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Critiques

Les Dessous Chics, Chroniques du courrier Picard 2005-2010, Philippe Lacoche

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 17 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Anthologie

Les Dessous Chics, Chroniques du courrier Picard 2005-2010, Éd. La Thébaïde coll. Au Marbre, octobre 2014, 343 pages, 20 € . Ecrivain(s): Philippe Lacoche

 

 

Relancées à l’automne 2014 avec leur parution en recueil aux éditions La Thébaïde, ces chroniques déclinées en morceaux choisis des Dessous Chics de Philippe Lacoche font leur effet rock’n’roll/blues décalé, avec leur tracé de la vie culturelle & nocturne picarde, pour les années 2005-2010. L’illustre « marquis » – statut revêtu chaque dimanche pour la chronique par l’écrivain et journaliste au Courrier picard – donne ici de sa plume stylée et vive, trempée dans l’encre d’une nostalgie ensoleillée. Pas moins de cent soixante chroniques ainsi sélectionnées dans Les Dessous chics, pour le plus grand plaisir des lecteurs et… adulées – adorées/fées lubriques et adorables – lectrices). Ces morceaux choisis se dégustent, mets d’un art littéraire et culinaire savoureux, traditionnel et festif, à la bonne table du bien-vivre.

Quelques femmes, Mihalis Ganas

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Lundi, 16 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Nouvelles, Quidam Editeur

Quelques femmes, février 2015, traduit du grec par Michel Volkovitch, 72 pages, 10 € . Ecrivain(s): Mihalis Ganas Edition: Quidam Editeur

 

Dans un style attachant et d’une grande sensualité, Ganas délivre avec ces seize scénettes à la gloire des femmes des pépites de vie, pleines de gaieté et d’une grande tendresse.

C’est la voix d’une femme jeune ou celle d’une plus âgée, ce sont trois sœurs qui veillent, ou une belle jeune femme russe attablée ou celle-ci encore qui a passé sa vie à faire le ménage chez les autres, mais toujours c’est le regard d’un homme étonné qui approche le féminin avec dévotion eu égard au mystère qu’incarne souvent la femme pour lui.

« Après les présentations, il marcha seul le long de la mer et tandis qu’il se rappelait son aspect et surtout son rire, devant quoi il se demandait ce qui riait le plus dans son visage, la bouche, les yeux, les cheveux, oui eux aussi riaient dans l’éclatante lumière de mai, soulevés par un vent léger, il eut les larmes aux yeux mais n’y prêta guère attention, car en ce temps-là, au milieu de ses épreuves, privé de la compagnie d’une femme depuis le début du monde ou presque, il avait souvent les larmes aux yeux quand il voyait une jolie femme, pas précisément jolie mais l’une de ces femmes “dont le berceau fut réchauffé par le souffle d’un saint et qui vieilliront sans jamais en arriver au point de mourir”, comme l’écrivit bien des années plus tard Blanche Molfessis » (in Cymothoé, tel devait être son nom).

Les paradoxes du lampadaire suivi de A NY, Marc Tison

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 16 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Les paradoxes du lampadaire suivi de A NY, textes, collages et photos de Marc Tison (autoédition) . Ecrivain(s): Marc Tison

 

Un recueil élancé, format vertical sur papier lisse et luisant comme une ville la nuit, un remix/réécriture d’un texte publié dans la revue collective « Numéro 8 » en 2008 suivi de A NY, remix/réécriture d’un texte publié par « contre-poésie » en 2011.

« La ville est une arythmie (…) constance de la règle : l’urbain bruit ». Magistralement rendue ici par Marc Tison, la ville, sa schizophrénie jour/nuit, ses monstres, ses perditions et ses « fausses nostalgies des solitudes paisibles/ Dans l’indifférence speedée des changements de métro ». Une langue qui claque, qui swingue, qui râpe et dérape sur le béton, le bitume, aiguillonne le lecteur, le pousse, le bouscule de boulevards rutilants en « sombres chemins de rescousses », de fantasmes en sordides réalités, sans jamais céder à la facilité d’un hymne bidon à une urbanité trop souvent à la limite du bidon elle aussi, au contraire l’auteur, lucide, nous livre la désintégration des romantismes/ Ravalement des façades à l’heure du dégueuli.

Les coqs cubains chantent à minuit, Tierno Monénembo

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Seuil

Les coqs cubains chantent à minuit, janvier 2015, 188 pages, 17 € . Ecrivain(s): Tierno Monénembo Edition: Seuil

Comment dire cela d’une manière simple et claire ? Il y a comme une double nature à ce onzième roman de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. C’est une lettre – pas un roman sous la forme imitée d’une lettre, non, c’est un récit romanesque pour ainsi dire classique, une longue narration qu’un Cubain nommé Ignacio Rodríguez Aponte, paumé et enfermé dans son île, adresse à un « ami » guinéen installé à Paris, du nom de Tierno Alfredo Diallovogui. Le récit est donc à la deuxième personne du singulier.

« Dans quel état seras-tu quand tu auras fini de lire cette lettre ? Prostré, hébété, hystérique ? Non, non… Plutôt muet, plutôt absent, perdu dans des pensées profondes et graves ; hiératique, marmoréen (une vraie statue maya) alors qu’un feu intérieur et vorace te dévore, viscères et âme. Granit angoissé, va ! »

De bout en bout, nous entendons la voix d’Ignacio et le silence de Tierno, et imaginons celui-ci tête penchée sur ce qu’il lit. A coup sûr, une lecture attentive, prenante, pensive car c’est rien de moins que l’élucidation du mystère qui recouvre les toutes premières années (décisives, comme on sait)  de sa vie et du sort de sa mère évaporée alors qu’il n’avait que cinq ans qui lui est livrée dans ces près de deux cents pages.

Dictionnaire de trois fois rien suivi d’un Dictionnaire de rien du tout, Marc-Emile Thinez

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Revues, Editions Louise Bottu

Dictionnaire de trois fois rien suivi d’un Dictionnaire de rien du tout, mars 2015, 70 pages, 9,50 € . Ecrivain(s): Marc-Emile Thinez Edition: Editions Louise Bottu

 

 

« Avaler v. tr. Avaler le français, le russe, l’anglais, avaler le chinois, avaler le basque et le volapuk, le bambara, avaler le sanskrit, l’occitan, avaler le tamoul, l’ukrainien, le finnois… voir vomissement. Tu as avalé ta langue ? demandait Jean quand par timidité je ne répondais pas, ou par entêtement ».

Après 140 au carré, Marc-Emile Thinez s’invite à nouveau dans la collection Contraintes des Editions Louise Bottu, et propose son petit dictionnaire, parce que le dictionnaire est le plus beau des livres (1) : Algèbre – contrainte en arabe –, à Zup – c’est la zone –, en passant par Ecriture – parole de nanti –, Histoire – Donner du sens au temps –, Musique – ne dit rien d’autre qu’elle-même – ou encore, Réforme – hantise des vaches et de certains veaux – mais aussi SOI-MEME – renforcement d’un soi qui en a bien besoin – ou VOILE – grille qui dissimule le visage, ou la réalité, selon le point de vue.