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La Une Livres

Un garçon d’après-guerre, Jean-Luc Marty (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 07 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Un garçon d’après-guerre, Jean-Luc Marty, Mialet-Barrault Editeurs, janvier 2025, 320 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Marty

 

« Le temps restitué par Henri D. renvoie à un garçon d’à peine dix-sept ans incroyablement courageux. Le mien, à un homme que le corps insatiable, le goût pour les marges viriles, les multiples disparitions et l’impuissance au récit absentaient de toute présence familiale ».

Un garçon d’après-guerre est un roman du temps restitué par la mémoire, la photo, la parole, il conjugue tout cela avec une force rare dans l’art français du roman. Le narrateur est photographe, photojournaliste, il cherche le juste équilibre entre deux guerres larvées, la famine et le spectre du terrorisme islamiste qui ravage notamment l’Afrique. C’est à l’occasion d’une exposition de ses photographies à Angoulême, que la machine romanesque à remonter le temps va se mettre en marche, et par la magie blanche du roman, le restituer.

Gens de couleur, Henry Louis Gates Jr. (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 07 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman

Gens de couleur, Henry Louis Gates Jr., Les Éditions du Canoë, septembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Isabelle Leymarie, 368 pages, 24 €

 

Un enfant noir du Comté de Mineral

Gens de couleur est le récit de l’enfant « noir » que fut Henry Louis Gates Jr. (lauréat du Heartland Award du journal Chicago Tribune et du Prix Lilian Smith pour ce livre). Gates grandit à l’époque de la ségrégation raciale aux États-Unis, et se sent, lui et les siens, « comme si nous étions des bateaux se croisant dans une mer de gens blancs ». La couleur de peau est et reste un déterminisme pour celles et ceux porteurs de la couleur noire, catégorisés, figés et abandonnés à une communauté, refoulés tels des parias, et pire, assimilés à une « race ». Ici, le « colored boy » commence son existence à Piedmont, en Virginie-Occidentale, « ville industrielle sur le déclin typique, avec une infrastructure qui se délite et des habitants résignés à sa lente agonie [pourtant au] passé fier et brillant (…) ; ville d’immigrants. Le Piedmont blanc était italien et irlandais, avec une poignée de riches Anglo-Saxons à East Hampshire Street, et, partout ailleurs, des quartiers “ethniques” de gens de classe ouvrière, de couleur et blancs ».

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 06 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Roman, Folio (Gallimard)

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham, Folio policier, novembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Denise Nast, Marie-Caroline Aubert, 464 pages, 10,40 €

Ce livre publié pour la première fois en 1946 a toute une histoire. Porté une première fois au cinéma en 1947, sous le titre Le Charlatan, il fut à nouveau entre les mains d’un réalisateur en 2021, et reçut un accueil chaleureux du public sous l’appellation de Nightmare Alley. Les éditions Gallimard l’ont publié une première fois dans la Série Noire sous le titre Le Charlatan, et viennent de le rééditer en Folio Policier, sous la dénomination Nightmare Alley que l’on pourra traduire par Le Passage des Cauchemars.

Dans son intéressante préface, Nick Tosches nous raconte que l’auteur, William Lindsay Gresham, s’était engagé dans les brigades internationales pour lutter contre Franco, et en attendant son embarquement pour rentrer au USA, aurait bu des verres avec un dénommé Joseph Daniel Halliday. Ce dernier lui aurait raconté l’histoire d’un type que l’on surnommait « le geek », alcoolique au dernier degré qui pour pouvoir gagner sa ration d’alcool arrachait, dans un cirque, avec ses dents, des têtes de poulets et de serpents. Cette histoire hanta Gresham, alcoolique lui-même qui dans les années 1938-1939 écrivit son livre.

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne, Folio, 1977, trad. américain, Marie Canavaggia, 368 pages Edition: Folio (Gallimard)

Écarlate est ce roman, comme la braise qui scintille dans les yeux de la mère sous l’opprobre, et ceux de la fille dont on ne sait si elle est fille de Dieu ou du Diable. Cet ouvrage brûle les doigts et ouvre la route qui mène au torrent de lave incandescente qui irrigue la littérature gothique américaine. Ce roman est un moment-clé de la littérature d’Outre-Atlantique qu’il place à tout jamais sous le thème du combat du Bien et du Mal, du péché et du remords, du châtiment et de la rédemption.

Le génie de Hawthorne est de brouiller sans cesse les lignes, d’éviter radicalement le pathos de la lutte entre le Bien et le Mal pour nous emmener dans des territoires effrayants où la morale ne trouve plus ses repères. La tentation est forte de prêter aux Puritains inquisiteurs les pires penchants mais jamais dans le roman ils ne seront les seuls acteurs du Mal, de même que la femme qui subit l’infamie de la lettre écarlate ne sera – ni elle ni sa petite fille – l’incarnation pure du Bien. Les traits se mêlent, s’entortillent, en un combat douteux dirait Steinbeck, allant jusqu’à superposer les images symboles. Ainsi la madone qui prend forme dans la femme honnie et exposée à la vue d’un public hostile :

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Les léporidés qui s’habillent

Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.

« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.