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Les Chroniques

J’entends des regards que vous croyez muets, Arnaud Cathrine (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Folio (Gallimard)

J’entends des regards que vous croyez muets, Arnaud Cathrine, Gallimard Folio, novembre 2020, 192 pages, 6,90 €


L’écrivain est – entre autres – celui qui observe et imagine tout à la fois : c’est ce que fait Arnaud Cathrine dans J’entends des regards que vous croyez muets, recueil de fragments qui doivent leur beau titre à Racine : c’est un vers de Britannicus, conjugué au présent au lieu du futur, suivant le conseil d’une amie de l’auteur.

Il s’agit d’une galerie de portraits : ceux de quidams que l’écrivain a croisés dans la rue, son voisinage, des restaurants, des cafés… – quand ces lieux n’étaient pas encore déserts à cause de l’impéritie politique – et qui happent son attention. Ils s’ouvrent le plus souvent sur des notations descriptives puis, de ces instantanés capturés furtivement, Arnaud Cathrine glisse vers la fiction, en inventant les vies de ces inconnus. Çà et là s’intercalent des fragments autobiographiques.

Météores, Stéphane Barsacq (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Météores, Stéphane Barsacq, éditions de Corlevour, septembre 2020, 196 pages, 15 €

 

Écrire avec

D’emblée, ce que l’on ressent à la lecture de Météores de Stéphane Barsacq, c’est la qualité brillante de l’expression. Son écriture relève du travail et de la finesse d’une phrase légère mais profonde, lumineuse mais grave, éclatante, dense. Cette luminosité – qui ne renonce pas à l’ombre toujours nécessaire au lecteur pour qu’il cherche en lui-même cette parole inquiétante, ombrée, intrigante, que l’obscurcissement détient en lui comme un secret palpitant – accorde assez d’intellection au texte pour y déceler la pensée de l’auteur, clarté où tournoie, plonge cette littérature, ainsi qu’en un milieu aqueux. On pérégrine dans ce livre à la manière d’un voyageur embarqué sur un petit esquif, muni d’un lamparo. On ajoute pour soi une phrase à tel aphorisme, conduit vers des auteurs ou des musiciens pour reprendre souffle avec sa propre connaissance des textes ou des musiques, se dédoublant un instant du contenu pour ajouter le sien propre. Et c’est là pour moi une réussite dans la mesure où l’énonciation reste meuble, s’adapte, se dilate et grandit la pensée.

Échange épistolaire avec l’écrivain et professeur des universités, Jean-Michel Devésa (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 12 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

à l’occasion de la parution de Scènes de la guerre sociale (Le Bateau Ivre), et Lire, voir, penser l’œuvre de Jean-Philippe Toussaint, Colloque de Bordeaux (Les Impressions Nouvelles)

 

Philippe Chauché, La Cause Littéraire : Les éditions Le Bateau Ivre publient votre journal du Mouvement des Gilets Jaunes, votre roman bordelais sur ces samedis, où vous étiez des cortèges et des défilés. Comment est né ce projet tout d’abord lisible sur les réseaux sociaux, avant de devenir un livre ?

Jean-Michel Devésa : L’universitaire et désormais le romancier n’ont jamais cessé d’agir en citoyen et en militant, et – pour m’exprimer selon la langue et la symbolique qui sont les miennes –, en camarade (sans carte ni organisation depuis des lunes). Cela étant, j’en viens sans plus tarder à votre question.

Έπιγράμματα, Travaux et jours dans la Grèce antique, Bernard Plessy (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Essais, La Une CED, Histoire

Έπιγράμματα, Travaux et jours dans la Grèce antique, Bernard Plessy, éditions Paradigme, juin 2020 (édition bilingue), 96 pages, 9,90 €

 

La vie ! La vie !

 

« Ces gens ordinaires ont fait un peuple extraordinaire »

Bernard Plessy

 

Dans une collection originale et rare – nous en reparlerons – voici un ouvrage mieux que plaisant, délicieux, exceptionnel ! Si l’on souhaite recevoir des images fidèles de l’homme et de la femme grecs durant l’antiquité, hommes et femmes du peuple, appartenant à la vie rurale, au monde du travail, des images aussi de la façon dont ils pensaient leur existence, de la façon dont ils se voyaient, il les offre à profusion.

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Critiques, La Une CED, Poésie, Japon, Arfuyen

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku, Arfuyen, septembre 2020, trad. japonais, Alain Gouvret, 161 pages, 16 €

 

Le poète et ses chimères

Le défaut inhérent et impossible à circonscrire de ma chronique relève de l’analyse forcément ethnocentrée, que je ne peux entreprendre que par le biais du monde référentiel de ma culture européenne. Bien sûr je connais la littérature, le cinéma et l’art graphique du japon – et quelques sentiments très forts au sujet de l’acteur de kabuki, que m’enseigna mon professeur Georges Banu à Paris III –, il reste que je ne conçois cet univers oriental que par le prisme de la traduction ou des sous-titres, seuls vraiment capables de me rendre accessible cet ensemble de signes. Nous connaissons tous le débat autour de L’empire des signes. Mais dans le même temps, cet ethnocentrisme pourrait être un avantage pour parcourir le journal de ce poète maudit de l’archipel nippon, comme enrichissant le spectre et l’épaisseur de ce personnage capiteux.