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Les Chroniques

Le rêve monstrueux d’une Algérie sans jambes, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 09 Juillet 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Les jambes de l’Algérie. Histoire de nos présents. D’un côté, un recteur d’Alger, devenu ministre de nos talibanisations en marche, soutient son agent de sécurité qui soutient les talibans contre les jupes courtes. La jupe courte est mal vue pour le nouveau ministre. C’est la source des séismes selon les salafistes, du mal selon les oisives, des sécheresses selon les passants et des fins de monde selon les Algériens qui tournent en rond.

De l’autre côté, la France, pays qui a trouvé son séisme sans bouger les fesses : une étudiante est chassée pour cause de jupe longue. Un journal fictif a même proposé d’échanger les deux femmes pour régler les problèmes.

Dans le reste du monde, la campagne d’Algériennes sur « mes jambes ne sont pas un crime », avec photos de jambes d’Algériennes, a fait le tour du monde. On a parlé de l’Algérie à partir des pieds, pas des mains. Au lieu de briller par la lumière, le pays brille par ses fanatismes. Mais la métaphore n’est pas épuisée : on a un Président assis, qui ne se lève pas et dont les jambes ne fonctionnent pas. Cela est arrivé à l’Amérique le siècle passé mais l’Amérique a gagné, pas nous. Jambes mortes, contre jambes nues. Les premières ne dérangent pas le ministre de l’Enseignement supérieur. Les jambes nues, si. Et l’agent de sécurité ?

A propos de "Presque l’oubli", Jean Maison

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 08 Juillet 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Presque l’oubli, Jean Maison, éd. Ad Solem, juin 2015, 80 p., 19 €

 

 

Une poésie du labeur


Le dernier livre de Jean Maison est constitué de trois parties égales par le style. L’ouvrage s’ouvre sur la partie la plus « animée » de l’œuvre, poèmes courts, voire très courts, qui saisissent une brindille, un brin, un tout petit quelque chose, le « presque rien » de la philosophie.

On y voit des ouvriers au labeur de la cueillette, des paveurs loués, sorte d’aubains de la campagne, qui flambent à la lueur des torches, les corvées inhérentes au travail des champs, des manœuvres confrontés aux questions de l’âme, parfois, de simples soldats/paysans et maçons/ [qui] marchent à la journée.

Carnets d’un fou, XXIX, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 06 Juillet 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert (…) »

Stendhal, La Chartreuse de Parme

 

« Qu’une administration de droite motivée par une cupidité insatiable, maintenue en place par des mensonges criminels et menée par un crétin imbu de ses privilèges puisse répondre aux idées infantiles que se fait l’Amérique des valeurs morales – comment accepterons-nous une situation aussi grotesque ? Comment parvient-on à se protéger d’une aussi insondable stupidité ? »

Philip Roth, Exit le fantôme

 

# De l’usage des exerga. On peut sans risque démesuré y substituer un mot à un autre… Ainsi, de « l’Amérique » de Philip Roth… À quel autre contrée pourrions-nous penser ?

Baccalauréat ! par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 02 Juillet 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Jadis, le baccalauréat avait son miel pur ! Il avait sa peur douce ne ressemblant à aucune autre peur. Une peur semblable à celle de la circoncision ! Douleur en douceur annonciatrice de la virilité ! Le bac nous faisait rentrer dans la cour des grands !! Et, il avait un bonheur sans pair, une sensation unique !

La veille du bac, la nuit fut longue. Très longue, à la longueur d’une année, un peu plus ! Dans l’oreiller de laine s’installent toutes les angoisses.

Le matin, avant de prendre le chemin du centre d’examen, je me sentais hanté par la crainte d’oublier quelque chose : la règle, le deuxième stylo ! La gomme, le crayon, la pièce d’identité ou encore la convocation…

Les candidats, sans exception aucune, étaient, en ce jour-là, bien habillés. En neuf ou en propre. Bien coiffés ! En chic. Les garçons comme les filles.

C’était un jour qui ne ressemblait pas aux autres.

On ne vit pas deux fois le bac !

Autres courants, Philippe Jaffeux

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 02 Juillet 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Autres courants, Philippe Jaffeux, éd. Atelier de l’agneau, 2015, 80 pages, 16 €

Je me retournai ensuite, et ayant

levé les yeux, je vis un livre qui volait.

Et l’ange me dit : Que voyez-vous ?

Je lui dis : Je vois un livre volant,

long de vingt coudées, et large de dix.

Zacharie, V - 1., 2.

Le Livre nombre

Je ne suis parvenu à déchiffrer la prosodie complexe de ce livre que vers la toute fin de ma lecture. Je résume le projet du livre : vingt-six lignes pour soixante-dix pages, équivalentes à 1820 phrases qui occupent un carré géométrique, voilà pour en finir avec la description physique de l’ouvrage. Si j’en crois la quatrième de couverture, le livre a été écrit par une dictée au dictaphone numérique, ce qui est intéressant à plusieurs égards, et notamment par le rapport chiffré de l’écriture – rapport « numérique » –, et aussi pour l’impression de souffle, de prise d’air, qui arrive à construire la phrase de bout en bout.