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Les Chroniques

Le fil et la trame suivi de Par quels secrets passages, Danièle Corre (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 10 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Le fil et la trame suivi de Par quels secrets passages, Danièle Corre, éditions Aspect, 2020, 110 pages, 17 €

« Tenir le fil de nos trames / qui parfois nous lâche », écrit la poète Danièle Corre, qui nous rappelle que le poème peut être ce recours existentiel pour « calmer la blessure ». Si le temps peut ravauder les carences, le manque, les « trous » qui forment les cahots de notre cheminement (« Les doigts courent / vers le fil de leur folie /ils connaissent / leur néfaste puissance »), seul le poème évite l’effondrement au bord du « vertige » sur le fil duquel nous (re-)tenir pour avancer « le cœur criblé ». La navette des mots tisse le patchwork de nos fragments d’existence, que le Langage poétique recoud, tisserand d’une « toile de résistance » à portée de nos voix quand elles entreprennent – à l’instar de la fleur rimbaldienne dans Aube – de dire le nom du Vivre vrillé au sens d’une quête initiatique. Encore faut-il amorcer notre avancée existentielle sur le bon chemin, celui qui impulse l’élan et soutient la dynamique de nos marches où « chaque pas te donnera vigueur / chaque geste nommera la joie », loin des « chemins des douaniers / où la mer rôde / dérobant sa puissance au vent, / redoublant l’immensité », loin des sentes trompeuses « posant sur la bouche / un bâillon d’ombre (la « bouche d’ombre », écrivait Rimbaud) / qu’il te faudra arracher ».

Une terre où trembler, Hélène Fresnel (par Eva Philippon)

Ecrit par Eva Philippon , le Mercredi, 09 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Une terre où trembler, Hélène Fresnel, Editions de Corlevour, février 2020, 112 pages, 16 €


Une âme en quête d’alliance

Figurant dans la sélection finale du Prix Guillaume-Apollinaire Découverte, pour son premier recueil, Une terre où trembler, édité aux éditions de Corlevour, Hélène Fresnel sublime une rupture amoureuse tant par l’architecture très minutieuse de son ouvrage que par la force sidérante de ses images.

Une terre où trembler se présente comme un cycle en trois temps de poèmes resserrés, taillés à vive arête dans l’informe de la douleur née de l’absence et de la perte de l’homme aimé. Un « je » labile et protéiforme, fondant souvent sa solitude dans un « nous », s’adresse à celui qui est parti, l’Absent, dont le mutisme creuse une béance dans laquelle ne peut que s’engouffrer la souffrance. Cette voix esseulée, bordée du silence blanc de la page, s’évertue à trouver, au fil d’un trajet de cinq années, « un je ne sais quoi de stable / Au-delà des fractures ». Ce vers à l’orée du recueil dit toute la fragilité de l’entreprise.

Chair papier, Juliette Brevilliero (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Editions Galilée

Chair papier, Juliette Brevilliero, éditions Galilée, septembre 2020, 96 pages, 12 €

 

Inclusion

Je ne souhaite pas débattre de l’intérêt de l’écriture inclusive sur la qualité de l’expression qui pourrait en découler. Ici, avec ce recueil somme toute un peu étrange, je crois que le mot « inclusion » donne à penser en quoi écrire est une aventure du dedans, et qui rencontre parfois ou qui narre la relation de l’écrivaine à la physiologie, au caractère aqueux de ses métaphores, ou à une écriture-femme. D’ailleurs, cette dernière n’est pas qu’un concept féminin, mais celui aussi du chercheur et poète Philippe Tancelin qui concluait il y a quelques années à l’existence d’un « elle » (d’un L, d’une aile) dans l’écriture, donc une écriture-elle.

Avec les poèmes de Juliette Brevilliero, l’on côtoie la sécrétion, la cavité sexuelle, la force nerveuse et biologique du corps. Cette inclusion, ce détour par l’intérieur du corps, expression valvulaire, où l’on suit le mouvement d’une invagination qui décrit une tension de ce qui inclut la matière du doigt dans un gant, puis qui reconduit le gant à sa forme initiale, cette opération vise à inclure le corps dans l’écriture. Est-ce une tentative pareille à celle du corpoème de Jean Sénac ? Je ne sais.

Les livres, gouverneront-ils un jour ? (par Amin Zaoui)

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 07 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Bien que la lecture soit rare, bien qu’elle soit élitiste et bien que les institutions chargées de la lecture, dans notre pays et dans la région, soient fragiles et vides, le livre fait peur aux ennemis des lumières. Une magie. Un génie. Le livre détient une force extraordinaire. Et c’est sans doute à cause de cette force inépuisable qu’incarne le livre que toutes les grandes religions terrestres ou célestes, grandes par leurs violences ou par leurs sagesses, ont choisi « le livre » pour en faire leur Histoire et leur légitimité.

La lettre est une bombe ! Un mythe.

L’Histoire humaine nous relate les différentes peines et sanctions que les livres ont endurées à travers les temps. Les livres dans toutes les langues. Les bons livres.

Dès que les livres intelligents bousculent le fanatisme religieux dans les interprétations des Livres sacrés, les porteurs de ce fanatisme ne reculent point pour commettre le crime abject et avilissant : jeter les livres des philosophes, d’écrivains littéraires, d’historiens au brasier !

Héros ordinaires, Six destins hors du commun, Anne Terral, Sébastien Vassant (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 04 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Jeunesse

Héros ordinaires, Six destins hors du commun, Anne Terral, Sébastien Vassant, La Martinière Jeunesse, octobre 2020, 48 pages, 16 €

 

Démiurges anonymes

Sébastien Vassant, auteur français de bande dessinée, illustrateur, né à Thiais en 1980, diplômé de l’École Supérieure des Arts St-Luc de Liège, a créé avec Thomas Cadène « le plus petit et plus informel festival de bande dessinée du monde (PPPIFBDM) ». S. Vassant a par ailleurs obtenu avec Benjamin Stora le Prix BD du livre politique pour Histoire dessinée de la guerre d’Algérie. Anne Terral, née à Toulouse en 1970, vivant à Paris, est titulaire d’un DEA de Lettres Modernes de l’Université Toulouse-Le Mirail, d’un DUT Métiers du Livre de l’Université Michel-de-Montaigne, Bordeaux III, et auteure de romans, de fictions radiophoniques et de livres jeunesse. En 2009 elle a pris le statut d’éditrice indépendante.