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Les Dossiers

Rencontre avec Antoine Gallardo de La Boucherie Littéraire

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 12 Avril 2016. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

La Cause Littéraire : Vous parlez dans votre prière d’insérer d’un « cheminement et un mûrissement des désirs qui placent la poésie contemporaine sur son billot », pouvez-vous en dire plus ?

 

Antoine Gallardo : Le cheminement et le mûrissement des désirs sont bien ceux de l’envie d’éditer, de publier sous forme papier, bref de faire des livres. Aujourd’hui dans le Luberon mais demain peut-être ailleurs. Ce sont les rencontres qui favorisent la création, guère le lieu. Les premiers projets de publication avancés sont nés en l’an 2000. Il s’agissait de publier essentiellement de la littérature jeunesse et des contes étrangers pour enfants impliquant des travaux de traduction, le travail d’illustrateurs et le désir de publier sous format papier sans faire de livre, au sens codex moderne du mot.

Résurgences sataniques (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Avril 2016. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Le Prince des Ombres n’est pas retiré des affaires. A s’en tenir à ses réapparitions itératives dans la littérature ou le cinéma, il faut bien reconnaître que le vieux Belzébuth exerce encore effets de terreur et de fascination sur l’imagination des hommes. L’Eglise l’avait tenu à bout de bras pour dociliser ses brebis et, si elle a perdu de son influence, la civilisation de l’image l’a amplement remplacée. A icône, icône et demi. On peut penser que ce fonds de commerce du Diable n’a d’autre sens que… le fonds de commerce justement. Mais le Diable a suffisamment fait escorte à l’histoire des hommes, suffisamment assisté à ses crises, insisté sur ses failles et brisures pour que nous nous permettions de balayer ses prestations récentes d’un mépris trop hâtif. Cette résurgence du nocturne démonologique dans notre société des images doit nous interroger : l’ombre qui refait surface à la lumière des discours de la Cité questionne toujours. Surtout dans une époque, la nôtre, où la Cité pare ses langages de toutes les apparences de la rationalité scientifique et organise ses métaphores autour d’une technologie toute-puissante. Cette floraison d’images nous interpelle du lieu même de son grand et régulier succès auprès des publics occidentaux.

Entretien avec Luc Baba, mené par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Mars 2016. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

Pour le lecteur qui vous découvre avec « Elephant Island », que faut-il savoir de votre passé littéraire ?

 

Rien. Il ne faut rien savoir. J’écris depuis l’âge de sept ans. Mon passé est littéraire, mon présent aussi. Mon nom est une marque, un logo. Ceux qui aiment Elephant Island s’informeront sur ce qui existe d’autre dans la même marque, et se feront une idée.

 

Existe-t-il un auteur ou un roman dont vous puissiez dire qu’il vous a donné, si pas l’envie, du moins l’impulsion pour à votre tour vous exprimer par la plume ?

 

Certains auteurs et certains livres me confortent dans le bonheur des mots, Giono, Gaudé, Gascar, Jules Vallès (L’enfant), etc. Mais ce sont les pouvoirs magiques de la langue et des mots eux-mêmes qui m’ont emmené sur la terre des romans, dans le sillage de rencontres humaines, de l’invraisemblable humanité, des pages de destin déguisées en hasards.

Entretien avec Bernard Pignero

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 14 Janvier 2016. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

Embruns paraît aujourd’hui aux éditions Encretoile. Quelle a été la genèse de ce roman ?

 

Quand une nouvelle ne fonctionne pas bien, quand, en particulier, elle appelle plus de développements, je l’utilise pour essayer d’en faire un roman. C’était déjà le cas pour Les mêmes étoiles, c’est à nouveau ce qui constitue la genèse d’Embruns. Quant à savoir ce qui était à l’origine de cette nouvelle dont je n’étais pas satisfait, il m’est impossible de le dire. Une nouvelle peut naître d’un mot, d’une réminiscence, d’un rêve… D’une manière générale, je ne pars pas d’un sujet précis, encore moins d’un plan. Ecrire, pour moi, c’est découvrir ce que je pense, ou plutôt ce qui n’est pas encore pensé et demande à l’être. Il m’est arrivé plusieurs fois de supprimer un premier chapitre qui n’avait plus sa place dans le roman qui était en train de s’écrire. Il m’avait pourtant servi de tremplin pour me lancer. Pour Embruns, les premières pages ont déterminé la suite. Elles étaient assez solidement ancrées dans une nécessité intérieure pour que tout le récit puisse s’y accrocher et se dévider naturellement.

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques Épisode 3 : Il faut savoir déraison garder ou Russell philosophe de l’amour

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 12 Novembre 2015. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

En 1900 (il a vingt huit ans), Russell publie La philosophie de Leibniz. Il a en effet repris à son compte le projet que le philosophe et mathématicien allemand avait entrepris dès le XVII° siècle : créer une langue logique universelle qui permettrait de réduire tous les raisonnements à des calculs afin que l’erreur disparaisse. Ne plus se tromper en rationalisant tout, voilà le rêve poursuivi par Russell jeune. Fi de l’intuition, du cœur et autres balivernes. Les mathématiques apparaissent comme le seul havre de vérité digne d’être recherché.

Vingt huit ans plus tard, son admiration pour le penseur allemand s’est tempérée. « Leibniz, dans sa vieillesse, écrivit à un de ses correspondants qu’une seule fois dans sa vie il a demandé à une femme de l’épouser, et alors il était âgé de cinquante ans. “Heureusement, ajouta-t-il, la dame demanda du temps pour réfléchir. Cela me donna également du temps pour réfléchir moi-même, et je retirai ma demande”. Il n’y a pas de doute que sa conduite n’ait été rationnelle, mais je ne dirai pas que je l’admire » (1).

Cette réserve n’est-elle pas étrange de la part de Russell tel que nous l’a montré l’épisode 2, partisan d’une « éthique rationnelle » ?