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Critiques

Nous sommes tous des exceptions, Ahmed Dramé

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 02 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Récits, Fayard

Nous sommes tous des exceptions, octobre 2014, coécrit avec Sophie Blandinières, 180 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ahmed Dramé Edition: Fayard

 

Nous sommes tous des exceptions, le titre est alléchant. Il donne le désir de plonger dans le livre, d’autant plus que le sujet correspond tout à fait à l’air du temps.

Vous entrerez dans ce récit-témoignage avec une grande facilité et vous le lirez avec un réel plaisir. Ahmed Dramé trouve des mots simples, qui touchent et qui frappent. Le témoignage est d’un optimisme réconfortant et sa lecture rassure.

Tout le monde, quel que soit son âge, aime les contes de fée dans lesquels le héros triomphe de toutes les épreuves, de tous ses opposants avec l’aide d’adjuvants et d’une bonne fée qui le prend par la main. C’est ce qui se passe dans ce livre. Alors, embarquons-nous dans ce conte et tentons d’en déchiffrer les ingrédients.

Présentons tout d’abord le héros : à vingt et un ans, le jeune Ahmed Dramé fait un retour dans son passé et nous conte l’aventure qu’il a vécue il y a quelques années avec sa classe de seconde en section « Histoire des arts » au lycée Léon Blum de Créteil dans le Val de Marne. Il habite dans une cité HLM à Champigny-sur-Marne. Il cumule les handicaps. C’est un jeune noir de banlieue déshéritée.

Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire, Marc Villemain

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 28 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire, édité chez Maren Sell éditeurs, en attente d’une réédition (disponible sur Amazon ou autre site en ligne) . Ecrivain(s): Marc Villemain

 

 

Un futur si proche

Début janvier 2015, sortit en librairie, dans un climat polémique, le roman Soumission de Michel Houellebecq. En 2006, paraissait le premier roman de Marc Villemain, Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire. Deux politiques fictions d’anticipation, imaginant chacune le devenir de la France de 2020, dans l’ombre tutélaire de J.K. Huysmans, auteur du « sombre dix-neuvième siècle » selon Damien Sachs-Korli, l’un des deux narrateurs du texte de Villemain et sujet de recherche universitaire pour le héros de Houellebecq. D’une certaine manière, le roman de Villemain est inaugural à double titre, premier geste romanesque de son auteur et première méditation sur les destinées électorales du pays. La première, celle de Houellebecq, se rassurant elle-même, et la seconde, nocturne, vécue dans l’exil, la fuite.

Une histoire à tenir debout, Régine Salvat

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 28 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Jean-Claude Lattès

Une histoire à tenir debout, 299 pages, 18,30 € . Ecrivain(s): Régine Salvat Edition: Jean-Claude Lattès

 

Une traversée des apparences

Comment parler du livre de Régine Salvat sans évoquer l’émotion violente et incompressible qui nous étreint en le lisant, sans évoquer la présence à chaque mot, de RémY, pendant notre lecture.

RémY (avec un Y !), un être doté d’une grande intelligence, sensible, magnanime et qui a su gagner tant de combats contre sa maladie, à différentes étapes, pour apprendre à lire, à écrire, quand sa maladie l’entravait, qui a refusé le plus longtemps possible le fauteuil roulant, pratiqué l’aïkido et qui a décidé tel un samouraï de suivre cette éthique exemplaire qu’il admirait : « la droiture est le pouvoir de décider une certaine ligne de conduite en accord avec la raison, sans hésiter ; mourir lorsqu’il faut mourir, combattre quand il faut combattre ; “le courage est la vertu des héros…” c’est un réel courage de vivre lorsqu’il est juste de vivre et de mourir seulement lorsqu’il est juste de mourir ». Des phrases qu’il avait soulignées dans son livre préféré. « Rémy c’était mon Gandhi, et plus encore », disait de lui son ami Loïs.

Le Cut-Up de William S. Burroughs. Histoire d’une révolution du langage, Clémentine Hougue

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 27 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts

Le Cut-Up de William S. Burroughs. Histoire d’une révolution du langage, éd. Les presses du réel, Coll. L’écart absolu, octobre 2014, 416 pages, 26 € . Ecrivain(s): Clémentine Hougue

 

Clémentine Hougue propose dans son livre une généalogie du cut-up, en France, en Europe et aux Etats-Unis au 20e siècle, qui s’inscrit entre modernité, littérature, collage, peinture et radicalité. Le « cut-up » est inventé par William S. Burroughs (1914-1997) et Brion Gysin (1916-1986) à la fin des années 1950. Installé depuis 1954 à Tanger, où Burroughs rédige son opus magnum Le Festin nu, il est rejoint au printemps 1957 par Allen Ginsberg (1926-1997) et Jack Kerouac (1922-1969) qui l’aident à organiser les feuillets de son manuscrit.

Puis, il s’installe dans un petit hôtel, baptisé le « Beat Hotel » qui se trouve rue Git-le-Cœur, dans le 6e arrondissement de Paris, où transite la bohème américaine et où il crée alors un véritable laboratoire d’écriture. Il y retrouve le peintre et poète Brion Gysin qui travaille à l’époque sur des expérimentations de collages picturaux, y rencontre les poètes Henri Chopin (1922-2008), Bernard Heidsieck (1928-2014), Jean-Jacques Lebel (1936).

L’Âne mort, Chawki Amari

, le Jeudi, 26 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Maghreb, Barzakh (Alger)

L’Âne mort, novembre 2014, 180 pages, 13 € . Ecrivain(s): Chawki Amari Edition: Barzakh (Alger)

 

L’insoutenable légèreté de l’âne

Le journaliste, chroniqueur et écrivain algérien Chawki Amari signe avec L’Âne mort un roman de la maturité, permettant à son talent d’humoriste souvent noir de se déployer avec un mélange de dérision et de profondeur particulièrement intéressant. En revendiquant comme source l’Ane d’Or d’Apulée, désigné comme premier écrivain algérien de l’histoire, il place d’emblée son récit sous l’égide du grotesque et de la magie, de la sensualité et de la métaphysique, de la fantaisie échevelée et de la noirceur d’une analyse souvent critique du monde. C’est en effet par strates successives que se révèlent les sens de cette histoire rocambolesque, à travers les pérégrinations de trois jeunes gens et d’un âne, d’Alger aux montagnes de la Kabylie et retour. La formation de géologue de Chawki Amari donne en effet à ce récit l’allure d’une réflexion sur les lieux et le temps, sur la surface et les profondeurs enfouies, sur la présence au monde de l’animal humain qui le peuple, son insignifiance à l’échelle des temps géologiques et sa volonté d’exister et de donner sens à ses quelques décennies à passer sur terre.