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Critiques

Observations sur la peinture, Pierre Bonnard

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 07 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Observations sur la peinture, janvier 2015, préface d’Alain Lévêque, introduction d’Antoine Terrasse, 72 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bonnard Edition: L'Atelier Contemporain

« Violet dans les gris.

Vermillon dans les ombres orangées,

par un jour froid de beau temps ».

Pierre Bonnard devient un instant le peintre aux agendas, notations précises et brèves, à chaque fois un ou deux mots pour dire le temps qu’il fait et le temps qu’il voit – la main du peintre. Beau, pluvieux, beau nuageux, mais aussi vent froid, beau frais, beau froid, ou encore couvert, et ces notations inspirées, précises et pertinentes : au-dessus de tout plane le climat de l’œuvre, ou, il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture, et plus loin, que le sentiment intérieur de beauté se rencontre avec la nature, c’est là le point. Pierre Bonnard le peintre aux mille dessins de poche  rassemblés dans ces petits agendas, à chaque jour son observation, son mot, son trait, à chaque jour sa courbe : corps, natures endormies – que l’on continue à nommer natures mortes –, un coin de table, un saladier, un vase, une tête de cheval, la mer, une voile, un chat, rien de plus, rien de moins. Pierre Bonnard maître des observations marines : son œil est ce sextant qui ouvre la voie à la toile.

Septembre, déjà, Pascal Boulanger

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 07 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Recours au poème Editeur

Septembre, déjà, octobre 2014 . Ecrivain(s): Pascal Boulanger Edition: Recours au poème Editeur

Initialement édité chez Messidor, en 1991, Septembre, déjà, de Pascal Boulanger, est aujourd’hui réédité chez Recours au poème Editeurs, éditions numériques dirigées par Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy, « extension du domaine de la poésie » selon les mots de Matthieu Baumier, dont l’enjeu significatif est de proposer une poésie de plus en plus vivante sur un support dynamique pour les poètes, afin de déplacer les frontières de leur visibilité.

Ecriture et pensée, poésie et spiritualité fondent l’œuvre de Pascal Boulanger depuis ces Premiers poèmes qui ouvrent sur le réel de nos parcours humains et fragiles, de l’enfance à l’adolescence, des premières amours à la quête de l’Amour, celui qu’on entrevoit peut-être dans la figure des Dieux « de passage » quand « on contemple leur voile blanc dans la nuit » ou celle d’un Christ rédempteur « Alliance, quand il marche sur l’eau ».

Alors qu’on touche au réel et peut-être même à une expérience intime, se déploient en douceur toutes les images de la douleur, du « fracas de la mer qu’on égorge » aux « oiseaux comme des cathédrales » ; le poète, témoin toujours de « ces écumes de tendresse » qui unissent le ciel et la mer dans une musicalité des émotions surgis de la mémoire la plus lointaine.

Carnet de retour avec la division Leclerc, Pierre Bourdan

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 06 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Histoire, Payot

Carnet de retour avec la division Leclerc, août 2014, 272 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bourdan Edition: Payot

 

La liberté revendiquée, pas à pas exaltée puis peu à peu reconquise… Mais en premier lieu grâce à des petits, des sans-grades, des « seconds couteaux », pour la plupart sans accréditation militaire et donc en pure provenance de la société civile.

En considérant l’attitude incontestablement collaborationniste d’une majorité de Français aux premières heures du second conflit mondial, la vérité d’une aspiration nettement démocratique et défendue seulement par un très petit nombre d’insurgés dépourvus d’armes ne saurait souffrir encore du diktat de l’amnésie entretenue. A la lumière du témoignage du journaliste français Pierre Bourdan sur le sujet de la libération du pays en 1944, remontent au grand jour, presque page après page, les contingences d’une réalité historique profondément escamotée, ainsi qu’elle pourrait se montrer pour la mémoire collective durablement désobligeante. Régulièrement alors, l’éblouissement occidental et militaire du débarquement allié gigantesque et finalement décisif, la massive mais tardive répression armée de l’ignominie nazie auront participé à ce « hold-up » d’un mérite libérateur et d’une gratitude bientôt empochés par les seuls professionnels de guerre. Une telle résolution édulcorante efface pourtant bien amèrement la part déterminante de ces anonymes et modestes acteurs du commun qui se seront consacrés avant cela, corps et âmes, dans une impitoyable lutte contre la barbarie hitlérienne.

Voyages, Philippe Djian

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 06 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Gallimard, Arts

Voyages, Coédition Gallimard/Musée du Louvre éditions, 200 pages, 70 ill., couverture illustrée, novembre 2014, 29 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

« Quand tu aimes il faut partir

Ne larmoie pas en souriant

Ne te niche pas entre deux seins

Respire marche pars va-t’en… »

Tu es plus belle que le ciel et la mer, Blaise Cendrars, in. Feuilles de route, 1924

 

Cet ouvrage accompagne l’exposition éponyme Voyages, que Philippe Djian a réalisée dans le cadre de l’invitation du musée du Louvre, avec le soutien de Louis Vuitton et organisée par Pascal Torres, commissaire d’exposition et Conservateur en chef du musée. Un voyage, entre un ailleurs des mots, pas seulement, un dessein de l’âme humaine, plus encore.

Quand vient le temps d’aimer, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Editions de Fallois

Quand vient le temps d’aimer (All the Hopeful Lovers). Traduit de l'anglais par Anne Hervouët février 2015. 332 p. 22 € . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

William Nicholson retisse sa toile – après nous y avoir pris dans « L’intensité de la vie quotidienne »*. Et c’est avec délice que nous nous y retrouvons captivés, captifs. Nicholson possède un art exceptionnel de faire du moindre sentiment humain, du moindre acte, de la moindre douleur, un événement notable, voire majeur, et d’en extraire ainsi le matériau d’une véritable « aventure ». Aventure ici est à prendre dans sa polysémie en langue française : procès incertain et qui engage et aventure sentimentale bien sûr, comme annoncé par le titre.

Belinda, Chloe, Meg, Jack, Alice, comme les billes d’un jeu de flipper, vont ainsi tracer des trajectoires erratiques, phalènes hallucinées par le feu, par le jeu de l’amour. Et, comme il se doit aux jeux de l’amour, ils vont s’y brûler les ailes. Passions, mensonges, oublis, trahisons, William Nicholson est un maître pour associer les ingrédients du tourbillon amoureux. Il est cinéaste et scénariste d’abord (il s’agit réellement de ses métiers premiers) et son écriture – à la fois linéaire et palpitante – en est évidemment le produit. Il possède l’art consommé du scénariste pour passionner avec peu de chose, pour faire une histoire avec des bribes – brûlantes certes – de la vie amoureuse.