Identification

Critiques

Les cahiers d’un tueur, Gérald Grühn

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 30 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Les cahiers d’un tueur, TDO Editions, format Poche 2014 . Ecrivain(s): Gérald Grühn

 

Au départ, il y a une rencontre, celle de Thomas et de Thomas. Le premier (ou le deuxième) est un enfant avec des lunettes avec des verres comme des hublots, tenues par un gros élastique. Il partage sa vie entre son père et ses grands-parents. Le grand-père l’accompagne au bord du canal, le laissant pêcher alors que lui-même somnole sur un banc. Le deuxième (à moins que ce ne soit le premier) est un adulte à l’allure un peu bizarre : le crâne soigneusement rasé, ainsi que les bras, outre une réelle connaissance de la pêche, qui rapprochera les deux thomas, il a un métier caché, et pour cause : tueur à gages.

Thomas (le grand) a appris son métier dans les quartiers de Marseille, dont il a été amené à se retirer pour des raisons très professionnelles. Dans son genre, il est cependant parfait, ne laissant jamais derrière lui la moindre trace, variant consciencieusement les techniques employées, avec une méticulosité et une attention aux détails, mais aussi avec un détachement et une objectivité dépassionnée qui, malgré l’horreur qui peut exister dans ses actes, finit par susciter une certaine sympathie, pour ne pas dire l’inverse, une sympathie certaine, pour l’artisan soigneux qui conçoit ses contrats et exécutions avec l’humilité, la minutie et la maîtrise d’un ébéniste ou d’un joailler.

Amours, Leonor de Recondo

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Amours, Janvier 2015, 276 p. 21 € . Ecrivain(s): Léonor de Récondo Edition: Sabine Wespieser

« Un homme, au moins, est libre (…)

Mais une femme est empêchée continuellement (…)

Sa volonté, comme le voile de son chapeau

retenu par un cordon, palpite à tous les vents ;

il y a toujours quelque désir qui entraîne,

quelque convenance qui retient ».

Flaubert, Madame Bovary

Se plonger dans la lecture de ce roman constitue un moment littéraire intense mais aussi une sorte de voyage dans le temps. Léonor de Récondo nous y avait habitués avec son somptueux Pietra Viva (lire l'article) qui nous faisait marcher dans les pas de Michel-Ange s’apprêtant à créer sa Pièta. Elle possède un talent rare et précieux pour enchâsser le passé dans notre temps présent, pour faire revivre sous nos yeux de lecteurs des univers disparus, des êtres d’autrefois dans leur réalité vivante, vibrante, incarnée.

Tony’s Blues, Barry Wallenstein

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 29 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Recours au poème Editeur

Tony’s Blues, traduction de Marilyne Bertoncini, octobre 2014, 60 pages, 7 € . Ecrivain(s): Barry Wallenstein Edition: Recours au poème Editeur

 

2. Further Talk from Tony

Believe me this time,

The curse that runs its course

and comes back to singe its sender

is my idea of health, good fortune ;

a lesson learned from heat

is blazed forever

I’d like learn a lesson

and recover.

Petits oiseaux, Yôko Ogawa (2ème article)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mercredi, 28 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Japon

Petits oiseaux, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, septembre 2014, 272 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Yoko Ogawa Edition: Actes Sud

 

« Tous les chants d’oiseaux sont des chants d’amour ».

Dans son dernier ouvrage paru aux éditions Actes Sud, Yôko Ogawa pose la question : qu’est-ce qu’être soi dans l’insécurité sociale et familiale si la parole n’existe pas en tant que lien de sociabilité ?

Comment vivre, se construire si les racines de l’affiliation sont rompues ? La transparence aux êtres y serait-elle liée, si l’autre n’existe pas ? Dans Petits oiseaux, l’écriture est un monde en forme de cage qui offre néanmoins une part à la liberté qui nous convient, faisant de chacun de nous des oiseaux, sifflant des chants d’amour que personne n’entend mais que l’on comprend parfois, au travers de nos propres illusions… Il faut alors fusionner l’espace du silence et du temps de l’écoute (ou de la lecture !) pour retrouver peu à peu les mots oubliés dans l’espace de la psyché ; enjeu même de la distance toute japonisante du vivre ensemble et d’une double identification aux fonctions multiples, interrogeant l’acte de penser l’écriture, en tant que création d’une vision à la Max Ernst, du type Loplop présente :

Les buveurs de lune, Pierre Chazal

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 28 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Alma Editeur

Les buveurs de lune, juin 2014, 480 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Chazal Edition: Alma Editeur

 

 

Fin 2011, Paris, période de fin de règne sarkozyste, début du roman.

Les vagues générationnelles se succèdent, de plus en plus rapprochées, jusqu’à se bousculer. Un jeune de dix-huit ans en 2011 n’a plus grand-chose à voir avec un jeune du même âge dix ans plus tôt.

Plusieurs générations ayant chacune une vision du monde, une réflexion politique, une pratique sociale, des habitudes alimentaires, une culture artistique, littéraire et musicale, totalement différentes, se côtoient, cohabitent, se rencontrent, ne se comprennent pas, n’ont plus de points communs, n’ont pas les mêmes codes vestimentaires, ni le même langage, ne savent donc plus communiquer entre elles, s’opposent, s’affrontent dans un Paris où chacune a ses quartiers, ses îlots, ses propres repères.