Identification

Les Dossiers

André Kertész et Ludovic Degroote : le geste impossible du souvenir

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 11 Janvier 2013. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

 

A l’occasion de la parution de Monologue de Ludovic Degroote aux éditions Champ Vallon, collection Recueil, octobre 2012, 97 pages, 11,50 €

 

Octobre 1977. Le photographe André Kertész perd sa femme Élisabeth, qu’il a rencontrée près de soixante ans auparavant. Il va faire l’utilisation du Polaroid SX-70, explorant « les possibilités intimistes offertes par ce procédé novateur, très éloigné de la pratique classique : petit format carré (8 x 8 cm), en couleurs, développement immédiat et production d’une vue unique, sans négatif », comme le soulignent Annie-Laure Wanaverbecq et Michel Frizot.

Parallèlement, il découvre dans une vitrine un buste en verre qui l’intrigue. Suite à trois mois d’hésitation, il l’achète.

Promenade informelle dans le verbe de René Char

, le Jeudi, 10 Janvier 2013. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

L’espoir de ce récit et des réflexions qui le prolongent n’est évidemment pas d’apprendre quoi que ce soit aux familiers de la poésie de René Char (toujours susceptibles de m’en faire eux-mêmes découvrir quelque recoin), mais plutôt de m’adresser à ses lecteurs occasionnels. Je fais l’hypothèse qu’il s’en trouve d’intimidés par une langue sans concession et un lien pouvant être perçu comme difficile à faire entre la hauteur de visées énoncées sous une forme proche de fragments présocratiques et une sensualité omniprésente, et envoûtante. L’angle sous lequel je leur propose de m’y accompagner n’est qu’une entrée possible parmi de nombreuses autres, que j’ai d’abord voulue facile à emprunter.

 

Une chaude après-midi de l’arrière-saison, en Vaucluse ; nous étions allés déjeuner chez un couple d’amis. L’enclave d’Apt se resserrait sur elle-même sous un soleil qui la criblait, et avant de reprendre la route vers notre Sorgue, ma femme exprima le désir d’une promenade.

Cette fois, l’habituelle question-couperet « Où va-t-on ? » ne s’abattit pas sur notre communion en même temps que le claquement des portières.

Les échanges intellectuels Béjaïa-Tlemcen

Ecrit par Nadia Agsous , le Lundi, 07 Janvier 2013. , dans Les Dossiers, La Une CED, Documents

 

Même si les deux « perles du Maghreb », Béjaïa la Sanhajie et Tlemcen la Zenète, sont réputées avoir entretenu des relations politiques conflictuelles en raison de leur « situation géostratégique », il est cependant prouvé qu’elles ont eu des échanges culturel, scientifique, intellectuel et musical. Ces derniers ont favorisé « la constitution d’une tradition scientifique médiévale au Maghreb ».

C’est ce à quoi s’attache le beau livre Les Echanges Intellectuels Béjaïa-Tlemcen, réalisé à l’occasion de la manifestation culturelle : Tlemcen, Capitale de la culture islamique 2011.

Agrémenté de documents iconographiques de période étudiée, l’ouvrage regroupe dix-sept contributions d’universitaires algériens, français, espagnols et italiens. Structuré en cinq parties, il éclaire sur la nature des liens et des échanges entre Béjaïa et Tlemcen du XIIe siècle au XXe siècle.

Aux XIe et XIIIe siècles, des Tlemceniens ont séjourné à Bougie. Ils y ont étudié et/ou enseigné. D’autres ont occupé des fonctions administratives et/ou juridiques importantes. Abdelaziz b. Makhluf (1202-1286) était Cadi (juge de paix) à Bougie et fit la connaissance de savants tels que le bio-bibliographe, al-Gubrini (m. 1315) et al-Hirrali, « l’imam du Tassawuf » (soufisme), (m. 1240).

Du style tardif, Edward Wadie Saïd

Ecrit par Nadia Agsous , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

Du style tardif, Edward Wadie Saïd, essai traduit de l’américain par Michelle Viviane Tran Van Khal, éditions Actes Sud, Hors collection, septembre 2012, 320 pages, 25 €

Titre original : On late style, éditeur original Panthéon Books/Random House, Inc., New York, 2006

 

« Je considère le silence comme un aspect du style »

 

C’est vers la fin des années 1980 qu’Edward Wadie Saïd (1935-2003), intellectuel palestinien, théoricien et critique littéraire, s’est intéressé aux œuvres tardives de musiciens et d’écrivains. C’est ainsi qu’il consacra au thème du style tardif une série d’articles. Il donna également quelques conférences dans des universités et anima un séminaire en 1990. Il projetait d’exploiter ces matériaux dans un ouvrage. Cependant, en raison de sa disparition en 2003, le projet demeura inachevé. Quelques années plus tard, il fut confié au critique américain, Richard Poirier, qui supervisa le livre, et à Michael Wood qui orchestra le tout. L’ouvrage posthume fut publié pour la première fois en 2006.

Lumières

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 12 Décembre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

A propos de Camera Work dans la collection Photo-Poche 1983

 

Après la lecture des chroniques sur la photographie d’Hervé Guibert qu’il a fait paraître de 1977 à 1985 dans le journal Le Monde, j’ai appris beaucoup. Non seulement sur l’art de chroniquer, grâce à sa manière fine et libre, tout en faisant infuser le sentiment de partage de ce qu’il aime, mais aussi sur la photographie. Dans ce sens, je me suis procuré quelques livres de photographie, de celles que pouvait avoir vues et traitées Guibert dans ses chroniques, et moi aussi m’exercer à ce travail difficile sur l’image.

Ainsi, comment décrire la lumière sirupeuse et plastique de cette nature morte de 1908 du baron de Meyer ? Il faudrait un vocabulaire de glace, de givre ou de cristal pour redire la composition de ces quelques fleurs, pivoines ou nénuphars, qui gisent dans un petit peu d’eau au milieu d’une coupelle plate, laquelle se reflète sur un morceau de table en verre, qui répète la scène voluptueuse et ces deux fleurs qui se perdent dans un reflet aléatoire. Car c’est bien ainsi que la possibilité nous est donnée de dire quelque chose sur la photographie.