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Les Dossiers

La poésie et les notes d'Antoine Émaz : au plus près (1/2)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 12 Octobre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Caisse claire, poèmes, 1990-1997, anthologie établie par François-Marie Deyrolle, postface de Jean-Patrick Courtois, Points, collection Points. Poésie, 2007, 231 pages, 7,60 €

Sauf, encres de Djamel Meskache, Tarabuste, collection Reprises, 2011, 330 p., 13 €

Cuisine, publie.net, collection Temps réel, 2012, 240 pages, 3,99 €

Cambouis, publie.net, collection Temps réel, 2010, 268 pages, 3,49 €

 

Chaque poème d’Antoine Émaz est force percussive du peu, au plus près des choses, au plus ras du réel.

Il s’agit de dire ce qui est, précisément.

Le poème est os, le plus souvent, même si parfois il est coulée de boue.

Du théâtre divisionniste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Septembre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Manifeste pour les faits et objectifs de l’écriture théâtrale divisionniste.

 

Un théâtre divisé.

Coupé, assemblé par le jeu des euphonies, quitte à décaler le sens de tout discours.

Diviser ce que nous sommes est ce que le théâtre doit montrer.

Homme moderne, pris dans le flux coupé des séquences de l’information, dans la moiteur des humeurs et de son obscurité.

Et là un texte de théâtre qui prône des situations brèves, inachevées, sans rapports, et qui les appréhende violemment comme est violente la vie.

Sans exclure les grands mythes.

Sans perdre le courant épique de la grande histoire.

Torn curtain (Le rideau déchiré), Alfred Hitchcock

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 10 Septembre 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Côté écrans

côté écrans

Le rideau de fer :

Après La Mort aux trousses (North by Northwest), en 1959, Alfred Hitchcock surenchérit avec un autre film d’espionnage, Le Rideau déchiré (Torn Curtain) en 1966. C’est la poursuite du genre, le suspense, en tant que tel, mais d’une facture peut-être plus artistique – détails sophistiqués, camaïeux de couleurs, soins apportés aux costumes, aux accessoires… C’est une œuvre sans doute moins connue, moins adoptée par le public et les cinéphiles comme référence absolue. Le titre, énigmatique aujourd’hui, est sûrement perceptible pour les spectateurs des années 60, renvoyant à la séparation Est/Ouest, à la guerre froide et à une terreur historique.

Les glissements de scénario, les changements d’attitudes, de lieux, les brusques revirements affectifs, les faux-semblants amicaux sont à la fois plus tranchés, plus radicaux et plus troubles. Par exemple, entre l’espion américain passé à l’Est, le professeur Armstrong (incarné par le beau Paul Newman, un symbole masculin américain fort), et le garde du corps passé à l’Ouest, Gromek, (joué par Wolfgang Kieling), ayant séjourné dans un lieu précis des Etats-Unis qui cite avec nostalgie des souvenirs culinaires, campe un décor, tout un lien de connivences se tisse. Ces échanges humains scandent le parcours des deux hommes, de l’étroite surveillance diplomatique jusqu’au crime le plus odieux.

Interview de Claro, à propos de Tous les diamants du ciel

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 27 Août 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens, La rentrée littéraire

 

Il y a un côté très poétique dans la langue que vous employez. On a l’impression qu’il s’agit de vers mis en prose. Ça chante, ça danse. C’est très lyrique et en même temps très drôle, très imagé. Il y a aussi une certaine scansion dans la phrase. Est-ce une volonté délibérée ? Si oui, pourquoi ?

 

J’ai du mal à concevoir l’écriture comme quelque chose de désincarné. La langue est à la fois un allié et un ennemi. Un allié parce qu’elle est malléable ; un ennemi, parce qu’elle agit aussi contre nous, véhicule des lieux communs, se fige sans cesse. Je m’efforce donc d’écrire une langue qui soit consciente d’elle-même, qui puisse s’entendre dans son déploiement. La scansion est l’expression d’une nécessité physique de la langue. J’écris aussi en imaginant l’effet que peut et doit produire la langue sur le lecteur, je veux qu’il vive une expérience, pas seulement une lecture.

Portrait rouge - A propos de Roger Munier, Vision

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Juillet 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

Vision, Roger Munier, Editions Arfuyen, 2012, 80 p. 8,50 €

 

Il n’est pas nécessaire [...] de regarder l’analyse comme un exercice en soi, long, fastidieux, détaillé, rationnel. Car l’analyse n’est pas forcément cette approche globale, cette saisie totale et absolue qu’elle se donne souvent pour but. L’analyse peut être courte, fulgurante, intuitive. Elle n’a pas besoin de porter sur l’ensemble d’une œuvre pour être déterminante. Elle peut s’accrocher immédiatement à un détail apparemment secondaire ; elle est parfois le fait d’une rencontre inspirée, surprenante.

Pierre Boulez

 

J’admire Vision, le dernier livre de Roger Munier, car son idée du vide me touche beaucoup. À cause de cette vie provinciale que je mène ici actuellement où un simple oiseau dans l’écho de la rue, ou le bruit régulier du réveil dans le silence ouaté de la maison, l’odeur de pêche mûre, signalent que quelque chose passe en soulignant que cela disparaît et fait place au vide, à l’éclipse.