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Critiques

Philida, André Brink

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 16 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Actes Sud

Philida, septembre 2014, traduit de l’anglais (Afrique du sud) par Bernard Turle, 371 pages, 23 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Actes Sud

 

Toute notre jeunesse, nos engagements, nos espoirs ; on est tous dans les livres d'André Brink, qui vient de refermer la porte...

 

André Brink – plus quelques autres ! – c’est pour nous tous, l’apartheid, ses sombres pages, et, un jour, la sortie de l’enfer. Mais, avant l’apartheid, nous dit Brink dans ce livre, il y a eu dans la lumière des terres, qui aujourd’hui s’appellent l’Afrique du Sud, l’esclavage. Et dans cet esclavage – fascinantes poupées gigognes – une Philida qui fut – mi-XIXème autant dire hier – l’ancêtre de l’écrivain qui retrouve avec elle comme un chaînon manquant de sa longue histoire.

Tous les livres d’André Brink sont littérature d’exception ; cris au-delà des malheurs, pour réunir les hommes. Celui-ci, particulièrement : tous les talents de l’écrivain, dans un des plus beaux portraits de femme que porte la littérature, et le vrai de l’Histoire.

Berezina, Sylvain Tesson

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 16 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits

Berezina, Ed. Guérin, janvier 2015, 200 pages, 19,50 €

 

Sylvain Tesson est un grand voyageur, et il a toujours tiré parti de ses voyages et aventures pour alimenter ses écrits, dans des genres divers : le récit de voyage, la nouvelle, les essais ou écrits plus intimes, les aphorismes. Dans Berezina, le prétexte est un périple de quatre mille kilomètres, de Moscou à Paris, du Kremlin aux Invalides, sur les traces de la Grande Armée. Un voyage fait en décembre 2012, deux cents ans après la terrible retraite. Les ingrédients sont habituels chez Tesson : la Russie, les grands espaces, la neige et le froid, la vodka pour se réchauffer. Et les amis.

Cinq hommes chevauchent des motos, des Oural, ou se cramponnent dans les side-cars. Ces « motocyclettes à panier adjacent » sont des éléments essentiels du voyage : outre le caractère folklorique et capricieux – et relativement dangereux – de ces engins, elles rendront le voyage assez court –13 jours – ce qui n’est pas habituel chez Sylvain Tesson, qui nous a souvent proposé des récits de longs périples. Départ de l’avenue Koutouzov à Moscou, réplique du bicorne de l’Empereur sur la tête, fanion impérial accroché au guidon, avec cette première envolée : « Rien n’aurait su nous dérouter de notre obsession : rentrer chez nous ».

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario, Amara Lakhous

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 14 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Italie

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario (Contesa per un maialino italianissimo a San Salvario) octobre 2014, traduit de l’italien par Elise Gruau, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Amara Lakhous Edition: Actes Sud

 

« E la nave va »

Enzo est journaliste. Il travaille sans réel enthousiasme pour un quotidien de Turin, songeant souvent à quitter le métier sans vraiment y parvenir. Enzo habite, comme l’auteur, dans le quartier de San Salvario où les populations de toutes origines se mêlent, non sans quelques frottements qui irritent vite et pourraient ruiner la relative paix sociale qui s’est installée entre ses habitants.

L’histoire de Gino, le petit cochon purement italien, supporter de la Juventus que Joseph élève sur son balcon, pourrait bien mettre le feu aux poudres depuis qu’il a été filmé se promenant tranquillement dans la mosquée du quartier. Qui est responsable de cette mise en scène et de sa diffusion ? Joseph s’est-il fait piégé ? En tout cas, l’évènement ne laisse indifférent personne, des musulmans qui fréquentent la mosquée aux xénophobes qui entendent bien défendre jusqu’au bout Gino, symbole des symboles d’une vraie italianité, en passant par les défenseurs des animaux et du bien-être animal.

Je ferai pousser des oliviers bleus, Jean-Pierre Artin

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 14 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Roman, Edilivre

Je ferai pousser des oliviers bleus, mars 2014, 330 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Artin Edition: Edilivre

 

L’édition de cette biographie romancée est l’aboutissement d’un rêve qu’a nourri l’auteur durant des années.

La vie de Jean-Pierre Artin, qui inspire celle de son personnage, est, on l’imagine en lisant son livre, avant même de servir de prétexte à ce livre, à elle seule tout un roman.

C’est le roman de la recherche de reconnaissance. Le narrateur, Alain Bobard, retrace, à la première personne, son enfance chaotique d’individu abandonné à la naissance par sa mère, recueilli par Marraine, l’infirmière ayant assisté à l’accouchement, puis, deuxième abandon, placé à l’âge de cinq ans par sa tutrice, qui trouve qu’il devient « encombrant », dans un internat, puis dans un autre… univers clos, secs, froids, ingrats, d’où les seules échappées sont des séjours aléatoires, plus ou moins réussis, sur l’île d’Oléron chez la mère et le beau-père de Marraine, laquelle, pour sa part, se désintéresse du garçon.

L’homme au complet gris, Sloan Wilson

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 13 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

L’homme au complet gris, janvier 2015, traduction (USA) Jean Rosenthal, 456 p. 17 € . Ecrivain(s): Sloan Wilson Edition: Belfond

 

« Le dessin particulier de cette craquelure attirait le regard des gens et, un jour que Tom et Betsy donnaient un cocktail, un des invités qui avait un peu trop bu demanda : “Dites-donc, c’est drôle. Vous n’avez jamais remarqué ce grand point d’interrogation sur votre mur ?

– Ce n’est qu’une lézarde, répondit Tom.

– Mais pourquoi en forme d’interrogation ?

– C’est une coïncidence.

– C’est quand même drôle”, conclut l’invité ».

L’homme au complet gris est l’histoire de cette craquelure, de cette fêlure dans la vie de Tom Rath, fêlure de la mort tragique de son père dont il ne sait finalement que peu de choses, fêlure de la guerre, – cette plongée armes à la main dans les ténèbres de l’Axe –, mais aussi de la trace de son amour italien trop vite oublié, comme si le rêve américain condensait et révélait toutes les fêlures de ses héros.