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Les Chroniques

Poèmes de transition 1980-2020, Branko Čegec (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Poèmes de transition 1980-2020, Branko Čegec, L’Ollave, Domaine croate/Poésie, octobre 2020, trad. croate, Vanda Mikšić, Brankica Radić, Martina Kramer, 144 pages, 15 €

 

Univers, construction d’univers

Mon sentiment à l’égard de cette publication en français du poète croate Branko Čegec a été duel : d’un côté, par un désir d’examen, car je cherchais par quelle arrête littéraire je pourrais trouver le cœur de la construction de cet univers, puis, en renonçant à m’occuper de généralités et passant outre le peu de connaissance que j’avais des lettres croates, je me suis senti désigné par ces poèmes au fur et à mesure, d’autant que le style du poète a évolué entre 1980 et 2020. Les derniers recueils sont proches, pour moi, des grands littérateurs de la partie Est de l’Europe, poésie maîtresse, de Hikmet ou de Rítsos. Et pour confidence, je trouve chez ces deux derniers auteurs la vraie question du poème : donner vie, montrer la vie, se faire vie.

La Styx Croisières Cie - Décembre 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 22 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

* Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

* Ère Samuel Paty. An I

Tu veux expliquer aux enfants la pensée et le dire libres. Alors « La religion » te saisira au cou et te décapitera sur un trottoir. Citoyen libre, sache à quoi t’attendre !

« L’éventail

Cache la rougeur des filles

les yeux coquins, le soupir profond,

le sourire amer et enfin les rides.

Papillon posé sur les seins,

Palette d’amour

Couleur de souvenirs oubliés »

Je me transporte partout, Jean-Claude Pirotte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 21 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Je me transporte partout, Jean-Claude Pirotte, Le Cherche Midi, octobre 2020, 750 pages, 29 €

Les maints carnets de la mort

Que de choses à dire sur cette anthologie complexe et profuse de Jean-Claude Pirotte, tout autant à cause du nombre de poèmes du recueil, que par l’expérience de lecture qui en découle. Quelques lignes simples, et je crois insuffisantes, pourraient au mieux faire partager ce qui a été ma pérégrination dans ce gros ouvrage, et les temps différents qu’il traverse (poèmes produits entre avril 2012 et février 2014). Je ne pouvais guère que tailler dans l’aubier, si l’on m’autorise cette métaphore arboricole. Mais il me fallait atteindre au principe essentiel de mon sentiment, sans pouvoir accéder à une exhaustivité du livre ni du parcours de Pirotte durant les derniers mois de sa vie, ou encore qui m’accompagnait en ces longues journées à lire et prendre des notes au porte-mines parmi cette belle collection de textes. J’ai d’ailleurs interrompu ce travail au milieu des 5000 poèmes inédits qui me demandaient une vraie force d’attention, pour écrire une autre chronique, sorte de point d’orgue de ce voyage vers la poésie et la mort. Reprenant le cours de cette étude, bien vite je suis revenu à mon idée centrale : ces poèmes inédits sont une cathédrale, une espèce de « capitale de la douleur » dont le point focal reste la souffrance due au cancer, et dont l’esprit capital se résumerait brièvement par beaucoup de quatrains, de sonnets, de strophes rimées, parfois irrégulièrement, ou encore par un rythme d’octosyllabes.

La nuit shakespearienne et le cinéma de Kurosawa-I (par Augustin Talbourdel)

Ecrit par Augustin Talbourdel , le Mardi, 19 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, La Une CED


Narration de l’apocalypse et apocalypse de la narration

dans Le Château de l’araignée, Les Salauds dorment en paix et Ran


Prologue

Nul ne s’est mieux aventuré dans la nuit shakespearienne qu’Akira Kurosawa ; nul ne l’a plus profondément sondée non plus. Le réalisateur japonais a composé, avec Le Château de l’araignée (1957), Les Salauds dorment en paix (1960), et Ran (1985), un triptyque cinématographique inspiré de trois chefs-d’œuvre de Shakespeare : Macbeth, Hamlet et King Lear.

Tout peut commencer à trembler, Lucien Noullez (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Tout peut commencer à trembler, Lucien Noullez, éd. de Corlevour, avril 2020, 96 pages, 16 €

 

La poésie m’apprend que j’appartiens aux autres

Lucien Noullez

 

La banalité, l’infini

Lucien Noullez semble un être fragile parce que sa poésie est frémissante, simple, évanescente et fugitive, car les objets qu’elle saisit sont simples, frémissants. Elle est aussi lyrique et sans emphase : cantilène, chant, musicalité de forme sonate, harmonies de motets ou de madrigaux, en bref une musique intime et directe.

C’est ce balancement de la chose poétique qui va aux événements ordinaires, cette hésitation entre le profane et le sacré, cet exercice difficile de la banalité et de l’infini qui m’a saisi tout entier. En effet, j’y ai vu l’infinie intelligence des petites aventures banales de la vie de tous les jours, ressaisies par une description de l’immanence littéraire des choses et des récits du quotidien, sorte de poèmes du Je-ne-sais-quoi et du Presque-rien.