À pas de loup…, Christine Schneider (par Yasmina Mahdi)

Mais avec des grands-parents aussi fantasques, tout est possible et tout est permis ! Ce « classique de la littérature jeunesse » ouvre les jeunes esprits sur un monde permissif, dans lequel, perroquet, boa, éléphant, singe, tigre, girafe, tous dotés de prénoms, trouvent naturellement leur place, compagnons de jeux et habitants attitrés de la maisonnée. L’on notera la progression de l’ombre, des lieux en contre-jour nimbés de bleu nuit, gamme sous laquelle d’autres couleurs de facture plus vive transparaissent, comme en glacis. La maison est magnifique, à la fois musée et zoo. Les grands-parents affectueux de Claire et de Louis sont dévoilés dans une lumière orangée, celle de l’éclairage ambiant intérieur.

Christine Schneider construit son texte à l’aide de phrases courtes, percutantes, de dialogues et de monologues courts. Un bruit étrange va réveiller la maisonnée et permettre aux petits lecteurs de découvrir un univers de rêve, rendu appétant grâce à la nuit. L’espace est architecturé par des portes, des couloirs, un escalier, des lits, des fauteuils, les murs sont ornés de tableaux encadrés, retransmis plastiquement soit en plongée, soit en perspective frontale. Neuf pleines pages ouvrent sur des scènes délicatement peintes par Hervé Pinel dans des teintes pastellisées, veloutées, où le blanc vif de la lune, le mauve, l’outremer et le noir apportent une lueur fantastique. Les tons assourdis n’empêchent nullement de voir les nombreux objets et détails décoratifs. Le tableau de la flaque de lait est particulièrement réussi, confinant à l’abstraction.

Ce joli petit livre d’art est un bijou qui a de quoi faire travailler l’imaginaire des tout-petits.

Dès 4 ans.

Yasmina Mahdi