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Les Chroniques

La Styx Croisières Cie Novembre 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 06 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« Pour ne pas insulter aux croyances ou au labeur des autres, pour qu’ils ne m’accusent ni de sécheresse ni de fainéantise, je me suis lancé dans le Désarroi (*) jusqu’à en faire une forme de piété ».

« Le spermatozoïde est le bandit à l’état pur ».

E.M. Cioran, Syllogismes de l’amertume

Lµ-1. Cioran est un visionnaire doublé d’un sage. Il remonte à l’origine, au spermatozoïde. Pourquoi ne cite-t-il pas l’ovule, sa (*) partenaire, sans qui rien ne serait possible de cette abjection de l’humain ? Sans doute parce qu’il ne veut pas accabler le féminin, violé et torturé à l’envi, sous l’emprise constante des grands mâles de toutes les couleurs, patriarches pédophiles, misogynes, têtes creuses, mais élevés en maîtres absolus du monde, n’eussent-ils que deux, ou vingt ans et quatre neurones !

L’arrestation, Derrida-Kafka, Jean Esponde (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

L’arrestation, Derrida-Kafka, Jean Esponde, éd. Atelier de l’Agneau, février 2020, 154 pages, 18 €

 

Fiction, roman épistolaire, journal de bord, prose autobiographique, essai, critique littéraire – ce roman protéiforme brasse un peu et en un livre ces genres dans une dynamique réflexive qui nous embarque dans un récit initiatique, à l’aune du miroir de la littérature romanesque, surtout lorsqu’elle s’exerce en période historique de crise.

L’arrestation de Jean Esponde (qui a déjà écrit des livres concernant Rimbaud, la Corne d’Afrique et le désert afar, Segalen et la Chine, Héraclite et la Grèce ancienne, Barthes… où des cycles s’enchaînent, prose et poésie se nourrissant et avançant parallèlement) se situe dans l’ère du juridique, dans laquelle notre société s’englue progressivement jusqu’à menacer les libertés individuelles. Cet aspect est signalé dès le choix du titre, dans les citations de Kafka et Derrida en exergue, dans les propos du roman et la présence de l’auteur tchèque et du penseur français.

La folle de la porte à côté, Alda Merini (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Arfuyen

 

Déconstruction

Aborder le continent de la folie et son escorte de vocabulaires, de pathologies, de lieux d’asile, et cela en relation avec la création littéraire, n’est pas une tâche aisée, univoque, définitive, mais qui évolue et reste ouverte. Et même si le masque du fou, de la folle, relève souvent de préjugés, d’images d’Épinal, ce qui arrête l’analyse aux premiers cris de souffrance ou aux réactions inappropriées, il ne faut pas cesser d’analyser, de regarder de près en quoi la folie se marginalise auprès de la société et dans l’œuvre littéraire. Ainsi, le rôle du lecteur – pour le cas qui nous occupe – doit s’infléchir et chercher en quoi cette différence fait différence, en quoi cette locution spécifique fait irruption avec son cortège de ruptures, de grandes arêtes symboliques, de grands traits d’expression. Car cette insanité mentale n’exclut pas une vision du monde. Voire un monde décrit depuis la folie. Pour moi, ce livre, qui permet au lecteur français d’aborder le travail poétique d’Alda Merini, est d’abord et en somme une affaire de déconstruction.

La mère Michel a lu VII - Automne-Hiver 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 18 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Chroniques régulières, La Une CED

 

« La mère Michel a lu un livre ! Au lieu de faire son ménage ? Eh bien, c’est pour ça qu’elle l’a perdu son chat ! »

Denis Diderot, Billet à Sophie Volland (collection Privée)

 

I- L’Atelier Vincent Rougier

L’Atelier Vincent Rougier existe depuis près de trente ans (1991). Il est établi à Soligny-la-Trappe, dans l’Orne. Ce nom nous vient du Haut Moyen-Âge (Solinelum, attesté dès 1091) et de son abbaye cistercienne, monastère des moines Trappistes. Il s’y publie deux collections de recueils de poésie : Ficelle et Plis Urgents, soit respectivement 142 et 57 parutions.

Emily Dickinson, la poésie car c’est l’immensité (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Vide à emplir de félicité,

Vide à emplir de dédain.

(E. Dickinson, Poems 113)

 

Dans sa lettre-préface à l’anthologie de Cent dix-sept poèmes d’Emily Dickinson par lui choisis et traduits, Philippe Denis évoque l’évasive Emily, certes distante mais « bien , c’est-à-dire au-devant d’elle-même, où nul ne la rejoindrait »… Dans cette course-poursuite, où le poète-traducteur a été d’abord « comme un coureur tentant de battre je ne sais quel record sur une piste détrempée », il s’agit assurément d’adaptation – ardue, respectueuse, passionnée – et non d’un effort appliqué de « calque » (Chateaubriand, sur sa version de Paradise Lost), à laquelle un angliciste trop sérieux trouverait sans doute des limites.