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L’amour est un exil, Denis Donikian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

L’amour est un exil, Denis Donikian, Editions Actuel Art, 2024, 515 pages

 

Protéiforme, polymorphe, sont les termes qui s’imposent d’emblée à la lecture de la nouvelle parution de Denis Donikian, « Ce livre fou de tous les extrêmes », écrit-il par ailleurs à propos de ce livre. Avant tout, c’est une écriture, des écritures pourrait-on dire, qu’on reconnaît aisément quand Donikian manie l’oxymore, la contradiction et surtout le paradoxe, ces constants va et vient comme pour ne pas se laisser enfermer dans une affirmation, quelle qu’elle soit. Ces figures de style, ces jeux de mots (il aurait écrit maux…) sont vraisemblablement la concrétude que vit chaque exilé, fût-il de la deuxième génération. Donikian est né en France, durant la seconde guerre mondiale de parents rescapés du génocide. S’il n’a pas connu l’exil, il en a, en revanche intériorisé les conditions par la double culture dont il est dépositaire.

Aphorismes, poèmes, textes littéraires, argumentaires bourrés de contradictions comme pour éveiller le lecteur assagi, l’électriser et le parachuter dans l’inconfort de questionnements qui disent essentiellement l’absurdité de vivre et le cadeau inestimable qu’offre pourtant la vie.

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Poésie

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster, éditions Encrages & Co, Coll. Parallèles, juin 2024, trad. anglais, Béatrice Machet, 120 pages, 17 €

 

Coma Oklahoma

On a l’impression d’abandonner un monde ancien, l’enfance de Jennifer Elise Foerster, l’ombre de ses grands-parents à Jenks, dans le comté de Tulsa, comme les derniers éclats de la tribu amérindienne, la nation Muscogee : les légendes, les rites, les funérailles. À travers ses élégies, ses lamentations, ses chansons, cette terre de mémoire pourrait s’appeler Tulsa, dans l’État de l’Oklahoma, Tucson, Tupelo, Topeka :

Je vois nos cent soixante acres

Tamponnées sur le pays abandonné de Dieu,

Un toit de hangar emporté par le vent

Le Harki de Meriem, Mehdi Charef (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

Le Harki de Meriem, Mehdi Charef, éditions Hors D’Atteinte, mars 2024, 224 pages, 16 €

 

Le romancier et cinéaste Charef maintient la mémoire des siens, des gens de son pays. Après deux volumes – très beaux, très émouvants –, consacrés à l’histoire de sa mère et de son père (La Cité de mon père, et La Lumière de ma mère), il en consacre un tout entier au sort des harkis, Algériens au service de l’occupant français, haïs des Algériens lors de la guerre d’indépendance, haïs des Français qui vont les voir arriver en France après les accords d’Evian.

Le livre de Charef se concentre sur le personnage d’Azzedine, militaire pour les Français, sous les ordres de Masson. Il a épousé Meriem qui a été répudiée par son premier mari.

Le livre commence par l’histoire de leur fils Selim, brillant étudiant, tué lors d’une querelle avec des Arabes.

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Le Mot et le Reste

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart, Editions Le mot et le reste, juin 2024, 264 pages, 23 € Edition: Le Mot et le Reste

 

La voix en ses variations

Quoi de plus familier mais aussi de plus mystérieux que la voix ? Nous sommes habitués au timbre de notre voix, à son grain, à son phrasé ; on l’entend résonner en nous, d’une manière intime, entre diaphragme et oreille. Pourtant on ne reconnaît pas sa voix enregistrée qui nous semble bien étrangère. Et l’on n’a aucune idée de la façon dont les autres la perçoivent. Elle paraît semblable à notre visage, lui aussi si proche et si lointain que seuls les autres dévisagent véritablement. On sait que se voir dans un miroir reste une expérience des plus troublantes et trompeuses.

Alors qu’en est-il de notre voix et de celles des autres ? Il est des voix blanches, d’autres d’outre-tombe, parfois inquiétantes, certaines rocailleuses, graves, inaudibles, quelques-unes agaçantes, stridentes, quelques autres qui avalent les mots ou qui jouent des silences ou encore dont on boit les paroles.

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau, éditions La Part Commune, 107 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Marie Hélène Prouteau

 

Les plages de Marie-Hélène Prouteau

C’est une même terre que notre terre.

La Petite Plage cristallise cette conviction que grain de sable par grain de sable notre terre est un château unique, le nôtre, celui que donne à sentir, grain par grain, mot par mot, dans de belles pages, Marie-Hélène Prouteau.

Évidemment, notre œil brille et notre oreille se dresse si l’on est de Bretagne. Nos sens pourraient être autant en alerte si du Tibet, des régions indiennes d’Outre-Atlantique, de Chine ou de Vienne ou Buda. Peu importe car la Petite Plage est convexe, entre son ventre doux jusqu’au centre de tout, entre ses souffles d’abysses jusqu’aux estuaires du ciel.