim d’Arnim ou Clemens Brentano.

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Métailié

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan, Métailié, août 2024, trad. anglais (Ecosse), Céline Schawller, 288 pages, 21,50 € Edition: Métailié

 

Ce sont les années Thatcher qui constituent la toile de fond de ce roman. Andrew O’Hagan dépeint ces moments particulièrement durs pour la classe ouvrière qui, de grèves en difficultés pécuniaires, a connu des soumissions à l’ordre financier comme jamais. Le monde que l’auteur met en scène est celui des jeunes qui vivent un moment ingrat dont les perspectives relèvent du « no futur » que les punks éructèrent quelques années auparavant. C’est dire aussi que la musique est omniprésente, celle populaire, mais ô combien idoine pour cette époque.

C’est dans ce contexte des années 80 que l’auteur va faire naître et durer une amitié entre Tully Dawson et le narrateur. Tully Dawson est ce garçon fantasque d’une vingtaine d’années qui, en mal de repères familiaux, se tourne vers le cinéma, la musique, et le foot. Nous sommes en Écosse et la jeunesse se morfond dans le chômage et les difficultés qui vont avec, le fric, l’ennui au quotidien, l’alcool, la drogue, ce qui résonne comme une évidence mais ce qui, ici, est le socle d’une amitié qui va se sceller lors d’une virée à Manchester.

Clapotille, Laurent Pépin (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 18 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes

Clapotille, Laurent Pépin, Éditions Fables Fertiles, juillet 2024, 125 pages, 17,50 €

 

Clapotille clôt une trilogie commencée par Monstrueuse féerie et L’angelus des ogres.

Une trilogie écrite sous le sceau du conte, oscillant entre le merveilleux et l’horreur. Laurent Pépin, tout au long de ces trois opuscules, crée une atmosphère oniroïde dans laquelle se déroule un échange particulier entre le narrateur du livre et le lecteur, qui n’est pas sans rappeler la relation hypnotique. Son choix formel est sans doute lié à son activité en tant que psychologue clinicien et à sa connaissance de la fonction du conte en tant que modalité d’accomplissement du désir au même titre que le rêve, la fantaisie éveillée ou le cauchemar.

Un conte n’est-il pas également le moyen de proposer une figuration d’un dérèglement ou d’une crise psychique pour déboucher sur les voies de son dépassement ?

Sur un article du Fremden-Blatt (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Essais

 

La pudeur des biographes et des historiens de la littérature est émouvante. On en a la preuve avec le quasi silence des spécialistes de Rimbaud sur ses possibles aventures « homosexuelles » (qu’on m’autorise l’anachronisme lexical – hasardeux mais indispensable) après son renoncement à la poésie. Une idée trop communément admise, c’est que sa relation avec Verlaine n’aura été pour lui qu’une parenthèse, une expérience, voire une déviation sans adhésion intime participant à l’entreprise du « dérèglement des sens » et qu’il se sera contenté ensuite des plaisirs permis par les bonnes mœurs et les lois de l’époque, ce que démentent sa brève liaison avec Germain Nouveau, avec qui il a partagé un appartement à Londres, 178, Stamford Street, de mars à avril 1874, et les allusions cryptées de nombreux poèmes : Ô saisons ô châteaux ; « Délires I ; Parade ; Aube ; Vagabonds ; Bottom ; par exemple.

Poèmes choisis, E. E. Cummings (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 12 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Poésie, Editions José Corti

Poèmes choisis, E. E. Cummings, Éditions Corti, juillet 2024, trad. anglais, Robert Davreu, 272 pages, 23 € Edition: Editions José Corti

 

Extrême expérience : Cummings

Le poète américain E. E. Cummings imagine un style de poésie moderne. Fils aîné du révérend Edward Cummings, l’ancien élève de l’université de Harvard donne un souffle nouveau à la poésie romantique d’Henry Longfellow qui vivait à Cambridge, dans le Massachusetts, là où voit le jour Edward Estlin Cummings, le 14 octobre 1894. Même si le poète de la Côte Est prend racine dans les gratte-ciel de Manhattan, à Greenwich Village, il reste fidèle à la nature de son enfance, à Silver Lake, dans le New Hampshire. Depuis la tombe n°748, au cimetière de Forest Hills, à Boston, le poète de l’avant-garde américaine influence la poésie mondiale, et la musique contemporaine, de Morton Feldman à John Cage, jusqu’au XXIe siècle.